Madame de Maintenon

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

Jules Amédée BARBEY D’AUREVILLY

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Parmi ces travaux historiques que nous appelions un jour le bon sens du XIXe siècle, il convient de parler du livre de Théophile Lavallée sur la Maison Royale de Saint-Cyr. Ce n’est, il est vrai, que la première partie d’un ouvrage qui doit embrasser, sous un titre plus vaste, toute l’histoire de cette maison de Saint-Cyr, d’abord maison royale, ensuite maison militaire ; mais ce fragment lui-même est un tout qui a sa plénitude et sa rondeur. L’établissement de madame de Maintenon et de Louis XIV – car, ici, il faut mettre madame de Maintenon avant le grand roi, – n’a, au fond, rien de commun que le nom avec ce Prytanée de 1805, devenu une école d’officiers ; et, cependant, sous le nœud de ce nom commun qui les lie, ne dirait-on pas une même institution à double visage, autrefois visage de jeunes filles, maintenant visage de jeunes soldats ? Forcément attaché à l’ordre des temps, Lavallée nous dessine aujourd’hui le profil virginal et charmant. Le profil viril et glorieux viendra plus tard. Mais, nous devons le dire, nous souhaitons que celui-ci soit aussi ferme que celui-là est pur, et qu’il ressorte avec la même clarté d’idées et la même expérience de style, calme et simple, sur le même fond de renseignements et de lumière. Plus que personne, Lavallée était en position de nous donner sur Saint-Cyr un livre intéressant et riche de détails. Professeur dans la maison même dont il nous fait l’histoire, il a eu sous la main toutes les sources, même les plus cachées jusqu’ici, de la tradition à laquelle sa fonction semble le mêler. Il n’a point failli au hasard de son heureuse destinée. À en juger par ce volume-ci, nous pensons que son ouvrage n’aura pas besoin d’être recommencé : il sera complet.

Seulement, si complet qu’il continue d’être, nous ne croyons pas que la seconde partie, qui nous est inconnue, ait pour personne l’intérêt si vif et si incessamment attisé de la première, et cela en vertu d’une foule de raisons. D’abord la grande société monarchique du temps de Louis XIV est finie, et par le fait fatal et triste de cette âpre curiosité qu’on a pour les choses qu’il est impossible de revoir, et aussi par le fait du contraste de nos mœurs avec ces mœurs évanouies, nous nous attacherons pendant longtemps encore à remuer cette poussière et à lui demander ce qu’elle fut du temps qu’elle vivait. Eh bien, qui le croirait, ou plutôt qui ne le croirait pas, après avoir lu le livre de Lavallée ? Cette institution de Saint-Cyr, étudiée comme il nous la montre, exprime mieux la société de ce temps que toutes les autres institutions. Il n’y avait là, si on veut, qu’une poignée de jeunes filles, pauvres et nobles, à qui le roi payait le sang des pères morts pour lui, mais ces jeunes filles élevées par le roi, dirigées par madame de Maintenon, surveillées par Bossuet et par Fénelon, ces jeunes filles qui, dans leurs divertissements littéraires, avaient Racine pour répétiteur, devenaient un jour des mères par la chair ou l’esprit, – car celles qui ne se mariaient pas étaient dames de Saint-Cyr à leur tour : des mères spirituelles, – et, toutes, elles faisaient descendre dans la société, dans le sang social, par leurs enfants ou par leurs élèves, ce qu’elles avaient puisé au sein d’une éducation sensée et religieuse, où le grandiose touchait à la simplicité. Là plus qu’ailleurs, dans cette maison de deux cents jeunes filles à peine, se concentrait l’esprit du XVIIe siècle dans ce qu’il avait de plus épuré, de plus nuancé, de plus ondoyant, de plus fugitif et de plus inimitable !

