Les miracles d’Huelgoat

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

Henry CALAIS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Huelgoat, 14 décembre.            

À la suite de diverses lettres reçues à La Dépêche, nous signalant des cas de guérison extraordinaires obtenus par M. Saltzman, de Paris, je suis parti au Huelgoat, aux fins d’enquête.

Très sceptique de ma nature, je n’en étais que mieux disposé pour juger sainement la situation.

Mais, si je crois difficilement, je ne nie point aux autres la liberté de croire.

C’est pourquoi je rapporterai exactement ce que j’y ai vu et entendu.

Chacun en tirera les conclusions qui lui conviendront.

Voici d’abord la lettre que nous adressait, le 11 décembre, M. L. Bothorel, évangéliste, 4, rue des Cieux.

 

Huelgoat, 14 décembre.            

M. et Mme Saltzmann, de Paris, qui ont passé une quinzaine de jours à Huelgoat, viennent de nous quitter.

Depuis neuf ans, M. Saltzmann possède le don de guérison : c’est par la foi au Créateur qu’il l’a obtenu.

Très bon pour les pauvres, il ne se contente pas seulement de les guérir gratuitement, mais les secourt pécuniairement. Il est d’une affabilité incomparable. Douceur, bonté, patience, telles sont les qualités qu’il possède.

Nous pouvons dire, sans nous tromper, qu’il symbolise parfaitement l’amour du prochain.

M. Saltzmann est un fervent croyant : c’est par la foi et la prière qu’il guérit. Dans Paris et les environs, il a guéri des milliers de personnes et est devenu célèbre.

Pendant son séjour à Huelgoat dès que le public a eu connaissance de ses agissements, il a été assailli journellement, par de nombreux malades, à l’hôtel de France, où il était descendu avec sa femme.

Tous, sans exception, s’en retournaient guéris de leurs diverses maladies, voire même les sourds, les aveugles, myopes et presbytes, etc., etc.

Pour être guéri, il suffit tout simplement d’être croyant et d’avoir foi en lui.

M. et Mme Saltzmann comptent revenir à Huelgoat au commencement du printemps.

Crédules malades, sans distinction de classe et de religion, qui voulez obtenir la guérison, venez à cette époque trouver votre bienfaiteur et vous serez guéris. Incrédules malades, devenez croyants, ayez foi en la guérison que vous pouvez obtenir par l’intermédiaire de M. Saltzmann et vous serez sauvés.

M. Saltzmann guérit également à distance. Il suffit de lui écrire à l’adresse suivante : M. Saltzmann, importateur-exportateur, 162, boulevard Magenta, Paris.

Chez M. Bothorel. – Je me suis naturellement rendu chez M. Bothorel, à qui j’ai manifesté ma profonde stupéfaction, me demandant si j’avais bien lu sa lettre, ou si je n’étais pas le jouet d’une illusion.

M. Bothorel me répond :

La chose est en effet presque incroyable : il faut le voir pour le croire. C’est pourquoi, comme du temps de Jésus-Christ, il y a encore beaucoup de saint Thomas sur la terre.

Vous devez bien penser que je suis incapable de vous dire des mensonges. Mon titre d’évangéliste m’interdit de professer la restriction mentale comme on le fait dans l’église romaine. Croyez-moi, vous n’êtes pas l’objet d’une hallucination ! Je ne me moque pas davantage de personne ! Je cite des faits authentiques. Le vendredi de Pâques dernier, un de mes voisins reçut, en minant un rocher, la charge de poudre en pleine figure. Il perdit complètement la vue. Depuis deux jours, il a recouvré la vue. Il ne voit pas aussi bien que vous ou moi, mais suffisamment pour aller seul partout et distinguer un homme d’une femme, une porte d’une fenêtre, voire même les couleurs. N’est-ce pas un résultat magnifique ?

Ce n’est pas, comme vous le dites, un thaumaturge ou un escroc. Bien au contraire, il guérit véritablement par la foi et la prière, et non content de les guérir, il secourt pécuniairement les malheureux.

Il guérit gratuitement ; mais, pour être guéri, il faut avoir foi en Dieu. De cette façon, il obtient plus facilement la guérison.

Moi-même, j’avais mal au poignet depuis ma chute de bicyclette, et cela depuis un mois et demi. Je puis vous certifier que je ne sens plus rien du tout depuis qu’il m’a touché. Plusieurs malades, qui ont été guéris de plusieurs maux, pourraient vous fournir des preuves de leurs guérisons.

Il doit revenir au mois de mars. Venez à cette époque, si vous le pouvez, à Huelgoat, et vous serez convaincu.

Chez M. Gallou. – M. Gallou, rue des Cieux, que j’interroge ensuite, me signe la déclaration suivante :

Dès que j’eus connaissance des guérisons merveilleuses et extraordinaires opérées par M. Saltzmann, je me rendis à l’hôtel de France. Je voulais, pour être convaincu, le voir à l’œuvre. Je l’ai vu travailler, car il opérait au grand jour, devant le public. Nombreuses sont les preuves qui pourraient attester que M. Saltzmann guérissait des malades par un simple contact, n’exigeant de ses clients d’occasion qu’une foi vive et sincère.

Chez M. Dugoy. – Tout le monde connaît l’aimable M. Dugoy, directeur du grand Hôtel de France.

Je me dis que, très intelligent et très sérieux comme il l’est, il me donnerait peut-être la clef de l’énigme. Voici sa déclaration :

Je comprends que vous soyez surpris, mais moi-même je l’ai été lorsque j’ai vu opérer des cures merveilleuses par M. Saltzmann.

Ce monsieur, très connu à Paris et dans les villes où il passe régulièrement tous les trois mois, opère ses nombreuses guérisons au moyen du spiritisme.

Nous avons vu ici un malheureux qui eut, l’an dernier, les yeux crevés par un coup de mine, venir le consulter, accompagné de sa femme, qui le guidait, s’en retourner seul chez lui, alors qu’il ne distinguait pas le jour de la nuit avant sa visite.

Et tant d’autres, qu’il serait trop long d’énumérer.

Ce monsieur ne faisant ces cures que par humanité et gratuitement, ne tient pas du tout à ce que son nom figure dans votre journal. Il a fait plus de 200 heureux ici, chose que je puis certifier, ayant, comme l’on dit vulgairement, vu de mes yeux vus.

Après tous ces témoignages, que conclure ?

Ces messieurs ont vu opérer et ils ont cru. Je ne crois pas, parce que je n’ai pas vu ; quand je verrai, je croirai.

 

 

Henry CALAIS.

 

Paru dans La Dépêche de Brest et repris dans

la Revue du spiritualisme moderne en 1906.

 

 

 

 

 

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