Le mage
par
Léon M. BAZALGETTE
Oh ! vous êtes les seuls pontifes,
Penseurs, lutteurs des grands espoirs,
Dompteurs des fauves hippogriffes,
Cavaliers des Pégases noirs !
Âmes devant Dieu toutes nues,
Voyant des choses inconnues,
Vous savez la religion !
(V. HUGO. Les Mages.)
Le héros, s’il saisit le mystère du côté originel, s’il pénètre la sphère des principes, sans vulgariser sa vision et sa science..., il est Mage...
(Émile MICHELET.)
Toutes les civilisations ont eu un idéal religieux ; partout les dieux sont nés, ont régné et se sont corrompus ou transformés suivant l’inéluctable loi évolutive qui régit même et surtout la conception humaine du divin. Cette conception, on l’a maintes fois analysée, – et de nos jours avec moins de mépris pour ces fables et ces mythes de l’antiquité longtemps considérés comme d’amusants témoignages de la naïveté de nos ancêtres 1. Ceci est du ressort du métaphysicien, du théosophe et du théologien.
Il y a un autre idéal, dont on se soucie beaucoup moins, quoiqu’il soit plus rapproché de nous : l’idéal humain, c’est-à-dire le type le plus élevé et le plus profond que les hommes aient conçu. Malgré les innombrables différences de détail et la diversité des points de vue, un type apparaît pour le penseur à peu près fixe ; de même que dans leurs tant divers modes d’approximer l’absolu, les grandes religions, au moment de leur pureté, ont toutes eu le caractère monothéiste. Ce type existe en dehors de toute réalité ; et c’est là ce qui fait sa force, car il est l’objet des rêves de l’homme cherchant son complet épanouissement. Les hommes qui, en très petit nombre, et de loin en loin, réalisent cette conception, semblent résumer l’humanité tendue vers l’au-delà et être les médiateurs entre elle et Dieu ; ils sont la mesure de l’espèce. On les appellerait justement les têtes de l’humanité, têtes, parce qu’ils marchent en avant, en éclaireurs, têtes, parce qu’ils sont la pensée du monde.
Analysons ce concept et voyons quelles qualités il comporte intégralement. Nous constatons que toute sa grandeur gît dans ceci : les facultés humaines harmonieusement exaltées et arrivant à l’unité par un développement total et non excessif. Une hiérarchie est établie entre elles qui les fait concourir toutes, au plus haut point possible, à l’élévation générale de l’unité. L’intelligence trône au sommet, étincelle divine, sans nuire à l’infinie bonté du cœur ; et cette intelligence, c’est la synthèse suprême qui, placée autant que possible, au point de vue de l’ensemble, qui seul vaut, assigne à chaque être sa place et à chaque vivant son rôle. La perfection morale, fruit de la compréhension du juste, s’allie à la plus complète expansion cérébrale. Cette expansion s’applique à tout le domaine de la pensée abstraite, car, à ce niveau, il n’y a ni art, ni science, il y a des Idées qui embrassent les vues générales sur l’Univers et sur la Vie. À l’imitation de la Divinité qui se pense éternellement, les hommes de ce type ont pris largement conscience d’eux-mêmes, ce qui donne le calme majestueux et la fierté latente.
Ceci n’est encore rien ; et le principal caractère, conséquence de tous les autres, n’est pas encore apparu. L’homme, arrivé à cette sublimation de ses facultés les plus hautes, n’est plus un métaphysicien ; il a dépassé ce niveau ; il ne vit plus qu’en Dieu et son âme profondément religieuse imprime à ses moindres actes une gravité presque hiératique ; ce qui fait la force de ces protagonistes du drame humain – qui déroule incessamment ses actes et ses scènes, – c’est que plus que tous les autres, ils sont frappés de la mysticité du monde.
Que l’on considère que cet Archétype est aussi éloigné du héros au sens courant que celui-ci l’est du troupeau humain. Un Roland, un Cid sont admirables sans doute, mais essentiellement incomplets ; ôtez-leur l’épée et ils diminuent soudain. D’autre part, tel génie, un Newton, dirige ses spéculations vers un point spécial ; un Père de l’Église, malgré ses envolées, n’est pas impartial ; un Charlemagne est sans culture. Moïse, Platon, Pythagore, Léonard de Vinci sont les moins imparfaits. Mais aucun n’a fait la synthèse complète et n’a uni la science quasi totale à la sagesse presque absolue.
Un nom a été choisi pour ce type général, et celui-là seul convient, semble-t-il, parce qu’il rend admirablement l’idée à exprimer : c’est celui de Mage. Que l’on ne voie, pour l’instant, dans ce qualificatif aucune intention magique, ni même ésotérique, non plus qu’une allusion au Mazdéisme ; que l’on désaffuble ce mot de ce que le commun y voit : une robe constellée et une baguette divinatoire. Ce terme nous a paru convenir merveilleusement pour dénommer cet homme idéal par cela même qu’il évoque quelque chose d’extra-humain. D’ailleurs nous allons le voir bientôt complètement justifié et expliqué.