« La France – a dit Sterne – n’a de salique que sa monarchie. » En ce pays, qui tient les femmes tient le fond même de la société, le secret de la civilisation. Or, l’élève de Saint-Cyr, de 1688 à 1715, était la civilisation française dans une de ses plus adorables incarnations. Les idées et les sentiments de ce siècle, si splendidement civilisé, se réfléchissaient et se raffinaient en ces jeunes personnes chez qui l’éducation s’ajoutait à la race, de même que les choses les plus grandes qui nous environnent peuvent se réfléchir dans une des facettes de la pierre précieuse qu’on porte au doigt, tout en s’y opalisant des propres couleurs de la pierre. Assurément, aux yeux de qui sait discerner et sait conclure, l’histoire de la maison de Saint-Cyr, du temps de Louis XIV et de madame de Maintenon, telle que Lavallée nous la raconte, est une vue, prise par un côté nouveau, sur l’esprit et les mœurs du grand siècle, saisis, comme au plus frais et au plus pur de leur source, dans l’âme des jeunes filles qui s’y étaient élevées et dans l’éducation qu’on leur donnait. Si la science a quelquefois recherché les formes de l’arbre dans son germe, il semble qu’on puisse s’expliquer, par cette organisation de Saint-Cyr, la destinée et l’influence de toutes ces femmes qui allaient devenir la tige en fleurs de la société de leur pays et de l’Europe. Sans doute – et pourquoi Lavallée en fait-il la remarque ? – une telle histoire manque d’évènements. Mais que sont les évènements pour des moralistes d’une certaine profondeur ? Bien, souvent rien de plus que les gesticulations de l’histoire. Ce qui est au-dessus de l’évènement, ce qui lutte avec lui et quelquefois le modifie, c’est l’âme humaine et le degré de développement, de vertu et de vérité, que, sous une bonne discipline, elle est capable de recevoir. Or, telle est souverainement la question qui préoccupe et qui surexcite quand on lit Lavande. Il nous montre la femme du XVIIe siècle, non la femme individuelle, la femme d’exception, qui déforme toujours beaucoup plus les mœurs qu’elle ne les fait, et dont les portraits ne nous manquent jamais ! – car on les trouve pêle-mêle dans les Mémoires du temps, léchés par la flamme de la Passion ou gravés sous les acides du vice ; – mais, au contraire, la femme qui fait les mœurs et dont rien ne reste quand les mœurs d’un siècle ne sont plus : la femme générale, le type de toutes les autres femmes à une certaine hauteur de société. Et ce n’est pas tout : il nous montre aussi la solution éclatante de ce terrible problème de l’éducation que chaque époque pose et reprend à sa manière, et qui, grâce à une femme et à des circonstances inouïes, a été résolu une fois. Nous le répétons, voilà qui donne à ce livre un intérêt incomparable, que la suite de son histoire ne retrouvera plus. Il ne s’agit pas d’opposer avec une imagination vulgaire le nid d’aiglons au nid de colombes. L’histoire d’une école militaire, quelques services qu’elle ait rendus à la patrie, n’est, après tout, que l’histoire d’une armée... future, c’est-à-dire, qu’on nous passe le mot ! d’une héroïque et savante spécialité. Si admirablement élevés qu’aient été nos officiers sortis de Saint-Cyr depuis 1805, – et même en raison de cette éducation militaire qui passe l’uniforme à l’esprit, – ils ne représentent pas la société de leur temps dans toutes ses nuances, comme ces belles jeunes filles, qui touchaient, elles, par tous les points de leur éducation et de leur vie, à toutes les idées et à tous les sentiments du XVIIe siècle, représentent celle du leur et la traduisent à l’Imagination charmée. Cette grande Rêveuse que chacun de nous a dans l’esprit, cette Sultane favorite de nos facultés, l’Imagination, préférera toujours aux lignes géométriques d’un camp les arabesques infinies d’une société, à moitié effacées sous le pied du Temps, et, à cause de cela, plus mystérieuses.

