La Terre et son évolution
par
Madame DUCARRE
Notre planète doit son développement à une cellule organisée et lancée dans l’espace par le soleil. Elle est maintenue en harmonie avec des planètes plus ou moins éloignées qui sont : Mars, Vénus, Mercure, Jupiter, Saturne, Neptune et Uranus, lesquelles, quoique libres, forment toutes les organes du soleil, qui en est le cerveau.
Isolée dans l’espace, notre planète produit son mouvement de rotation autour du soleil, sans avoir jamais, depuis qu’elle existe, passé au même endroit.
Qu’est-ce donc que l’espace ?
Voici la définition qu’en donne Flammarion : « Supposons que, voulant mesurer cet infini, nous partions de la Terre comme point de départ, et que nous nous dirigions vers un point quelconque du Ciel en ligne droite et sans jamais interrompre notre course. Lors même que nous nous enfoncerions dans ce vide avec la vitesse de la lumière, 75.000 lieues par seconde, nous pourrions voler pendant des jours, des semaines, des mois, des années entières, des siècles et plus que nous n’atteindrions jamais aucune limite à cette Immensité.
« En un mot, un voyage après des millions de siècles, fait toujours avec la même vitesse vertigineuse, serait identiquement comme si nous étions restés dans le repos le plus complet. Devant l’Infini, nous n’aurions pas avancé d’un pas !... »
Dans l’enfance des Terriens et avant l’invention du télescope, le ciel, vu de la Terre, avait donné une sensation erronée à nos aïeux. C’était pour eux une voûte azurée et enrichie la nuit d’une multitude de points brillants, servant de décoration à ce qu’ils considéraient comme le plafond de la Terre.
L’ATMOSPHÈRE
L’élément indispensable à la vie de notre globe est tout premièrement son atmosphère. C’est sa vitalité propre, c’est l’essence de ses créations, c’est, en un mot, le poumon de la Terre. Cette force a pour mission de décomposer les rayons solaires en lumière, électricité, chaleur et, par suite, en vie terrestre.
L’atmosphère représente une masse compacte, entourant la Terre comme une mer d’un poids considérable. Sous cette couche d’air formidable, nous rampons comme des poissons dans l’eau. Chacun de nous supporte une pression de 1.000 kilogrammes par mètre carré, soit 15.500 kilogrammes pour la surface totale de notre corps.
C’est de cette atmosphère que tout ce qui vit tire sa vie propre en la transformant selon sa propre nature. Sans l’atmosphère, la Vie disparaîtrait de notre globe. C’est aussi la pression atmosphérique qui maintient l’eau à l’état liquide ; sans elle, ces eaux, qui recouvrent les trois quarts de la Terre, s’évaporeraient rapidement.
L’EAU
L’eau constitue, pour ainsi dire, le sang de notre Planète, c’est la Vie liquide prête à être distribuée. Là, grâce encore à la science, grâce à l’intervention du microscope, nous pouvons constater qu’une seule goutte d’eau renferme des milliers d’infiniment petits, c’est donc une véritable gelée vivante.
Des anatomistes de valeur, MM. Delage et Bovin, ont fait des expériences de parthénogenèse, c’est-à-dire qu’ils ont essayé de produire avec de l’eau de mer la fécondation sans le secours d’aucun mâle ; simplement, ils ont additionné cette eau avec un peu de tannate d’ammoniaque. Au bout de dix-huit heures, le bocal fourmillait de larves nageantes. M. Delage a réussi à élever un certain nombre de petites étoiles de mer et des oursins ainsi obtenus.
LA TERRE
La terre, ou continents, occupe le quart du Globe ; c’est une masse matérielle formée par des molécules innombrables, pourvues chacune d’une vie propre et se groupant par sympathie. Les unes, les plus rapprochées, forment le squelette de la terre ou les rochers ; les autres, plus espacées, forment la terre végétale et les engrais ; tandis que les molécules réfringentes, qui condensent la Lumière, vont former une vraie richesse enfouie dans le sein de la Terre ; ce sont les divers métaux : or, argent, cuivre, fer, plomb, etc., etc.
Ces trois variétés de molécules se trouvent également dans l’eau et dans l’air ; elles donnent naissance aussi à des produits plus ou moins distincts, selon leur état de pureté naturel ; mais avec cette différence que les molécules de l’eau sont fluides, celles de l’air sont gazeuses et que celles de la terre sont matérielles.
Ces trois océans : gazeux, humide et matériel, grouillant de vie, forment les trois mères de toute existence manifestée. Ces trois forces vont mutuellement concourir à la formation des organes nécessaires à l’évolution de la Planète ; ce sont les éléments collectifs ou foyers de production dans lesquels va puiser la Vie circulante.
