La « Reine » dans le poème divin de Dante

 

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

 

Lina GAZZOLA GRISANTI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un jour, un éminent Cardinal, entendant parler de l’Œuvre de « la Royauté de Marie », qui à ce moment venait à peine de naître, fut rempli d’un saint enthousiasme et s’écria : « ... mais toute la Divine Comédie est le poème de la Royauté de Marie. »

Comme il avait raison !

En effet, tout le poème de Dante n’est qu’un hymne à l’amour et à la justice de Dieu ; et il arrive jusqu’à l’infinie Majesté grâce à l’intervention continue, providentielle, inlassable, miséricordieuse et réconfortante de Marie :

« ... la Reine du ciel » (Par. XXXI, 100), que Dante appelle encore

« ... Souveraine du ciel » (Par. XXXII, 29), précisément pour signifier le domaine, la souveraineté de Celle que lui, l’humble poète, aime ardemment parce que fils contrit et fervent qui voit

 

« ... la Reine

à laquelle tout ce royaume est soumis et dévoué »

(Par. XXXI, 116).

 

Et c’est lui qui, avec feu,

 

« Regarde les yeux de notre Reine »

(Par. XXXII, 104),

 

La supplie, L’invoque et L’exalte :

 

« Je te prie encore, ô Reine, qui peux ce que tu veux... »

(Par. XXXIII, 34).

 

Et ces accents de dévouement passionné lui valent le don de la vision béatifique, tandis que lui reste, à jamais, avec la douceur des beautés qu’il a vues, l’impérissable souvenir du chant paradisiaque en l’honneur de la « ... souriante Beauté du ciel empyrée », à Laquelle les élus redisent sans cesse

 

« “Reine du ciel”, qu’ils chantent avec tant de douceur que jamais ce charme ne s’effacera de ma mémoire »

(Par. XXIII, 127).

 

C’est ainsi que notre sublime Poète a voulu montrer la puissance de la Vierge, vraie Souveraine des trois Royaumes de l’au-delà.

Du « Royaume des douleurs » (Enf. XXXIV, 27) : Marie est la Reine de la justice et elle doit écraser le mal de son pied immaculé, et par Elle, le démon est confié à son propre domaine.

Du « second Royaume » (Purg. I, 2) : c’est à Elle, Reine d’amour et de miséricorde, que s’adressent les supplications des légions d’âmes souffrantes et pénitentes qui implorent la grâce souveraine de « monter aux étoiles » (Purg. XXXIII, 145).

Mais c’est surtout dans le « bienheureux Royaume » (Par. I, 23), que se manifeste, dans toute sa majesté, la puissance de Marie, par la volonté de la « Toute-Puissance divine, de la Souveraine Sagesse et du Premier Amour » (Enf. III, 5, 6), et c’est là que, en véritable Reine, Elle participe à la beauté incréée du Royaume « qui n’a pour confins que l’amour et la lumière » (Par. XXVIII, 54), du bienheureux Royaume de l’insondable Trinité dont Elle est la Fille, la Mère et l’Épouse bien-aimée.

Dans la plénitude de l’éternel amour, Marie, de par sa sublime dignité, intercède pour nous, nous obtient et nous dispense toute grâce, et c’est dans la gloire de cette lumière que resplendit son diadème.

Et c’est ainsi que la belle, que la puissante, que la très douce, « humble et grande à la fois plus que toute autre créature », est pour Dante la Femme sublime, la Reine.

De même que Dante, de la forêt obscure, a su, grâce à l’aide de la grande Souveraine, s’élever, dans son merveilleux poème, jusqu’au plus haut des cieux, de même nous aussi, nous pouvons espérer, grâce à Elle, arriver, de cette pauvre vallée de larmes jusqu’a ce suave Royaume où se trouve

 

« l’Amour qui meut le soleil et les autres étoiles ».

(Par. XXXIII, 145)

 

 

 

Lina GAZZOLA GRISANTI.

 

Paru dans la revue Marie en 1948.

 

 

 

 

 

 

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