À l’aube de l’histoire, en Orient, au fond de ces sanctuaires et de ces collèges sacerdotaux de l’Égypte et de la Kaldée, – qui ont dégrossi l’humanité et l’ont initiée aux Grands Mystères de la Vie, – nous trouvons le type le plus parfait du mage et pour ainsi dire la réalisation de l’Astrait que nous étudions. Les Prêtres prodigieux de ces deux grands centres intellectuels ont fait une si puissante impression sur leurs descendants immédiats ou lointains qu’ils sont devenus les symboles de toute science et de toute sagesse. Comme on l’a dit, ils ont jeté « les premiers coups de sonde dans l’inconnu » et l’imagination se confond au vu de leur grandiose audace.
Mais l’étude du mage tel que de hauts penseurs l’ont figuré sera plus féconde par son idéalité même ; car de tels rêves sont véritablement profitables.
Platon, dans le livre le plus puissant qu’il nous ait laissé, son traité du Juste, nous livre la conception du philosophe qu’il place à la tête de sa République. Platon, ce descendant de rois, dans la noblesse native de son âme princière, a incarné dans ce type toute sa vision de l’humanité supérieure. Le mieux est de citer, sous peine d’enlever aux idées toute leur force. Le philosophe « ayant l’esprit sans cesse fixé sur des objets qui gardent entre eux un ordre constant et immuable... c’est à imiter et à exprimer en soi cet ordre invariable qu’il met toute son application ». C’est « par les plus profondes études », en réunissant l’expérience et la spéculation, qu’il parviendra « au plus haut degré de cette science sublime » qui « oblige l’âme à se tourner vers le lieu où est cet être, le plus heureux de tous les êtres, qu’elle doit s’efforcer de contempler de toute manière ». Et autre part : « Pour moi, je ne puis connaître d’autre science que celle qui a pour objet ce qui est et ce qu’on ne voit point. » Ces contemplateurs de l’essence des choses, ces dévots de l’Idée du bien ne se contentent pas d’être « ces héros qu’Homère appelle divins et semblables aux dieux », ils cherchent à façonner les autres d’après le modèle céleste qui leur a servi à eux-mêmes. « À l’imitation des peintres, ils portent leurs regards sur l’exemplaire éternel de la vérité et après l’avoir contemplé avec toute l’attention possible, ils transportent aux choses d’ici-bas ce qu’ils y ont remarqué. » Ce rôle semble tellement surhumain, même à Platon, qu’il observe avec tristesse qu’il ne pourra pour ainsi dire pas être rempli. Alors le Philosophe « retiré dans la solitude, voyant la folie du reste des hommes et ne voulant pas prendre part à leur injustice, se tient en repos, uniquement occupé de ses propres affaires. » C’est bien là le type grandiose dont nous étudions les caractères.
Pythagore, l’initié de Babylone et de Memphis et créateur d’un collège de mages, nous a donné un portrait du sage dans ses Vers dorés. Ses ouvrages, son enseignement ne nous sont pas parvenus, mais devant les fragments que quelques pythagoriciens et alexandrins nous ont conservés, on se demande avec une admiration stupéfaite quel était cet homme prodigieux synthétisant en lui et adaptant aux mœurs grecques toute la sagesse orientale. Il a réalisé en lui-même son idéal du mage ; et pour connaître cet idéal, il faut étudier sa vie et ses idées, ce qu’ont fait admirablement Fabre d’Olivet et M. É. Schuré.
Avec Épictète, l’idéal s’amoindrit tout en restant très haut. C’est une partie grandiose de son ’Εγχειριοιον que celle où il nous montre le Stoïcien de ses rêves, calme, fier, sage et clairvoyant, passant sa vie dans le respect des dieux et vivant en intimité avec eux. Pour Épictète, la philosophie est un sacerdoce dont l’officiant, le sage « est envoyé des dieux pour réformer les hommes », homme « que les rois et les princes ne peuvent voir sans respect ». À une piété profonde d’optimiste, il joint un calme presque divin, provenant de la certitude que tout ce qu’il fait est agréable à Dieu et qu’il est du côté de la justice et de la sagesse. Grâce au mépris de l’extérieur, il marche les yeux fixés au ciel, n’écoutant que sa conscience qui lui traduit les ordres de la divinité, et cuirassé par sa volonté, irrévocable comme la Norme divine. « C’est ainsi que Socrate est devenu un sage accompli, n’écoutant jamais en quoi que ce soit une autre voix que celle de la raison. » Sa vraie supériorité est dans ceci : l’habitude de penser lui a expliqué les choses et les êtres, et son esprit domine cette synthèse : c’est par là vraiment qu’il est l’inspiré des dieux. Épictète, cette âme de mage dans un corps d’esclave, offre un des plus sublimes spectacles de l’antiquité latine.