Du reste, on laisserait de côté cette explication inattendue du XVIIe siècle, trop fine peut-être pour frapper et pour attirer la majorité des esprits, qu’on ne pourrait pas oublier la grande personnalité historique qui remplit le livre, et qui, à elle seule, aurait suffi pour appeler et justifier, dans l’esprit d’un homme ayant l’instinct des grandes choses humaines, l’idée d’une histoire de l’Institution de Saint-Cyr. Ici, qui n’a pas nommé madame de Maintenon ? Elle est à chaque page du livre de Lavande, le remplissant de son action, de sa pensée, et l’on oserait presque dire de son ubiquité, tant elle est partout et s’y multiplie. L’historien de la maison qu’elle a fondée est trop près d’elle, il a trop touché à son œuvre, – aux débris de son monument, – pour ne pas rendre justice à la hauteur de sa raison, à la fermeté de son esprit, à toutes les qualités décisives et souveraines dont elle était douée. Dominé par le cadre de son sujet, Lavallée n’avait à parler que de la fondatrice de Saint-Cyr et de cette illustre éducatrice qui, pendant de si longues années, y déploya tant d’activité et d’intelligence. Par la manière dont il s’est acquitté de sa tâche, on regrette qu’il n’ait pas eu à dire davantage, et que les limites de son livre ne lui aient pas permis de juger madame de Maintenon tout entière. Il nous met en goût d’impartialité sur le compte d’une femme qui en a peu trouvé dans l’histoire, et qui attend encore, dans les confusions de sa renommée, l’historien à l’arrêt suprême et au burin ineffaçable qui doit définitivement la classer.

Et, en effet, jamais personne plus digne des respects de l’histoire n’a été plus maltraitée par elle que cette grande femme, qui fut pendant trente-deux ans reine de France sous cet étrange nom de Maintenon, qui dit presque sa destinée. La haine et la jalousie des âmes basses que souleva l’immense Fortune qui s’abattit sur elle, comme un aigle, et qui l’enleva dans ses serres d’or à toutes les misères de la vie ; cette haine et cette jalousie semblent, après plus d’un siècle, fouler sa tombe et charger sa mémoire. Aurions-nous la simplicité de nous en étonner ? Il était dans la destinée de madame de Maintenon d’avoir contre elle les deux plus fortes influences qui pussent agir sur la tête d’un pays comme la France : la Philosophie du XVIIIe siècle, et, au XVIIe, la magie du Talent le plus atroce à ses ennemis qui ait peut-être jamais existé ! Saint-Simon et la Philosophie, voilà les deux causes des préjugés qu’on trouve encore dans les meilleurs esprits de nos jours quand il s’agit de madame de Maintenon. Comment résister à l’action de ces deux dissolvants terribles ?... Saint-Simon et la Philosophie ! Saint-Simon surtout, l’honnête homme qui n’a pas craint, avec toute sa probité, de fausser magnifiquement l’Histoire – comme Pascal, cet autre honnête homme ! – jusqu’à la limite de ses passions. Ôtez Saint-Simon et la Philosophie, et peut-être madame de Maintenon aurait-elle dans l’histoire une place aussi haute que la place qu’elle eut dans la vie, c’est‑à-dire, selon nous, celle qu’on lui doit. Pourquoi ne le dirions-nous pas ? La Critique doit-elle donc s’arrêter à l’épiderme des choses ? N’a-t-elle pas une initiative à prendre contre les préjugés d’opinion, les injustices et les jugements absurdes entretenus par les livres ou que les livres ne redressent pas ? Madame de Maintenon, « cette vieille fée », comme dit Saint-Simon, « cette intrigante », comme l’ont écrit tant de plumes d’oie avec une insultante superficialité, madame de Maintenon est, en réalité, l’une des femmes les plus incontestablement supérieures de son temps et de tous les temps. Il y a des gloires pour les femmes qui font d’elles (même quand elles sont charmantes) d’horribles monstruosités. Mais la gloire de Madame de Maintenon n’est pas de celles-là. Elle a été grande, et, chose rare parmi les créatures frappées de cette grandeur qui souvent est une plaie, elle a gardé son sexe ! C’est par le génie de son sexe qu’elle a dominé. Elle en avait tout perdu : la beauté, la jeunesse ; elle n’en avait jamais eu l’abandon ; mais elle en avait gardé le génie. C’est par là que, n’étant plus jeune, et que, n’étant presque plus belle, elle avait arraché Louis XIV – l’homme le plus difficile à séduire et le plus difficile à captiver – à la plus belle de ses maîtresses, à la plus altière, à la plus sanguinement spirituelle, à cette Armide des Mortemart qui l’avait enlacé par plus puissant que ses bras, – l’habitude, – et qui lui avait mis aux quatre membres ce boulet des enfants qui fait enfoncer un homme dans une liaison encore plus que le boulet de bronze ne fait s’enfoncer celui qu’on y jette dans la mer ! C’est par ce génie, qu’aucune femme n’eut à un degré plus élevé, qu’elle rendit Louis XIV confiant et fidèle jusqu’à sa dernière heure, lui qui pouvait tout et qui l’avait associée à sa vie de roi !