Tout d’abord, après la formation des trois éléments, les végétaux se sont manifestés sous des myriades de formes et d’espèces, tapissant de leur parure toute la surface libre de la Terre, formant les forêts des continents et des îles.
Puis, c’est l’animalité, élément plus subtil qui prend naissance ; cet élément va constituer tout à la fois le principe de Vie et la cause destructive du règne végétal ; d’une part, les végétaux sont absorbés par le règne animal et, d’autre part, après leur mort, le corps des animaux forme l’engrais de la terre végétale.
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La nature, relativement à notre Globe, est un vaste laboratoire qui a pour mission l’élaboration de la Vie. C’est un grenier d’abondance dans lequel puise tout ce qui vit et où retournent les éléments après la mort des individus.
La forme importe peu à cette grande force vivante, elle ne vise que le but d’affirmer sa puissance de Vie. Pour y arriver, elle a à sa disposition toute la gent terrestre, qui constitue pour elle un nombre sans fin de laboratoires. Les minéraux, les végétaux, chaque famille, chaque animal, l’homme même, constituent tous autant de foyers qu’elle dirige.
Mais qu’est-ce donc que la Vie ?
La Vie est une essence qui s’est dérobée jusqu’ici à toutes les investigations de nos savants modernes, pour la raison qu’anatomistes, biologistes ou naturalistes, tous se sont égarés dans la matière, en ne donnant de valeur qu’à ses formes.
Nous n’ignorons pas qu’après la Création des règnes inférieurs, les humains se sont montrés successivement sous l’aspect de races variées : rouge, noire, jaune et blanche.
Et, si nous jetons nos regards sur l’embryologie humaine, cette branche de la science qui relate le développement de l’homme, nous sommes émerveillés de constater que l’être humain manifeste dans sa période embryonnaire les phases successives du minéral, du végétal et qu’il décrit aussi toutes les phases de l’animalité qui tient la tête des séries.
Nous sommes forcés de conclure que la Terre a été créée pour les humains.
Actuellement la Terre nourrit un milliard quatre cents millions d’êtres humains.
Qu’est donc ce Roi de la création, et pourquoi l’homme a-t-il été créé ?
Si, pour la première réponse, nous interrogeons la machine humaine ou corps, la physiologie et l’anatomie nous répondent que l’homme respire, boit, mange, se reproduit et meurt tout comme les animaux, et que ce corps est formé de molécules qui ont été plantes, fleurs, fruits, animaux et minéraux.
Les découvertes de Pasteur ont jeté une perturbation sur les bases de la médecine et de la chirurgie, mais déjà ces deux branches scientifiques se renouvellent de leurs cendres ; et elles ressuscitent avec un fleuron de plus à leur couronne, car désormais elles marcheront en avant vers les forces.
Dans sa « Chimie organique », merveilleuse de résultats, Berthelot n’a pas produit autre chose que quelques transformations très simples que la nature opère sans relâche, avec ses forces variées et son être unique, mais libre : le protozoaire.
Un jour viendra, n’en doutons pas, où tous les savants feront de la vie véritable une question de liberté. Et, à partir de là, tout corps grossier qui se présentera sous la forme minérale ou autre sera considéré comme un tombeau pour la Vie. Peu leur importera la forme, si ce n’est pour en libérer les molécules qui serviront à expérimenter la force. Puis, la grande Cause finira elle-même par être découverte. Cette Cause qui a fait le désespoir de Newton et qui lui a échappé simplement parce que cet illustre savant s’est appuyé sur Kepler et que ce dernier plaçait mal le moteur de la force.
Oui, Newton a donné, sans en connaître la cause, ce splendide système de mécanique sidérale qui permet à nos Poincaré, Flammarion et autres mathématiciens de produire de merveilleux résultats dans la mécanique céleste et la philosophie.
Il en est de même de la force électrique inorganique, de laquelle nos inventeurs tirent : lumière, chaleur, télégraphie sans fil, etc., etc., force qui donne autant de réussites que d’essais et ne cesse de mystifier, non seulement les profanes, mais aussi les savants qui ne parviennent pas à nous en expliquer la cause déterminante.
Si la matière grossière existe, c’est qu’elle était utile à l’évolution du règne hominal. La nature a fait sourdre ce règne successivement en commençant par les tissus les plus inférieurs ; de là les règnes minéral et végétal. Puis cette grande mère commune a procédé à l’élaboration des organes utiles à ses enfants, en débutant par les organes les plus inférieurs ; de là l’apparition de l’animalité.
L’homme n’a donc pas été créé pour la vie matérielle, cette vie n’est que la résultante d’un cerveau inférieur, c’est le cerveau des invertébrés. Ce même cerveau a été donné à l’homme pour que sa vie organique soit assurée, sans que le maître de céans ou l’esprit en soit troublé dans les créations qui égalent ses idées. Nous pouvons donc dire que le savant qui passe sa vie dans l’étude de la matière marche sur la tête.
