Citations et extraits

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

Paul CÉZANNE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À propos de son besoin de certitudes religieuses :

 

« Je m’appuie sur ma sœur, qui s’appuie sur les jésuites, qui s’appuient sur Rome. » « Ces gens-là sont très intelligents, et ils comprennent tout. »

 

« Je me recommande à tes prières, car une fois que l’âge nous a atteints, nous ne trouvons plus d’appui et de consolation que dans la religion. »

 

Paul CÉZANNE, Lettre à sa nièce, 16 mai 1899.

Paru dans Correspondance, recueillie par

John Rewald, Paris, Grasset, 1937.

 

Recueilli dans Les créateurs et le sacré,

par Camille Bourniquel et

Jean Guichard-Meili,

Cerf, 1956.

 

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Un artiste, voyez-vous, il n’y a ni gloire ni ambition qui compte pour lui. Il doit faire son œuvre parce que le bon Dieu le veut, comme un amandier fait sa fleur... comme l’escargot fait sa bave.

 

Paul CÉZANNE.

Rapporté par E. JALOUX,

L’Amour de l’art, décembre 1920.

 

Recueilli dans Les créateurs et le sacré,

par Camille Bourniquel et

Jean Guichard-Meili,

Cerf, 1956.

 

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La nature vue, la nature sentie, celle qui est là (il montrait la plaine verte et bleue), celle qui est ici (il se frappait le front) qui toutes deux doivent s’amalgamer pour durer, pour vivre d’une vie moitié humaine, moitié divine, la vie de l’art, écoutez un peu... la vie de Dieu.

 

Paul CÉZANNE.

 

Propos rapportés par Joachim GASQUET

dans Cézanne, Paris, Bernheim jeune, 1921.

 

Repris dans Les créateurs et le sacré,

par Camille Bourniquel et

Jean Guichard-Meili,

Cerf, 1956.

 

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Je veux, moi, me perdre en la nature, repousser avec elle, comme elle, avoir les tons têtus des rocs, l’obstination rationnelle du mont, la fluidité de l’air, la chaleur du soleil. Dans un vert, mon cerveau tout entier coulera avec le flot séveux de l’arbre. Il y a devant nous un grand être de lumière et d’amour, l’univers vacillant, l’hésitation des choses. Je serai leur olympe, je serai leur dieu. L’idéal au ciel s’épousera en moi. Les couleurs, écoutez un peu, sont la chair éclatante des idées de Dieu. La transparence du mystère, l’irisation des lois.

 

Paul CÉZANNE.

 

Propos rapportés par Joachim GASQUET

dans Cézanne, Paris, Bernheim jeune, 1921.

 

Repris dans Les créateurs et le sacré,

par Camille Bourniquel et

Jean Guichard-Meili,

Cerf, 1956.

 

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Les artistes, aux vieux temps, étaient les maîtres d’enseignement de la foule. Tenez, vous voyez Notre-Dame là-bas. La création et l’histoire du monde, les dogmes, les vertus, la vie des saints, les arts et les métiers, tout ce qu’on savait alors était enseigné par son porche et ses vitraux. Comme dans toutes les cathédrales de France, d’ailleurs. Le moyen âge apprenait sa foi par les yeux, comme la mère de Villon... le paradis où sont harpes et luths.

 

C’était la vraie science, et c’est tout l’art religieux. Ce que l’abbé Tardif, votre ami, dit qu’on trouve dans saint Thomas, le peuple le cherchait dans les statues du portail, à son église. Cet ordre, cette hiérarchie, cette philosophie, allez, ça valait la Somme et pour nous c’est plus vrai, puisque c’est plus beau et que nous le comprenons encore sans efforts.

 

Paul CÉZANNE.

 

Propos rapportés par Joachim GASQUET

dans Cézanne, Paris, Bernheim jeune, 1921.

 

Repris dans Les créateurs et le sacré,

par Camille Bourniquel et

Jean Guichard-Meili,

Cerf, 1956.

 

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Je n’aime pas les primitifs. Je connais mal Giotto. Il faudrait que je le voie. Je n’aime que Rubens, Poussin et les Vénitiens... Il est plus facile, écoutez-moi bien, de signifier Dieu par une croix que par l’expression d’un visage.

 

Les auréoles, les nimbes, autour du Christ, des Vierges et des saints, on n’aperçoit qu’elles. Elles s’imposent, elles me gênent. Que voulez-vous ? On ne peint pas des âmes. On peint des corps, et quand les corps sont bien peints, foutre ! l’âme, s’ils en avaient une, l’âme de toutes parts rayonne et transparaît.

 

Paul CÉZANNE.

 

Propos rapportés par Joachim GASQUET

dans Cézanne, Paris, Bernheim jeune, 1921.

 

Repris dans Les créateurs et le sacré,

par Camille Bourniquel et

Jean Guichard-Meili,

Cerf, 1956.

 

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Vous devez vous rappeler ce que raconte Jacques de Voragine, que la nuit de la naissance du Sauveur les vignes fleurirent dans toute la Palestine. Ah ! c’est déjà de la Renaissance, cela ! Nous, peintres, nous devons plutôt peindre la floraison de ces vignes que les tourbillons d’anges qui trompettent le Messie. Ne peignons que ce que nous avons vu, ou ce que nous pourrions voir...

 

Paul CÉZANNE.

 

Propos rapportés par Joachim GASQUET

dans Cézanne, Paris, Bernheim jeune, 1921.

 

Repris dans Les créateurs et le sacré,

par Camille Bourniquel et

Jean Guichard-Meili,

Cerf, 1956.

 

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À propos de Clemenceau :

 

Cet homme ne croyait pas en Dieu. Comprenez-vous, j’en avais le cœur net. Allez faire un portrait, avec ça...

 

Paul CÉZANNE.

 

Propos rapportés par Joachim GASQUET

dans Cézanne, Paris, Bernheim jeune, 1921.

 

Repris dans Les créateurs et le sacré,

par Camille Bourniquel et

Jean Guichard-Meili,

Cerf, 1956.

 

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Il y a des jours où il me paraît que l’univers n’est plus qu’une même coulée, un fleuve aérien de reflets, de dansants reflets autour des idées de l’homme... Le prisme, c’est notre première approche de Dieu, nos sept béatitudes, la géographie céleste du grand blanc éternel, les zones diamantées de Dieu...

 

Paul CÉZANNE.

 

Propos rapportés par Joachim GASQUET

dans Cézanne, Paris, Bernheim jeune, 1921.

 

Repris dans Les créateurs et le sacré,

par Camille Bourniquel et

Jean Guichard-Meili,

Cerf, 1956.

 

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« Pourquoi ne peignez-vous pas un Christ ? demandai-je à Cézanne, que j’étais heureux de trouver si croyant. – Je n’oserais jamais, me répondit-il. D’abord, cela a été fait mieux que par nous, et puis ce serait trop difficile. »

 

Émile BERNARD, Souvenirs sur P. Cézanne, Paris,

Rénovation esthétique, 1921, p. 70.

 

Recueilli dans Les créateurs et le sacré,

par Camille Bourniquel et

Jean Guichard-Meili,

Cerf, 1956.

 

 

 

 

 

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