Madame de Maintenon n’est ni une maîtresse ni une favorite ; mais pour cela elle n’est pas moins femme, et c’est ce qu’on ne saurait trop admirer. Certes ! il est assez de favorites et de maîtresses dans l’histoire du passé, et même de maîtresses devenues des épouses ; mais prenez-les toutes et comparez-les à madame de Maintenon, vous aurez la mesure de sa grandeur ! Les maîtresses ont un règne d’une heure, orageux et quelquefois sanglant. Les favoris ou les favorites ont un règne qui dure davantage, parce qu’ils établissent leur empire non sur les fougues éphémères des sens ou du cœur, mais sur les faiblesses, à poste fixe, de l’esprit ou du caractère. Seulement, quelle favorite ou quelle maîtresse eut jamais, comme madame de Maintenon, ce règne de trente-deux ans que la mort seule de l’homme qu’elle dominait put interrompre ?

Comparée à madame de Maintenon, qu’est, par exemple, la princesse des Ursins, sa contemporaine, malgré ses habiletés, ses profondeurs et les ambages de ses desseins et de ses conduites ? Il faut bien en convenir, ce n’est qu’une soubrette politique, « une laceuse de brodequins », ambitieuse, frémissante et fière dans son garde-infant de camera-mayor, et qui se vengeait sur la monarchie espagnole de sa cruelle domesticité !... Que, si une favorite d’une autre époque, la Léonora Galigaï, la magicienne de Florence, accusée de philtres et de charmes pour expliquer son inexplicable puissance sur Marie de Médicis, répondait que toute sa sorcellerie était l’influence d’une âme forte sur une âme faible, on aurait pu se demander plus tard quelle devait donc être celle d’une femme sur un homme dans toute la maturité de son âme et de son génie, sur un homme qui était le roi du bon sens, de la convenance, de la fierté et de l’ennui, sur un Louis XIV de quarante-cinq ans ?... D’ordinaire, à cet âge-là, ce sont les hommes qui mènent les femmes au lieu d’être menés par elles, mais madame de Maintenon, de deux années plus âgée que Louis XIV, fit mentir ce qui semble une loi. Assurément, en présence de ce prodigieux ascendant qui déconcertait Saint-Simon, et qui étonna si longtemps la France et l’Europe, nous ne nierons pas qu’il y eût des manèges infinis, mêlés à des abnégations sublimes, mais, abnégations ou manèges, dévouements et effacements ou entente de situation et habileté, quelle autre femme pourtant que madame de Maintenon, et toute-puissante comme elle, aurait eu la force d’âme romaine de jouer le rôle anonyme qu’elle consentit à jouer dans l’Histoire, et à s’enfermer modestement sous ses coiffes de veuve au lieu de vaniteusement resplendir sous la couronne qu’elle aurait pu porter ? Si, pour les hommes véritablement ambitieux, le père Joseph du Tremblay est plus beau dans sa bure de capucin que le cardinal de Richelieu dans ses flots de pourpre, si la puissance sans titre, l’influence sans nom, mais effectives, sont plus que le costume, l’éclat et l’attitude du commandement, de quel sentiment ne devons-nous pas être pénétrés pour cette admirable vieille femme que Louis XIV appelait Sa Solidité et consultait en plein conseil de ministres, et qui, majestueuse et discrète, « toujours vêtue d’étamine noire ou feuille-morte », resta toute sa vie une humble chrétienne, avec des manières de femme du monde à tout relever ! Imposante, originale et profonde figure, près de laquelle les historiens passent trop vite, et qu’ils devraient plus attentivement regarder. Il y a du Sixte-Quint adouci dans cette robe feuille morte, qui a la retenue de son ambition, comme le Cordelier, plus ardent et plus noir, avait l’hypocrisie de la sienne. Comme lui, c’est en s’effaçant qu’elle arrive. Mais, comme lui, une fois arrivée, elle ne se redresse pas, et c’est au contraire en paraissant ne pas gouverner qu’elle gouverne. Réellement, de la plupart des femmes qui ont touché de leurs mains frêles le terrible affiquet du Pouvoir, elle est la plus voilée et la plus inexplicable. On s’explique un peu Élisabeth par Burleigh, et Catherine II par son peuple, mais on ne s’explique madame de Maintenon que par Louis IV, le MOI solitaire et royal... ce qui redouble la difficulté.