De la sagesse antique passons à la sagesse moderne. La transition est brusque. Les races prédominantes ne sont plus les mêmes. Des siècles ont passé qui ont tout bouleversé ; tout, excepté notre conception du mage qui est demeurée aussi haute dans le cerveau de quelques penseurs d’élite.
Voici un Anglo-Saxon, Carlyle, qui est la manifestation géniale de l’idéalisme profond de sa race. Il a écrit – ou plutôt parlé – sur les Héros et le rôle de l’héroïque dans les affaires humaines. Il a montré le héros dans ses divers aspects « créateur de tout ce que la masse générale des hommes a pu s’efforcer de faire ou d’atteindre ». « Le don le plus précieux que le ciel puisse donner à la terre » c’est « l’âme d’un homme réellement envoyé des cieux ici-bas avec un message pour nous. » Le héros de Carlyle est un voyant, un prêtre, un adorateur de la divine vérité des choses, qui a pénétré le mystère sacré de l’univers, – en la présence duquel il vit toujours, – et deviné « le grand secret, ouvert à tous, vu de presque personne 2 ! » Comme une pensée harmonieuse et musicale gît dans tout ce qui est profond, et qu’il ne vît que dans le plus intime mystère de la nature, « il entend chanter l’âme intérieure des choses » ; expression surhumaine appliquée à un homme qui « nous mène au bord de l’infini et nous y laisse quelques moments plonger le regard ». Ce héros entre tout à fait dans notre conception du mage, l’être complet et universel. « L’homme vraiment grand, dit Carlyle, est celui qui eût pu être toute sorte d’hommes. Il y a en lui le politique, le penseur, le législateur, le philosophe... Il aurait pu être..., il est tous ces hommes-là... Shakespeare, on ne sait ce qu’il n’aurait pas pu faire, au suprême degré ! »
Avec Emerson, le héros devient le Représentant de l’humanité. Malgré le philosophe américain qui a tenu à se séparer nettement de la conception des « hommes surhumains », la remplaçant par celle des « hommes-humanité », nous ne voyons là pour notre point de vue qu’une différence peu profonde. Comme les héros de Carlyle, les représentants, « les divins patrons sur la véracité desquels le monde s’appuie » « plantent le drapeau de l’humanité en avant de quelques stades par-delà le chaos ». Pénétré de cette phrase du Koran : que ce n’est pas en plaisantant que Dieu a créé les cieux, la terre et tout ce qui existe entre eux, ce mage est constamment grave, le front lourd de pensées. Éloigné par sa sérénité des choses secondaires, il est « le géographe des régions suprasensibles », Comprenant plus que tous autres le plan divin, il adore l’âme du monde et apprend à la vénérer. « Ils relèvent de la nature par leur fidélité aux idées universelles », « ces anges de science, dont les figures atteignent le ciel ». Mais qu’allons-nous chercher à réunir ces traits épars, lorsque Emerson, dans la conférence sur Shakespeare, a défini si profondément le mage : « le poète prêtre, le conciliateur qui verra, parlera, agira, avec une même inspiration..., au jour où la Science brillera comme le soleil ». C’est ici la Science avec un grand S, celle aussi de Platon et qui paraît être le pas le plus décisif qui ait été fait dans la voie de la résolution de l’énigme de la Vie.
Victor Hugo, ce Titan à l’œil constamment fixé sur le mystère et sur l’immense, a la hantise de ce type. Il est impossible de ne pas être frappé, lorsqu’on lit la Légende des siècles ou les Contemplations, de la fréquence de ce mot de Mage, infailliblement employé par le poète chaque fois qu’il veut désigner un penseur profond, un « voyant du ciel supérieur » qui « se penche frémissant au puits des grands vertiges » ou « s’accoude au bord croulant du problème sans fond ».
On a maintes fois accusé Hugo d’être excessif dans sa vue synthétique de l’Univers et dans ses conceptions de personnages au-dessus de l’humanité ; c’est précisément ce goût naturel pour l’énorme qui lui fait découvrir et exalter « les fronts démesurés », quitte à être blâmé de rechercher l’hypertrophie. Loin de lui reprocher cet excès – en tous cas préférable à la recherche de l’uniformément médiocre, – nous voyons là un des côtés vraiment grands et impérissables du génie de Victor Hugo, qui lui feront prendre place parmi les hommes que nous venons d’étudier.
En deux pièces surtout, il nous a dépeint le mage. Dans les Mages 3, il passe en revue les génies qu’il étudie dans William Shakespeare ; c’est le défilé de tous « ceux en qui Dieu se concentre », de « toutes les têtes fécondées ».