⁂
Les débuts des Terriens ont été tout d’abord pénibles, en raison des luttes qu’ils eurent à soutenir contre les éléments et contre les animaux. Mais après leur victoire, il s’est développé sur la terre une période appelée « l’Âge d’Or ». Tant que la Terre, ce protozoaire universel, n’est pas arrivée à son maximum de développement, une force unique, la Nature, dirigeait le règne hominal et, partant, l’ordre, l’harmonie, source du bonheur, régnaient sur la Terre. Mais dès que les hommes commencèrent à créer des idées, il s’est déchaîné une multitude de forces supérieures aux forces naturelles qui déterminèrent de grandes perturbations.
Mais une Puissance souverainement féconde nous fut donnée par la Parole du Christ.
Tout nous prouve que l’Élément involué au moment de la maturité de l’œuf terrestre est bien le Principe de l’humanité intégrale. L’étude des Œuvres de l’Homme Divin, l’histoire de sa Vie, de sa Mort, parmi nous, tout cela constitue un douloureux, mais combien éloquent poème, nous prouvant son amour pour les hommes.
Non seulement Il nous dit : « Aimez-vous les uns les autres », mais Il nous a donné l’exemple. Sa Vie a été une longue manifestation de son amour même ! Sa Mort a formé le couronnement de cet amour : elle est aussi le Symbole de la liberté qui doit précéder le règne de l’amour. Et son Évangile, l’Évangile de l’Esprit, qui constitue le plus beau chef-d’œuvre de la création humaine, est une synthèse de prophéties scientifiques et religieuses pour l’homme qui sait y lire. C’est un exposé de preuves mathématiques démontrées que, tant qu’il existera des hommes malheureux sur la Terre, nul être humain ne pourra être véritablement heureux ; que toujours le malheur des uns retombe sur tous les autres.
Telle est la synthèse de la Parole de l’Homme Divin.
Est-il nécessaire de nous étendre sur l’influence morale produite sur les Hommes depuis cette fécondation ? Nous n’avons, je crois, qu’à constater que sur tous les points du globe surgissent comme par enchantement des œuvres de solidarité ; et, si l’égoïsme persiste encore en nous, nous avons du moins la pudeur de le dissimuler sous des actes de bonté manifeste. Au point de vue de la science, il est inutile d’insister sur la rapidité de ses progrès manifestés en France.
D’ici peu, nous exposerons, dans une autre causerie, le développement de l’homme. En attendant, disons que chaque être humain représente, relativement à l’espace, décrit tout à l’heure, une cellule en puissance d’être ; que cet homme, que cette cellule subit l’influence du milieu dans lequel elle se développe.
Les parents, les relations, les éducateurs, tous les préjugés de castes et de religions, tout cela constitue autant d’anneaux qui détiennent l’homme.
L’être humain a encore une lutte à soutenir contre lui-même, contre son cerveau inférieur si utile à sa vie et qui développe aussi les passions.
Ces passions, qui se transforment en aptitudes lorsqu’elles sont dirigées vers la Vérité, font de l’homme un être supérieur, un savant, un génie, ou plus simplement un homme de cœur, aimant son semblable et dévoué au bonheur de la Société ; mais elles aussi peuvent stimuler l’erreur, transformer ces mêmes humains en êtres viciés, jetant consciemment ou non le trouble sur la Terre.
Il est donc indispensable à l’homme qui veut paver sa dette à l’humanité, pour s’élever lui-même ensuite, de revendiquer le libre arbitre de son intelligence ; c’est-à-dire de n’admettre nul principe scientifique ou religieux sans en rechercher la source. Et cet investigateur tiendra compte aussi qu’un élément a pu être excellent à une certaine période moins avancée de l’humanité, mais que dans la suite il devient un objet encombrant et que sa disparition devient utile à l’évolution.
Dès maintenant, nous sommes donc autorisés à dire que pour arriver à son évolution idéale, la partie opaque de notre Planète doit se transformer en substance radiante, se dépouiller de son corps grossier pour s’élever, telle l’âme humaine après la mort.
Cet exposé est plutôt consolant et, quelles que soient les modifications violentes que doive subir l’élément terrestre physiquement ou l’élément humain socialement, comme nous pouvons le constater dans ces temps troublés de désastres qui terrifient la masse humaine en raison de son ignorance de l’au-delà, nous devons, nous, croyants, reconnaître dans ces phénomènes les signes révélateurs de la marche du monde vers un avenir meilleur.
DUCARRE-COGNARD.
Paru dans Psyché, revue du spiritualisme intégral
en mars-avril 1923.