Du reste, elle n’aurait pas rencontré sur le chemin de sa renommée Saint-Simon et la Philosophie, cette grande haine et cette longue rancune, que, dans un pays comme la France surtout, madame de Maintenon n’aurait jamais été populaire. Elle devait y échouer par la hauteur et le sérieux de ses qualités. Dans le pays des choses extérieures, où les grands hommes sont tenus d’avoir de l’éclat, la simplicité et la profondeur ne feront jamais leurs affaires. Elles n’inspirent point d’enthousiasme et n’entraînent aucune sympathie. Voyez comme La Bruyère lui-même, un grand esprit pourtant, bien au-dessus des apparences, a traité cette profonde figure de Guillaume d’Orange, qui finit par devenir poétique à force de soucis et d’ombres redoublées sur son front souffrant ! Madame de Maintenon l’emportait trop par la raison, par le caractère, par la dignité dans la vie, par le sentiment religieux qui planait perpétuellement sur son âme, et teignait ses mots et ses actes de ses reflets les plus graves et les plus solennels, pour avoir ce que l’on appelle de la grâce, ce joli mouvement des natures légères... Littérairement, il est resté d’elle des choses d’une beauté rare, une correspondance qu’aucune femme d’aucun temps ne recommencerait. Eh bien, l’Opinion, et l’opinion éclairée et savante ! met les lettres de madame de Maintenon bien au-dessous du gracieux caquetage de madame de Sévigné, et cela seul n’est-il pas comme une image de sa destinée et de sa vie ? Le calme et la solidité qui nous donnent l’idée des choses éternelles, et qui faisaient comme la substance de l’esprit de madame de Maintenon, n’attirent guères que les esprits qui savent ce que valent, et quelquefois ce que coûtent, de telles qualités. Madame de Staël disait : « Ceux qui se ressemblent se devinent. » Aussi, pour que la gloire jaillisse bien, et dans toute sa force, du visage que l’historien a pour devoir d’éclairer, il faut, entre le peintre et le modèle, des pentes de nature, des analogies de tempérament au moins intellectuel, et de telles rencontres de génie ne se répètent pas à tous les siècles. Pourquoi Rembrandt n’a-t-il pas peint Philippe II ? Quand madame de Maintenon aura trouvé un peintre qui s’ajuste à elle, nous serons tout étonnés de n’avoir pas vu dans cette femme ce que très aisément il nous montrera.

 

 

 

Jules Amédée BARBEY D’AUREVILLY,

Femmes et moralistes, 1906.

 

Paru d’abord dans la revue Pays du 11 mai 1853.

 

 

 

 

 

 

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