Génie ! ô tiare de l’ombre !
Pontificat de l’Infini !
Tous les grands éclaireurs, tous les grands inspirés passent dans les vers du poète, comme reflétant chacun une partie de l’au-delà.
Ô figures dont la prunelle
Est la vitre de l’idéal.
Les blêmes faces de rêve, les apôtres, les poètes échevelés, les prêtres de la Nature, les contemplateurs pâles, tous les altérés d’infini, sont des mages qui ont découvert « le sens caché de la Nature ».
Conduit par les hommes d’extases
Le genre humain marche en avant.
Dans Clarté d’âmes 4, le poète explique le type du mage et évoque « la clarté qui sort du cerveau des songeurs sacrés. » Il montre son rôle, qui est d’éclairer et de diriger, non par orgueil –, il est absolument désintéressé, – mais parce que c’est là sa mission et que si Dieu l’a pourvu d’un immense génie, la foule doit en profiter. Quoique immenses, ces demi-dieux sont doux et ils travaillent à secourir l’homme contre « l’innombrable danger ».
...... cette sphère
Semble être par quelqu’un confiée au penseur
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Eux ils ne dormaient point, étant les responsables.
Pilotes du vaisseau de l’humanité, ils font sans cesse des observions, consultent la boussole et maintiennent la proue dans la direction du port, de crainte que les vagues ne le fassent dévier. La marche du navire dépend de la justesse des observations.
Les solitaires, ceux qui vivent par l’esprit
Sondant l’éternité, l’âme, le temps, le nombre
Effarés et sereins. . . . .
Le mystère a laissé son reflet sur ces visages. Il faut toute la puissance de ces cerveaux faits pour scruter le ciel pour y résister. Encore demeurent-ils effarés, éblouis, frissonnants, comme on l’est à la vue d’un prodige. Ayant goûté à l’infini, ils ne peuvent plus s’en détacher et sont comme des Templiers, assermentés à leur ordre, l’ordre de l’Au-delà ! Ils sont en même temps des hommes de toute pureté et de toute noblesse :
..... Et les justes
Et les bons et tous ceux dont les cœurs sont augustes.
Nous pensons avoir montré par ces citations, – un peu abondantes, mais nécessaires, – quel haut idéal Hugo a poursuivi et combien cet idéal est conforme à celui des Platon, des Carlyle, des Emerson et autres génies qu’il continue ; et désormais pour nous il est mêlé à la prodigieuse harmonie de constellations dont il figure l’ascension lumineuse et éclatante à la dernière page de son William Shakespeare.
Nous avons montré au début de ce rapide examen la pure conception du Mage réalisée dans les théocraties orientales, nous terminerons en la montrant de nos jours, non plus réalisée, mais figurée.
Un romancier contemporain a restitué dans toute son ampleur le type abstrait du Mage pythagoricien et a animé d’une vie puissante cette abstraction en l’opposant aux mœurs ambiantes. Nous voulons parler du Mage, tel qu’il se dégage de l’œuvre imposante de M. J. Péladan (nous avons en vue les protagonistes de ses romans et non son dernier in-octavo). L’étude de l’origine des caractères du Mage de M. Péladan nécessiterait à elle seule un long article. D’ailleurs c’est à lui que nous emprunterons notre formule définitive du Mage, parce qu’il l’a plus que tout autre admirablement analysé. « C’est la suprême culture, la synthèse supposant toutes les analyses, le plus haut résultat combiné de l’hypothèse unie à l’expérience, le patriciat de l’intelligence et le couronnement de la science à l’art mêlée. » 5
Léon M. BAZALGETTE.
Paru dans Psyché en 1892.
1 Cette exégèse divine, commencée de notre siècle et activement continuée à l’heure présente, sera plus tard jugée une des plus belles lueurs de la libre pensée religieuse au XIXe siècle. Et, chose remarquable, à mesure que l’idéal religieux de la masse s’amoindrit, celui de l’élite se concentre et s’élève comme pour transmettre à la foi nouvelle, qui ne peut tarder, le trésor des traditions.
2 Carlyle, les Héros – Traduction pleinement compréhensive et adéquate au texte de M. Izoulet-Loubatière. « Traduire de la sorte, c’est recréer » a-t-on dit. Le traduttore traditore est faux ici. Si nous possédions de telles transcriptions des principaux écrivains étrangers, la connaissance des langues cesserait d’être indispensable pour un intellectuel.
3 Contemplations. Tome 2, XXII.
4 Légende des siècles, XXIV.
5 Nous pourrions citer d’autres noms à l’appui de notre thèse. Ainsi Richard Wagner n’est pas seulement le grand poète et le sublime musicien que l’on sait, mais un des plus profonds penseurs du XIXe siècle. On pourrait dégager de la philosophie de ses dernières années des traits favorables à notre conception.