Histoire et légende du pape Gerbert

 

SYLVESTRE II

(999-1003)

 

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

 

Émile GEBHART

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

I

 

 

L’HISTOIRE

 

 

J’ai rencontré bien des fois, dans mes promenades à travers l’histoire du Moyen Âge italien, la figure énigmatique, douloureuse, du grand moine d’Aurillac que l’amitié des empereurs de la dynastie saxonne fit monter jusqu’à la chaire apostolique, qui gouverna l’Église en un temps de prodigieuses misères, ennoblit pour quelques jours le siège pontifical par l’austérité de sa vie et par la science et mourut sur le seuil du XIe siècle, avec le pressentiment triste des mauvais jours réservés à Rome, de la barbarie où la chrétienté était condamnée à se débattre durant des années sans nombre.

Il rompit la série tragique de ces Papes et de ces antipapes sortis des terribles familles féodales de Tusculum ; entre Grégoire le Grand et Grégoire VII, personne ne paraissait plus digne que lui de présider aux destinées temporelles du christianisme.

Ses lettres, publiées en 1889 par Julien Havet, en bon ordre chronologique, nous rendaient l’image d’un génie assurément extraordinaire pour son époque : un homme d’État, doué de la lucidité d’esprit, un peu sèche, des logiciens et des géomètres ; un lettré, presque un humaniste, qui vénérait l’Antiquité pour la sagesse de ses philosophes comme pour la grâce de ses poètes ; un prêtre d’âme très haute qui s’efforça de guérir les plaies profondes dont souffrait l’Église, un chrétien de raison généreuse qui crut à l’autonomie de la volonté et de la pensée humaines et put écrire, au déclin du Xe siècle, cette maxime : « Dans les choses de l’action, l’humanité tient le premier rôle ; dans la spéculation pure, c’est Dieu qui est le premier. »

 

 

 

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Que le Pape Gerbert, Sylvestre II, ait été un évêque très chaste, qu’il ait purifié le Latran par sa gravité monacale au temps des grands anachorètes saint Nil et saint Romuald ; qu’un siècle après Jean VIII il ait soutenu l’Église romaine par sa fermeté d’esprit politique, je ne vois encore en ceci rien de bien singulier, aucun étonnement pour l’historien.

Mais qu’il ait conservé, parmi les malheurs de son âge, en pleine tempête, la sérénité rationnelle ; qu’à Rome encore frémissante de la révolte de Crescentius, en face d’un patriciat féroce et d’une populace sauvage, il ait poursuivi tranquillement ses recherches mathématiques, astronomiques, mécaniques ; qu’il ait manifesté depuis sa jeunesse un si grand amour pour les lettres antiques, en un temps où, selon le moine Raoul Glaber, beaucoup de personnes « périrent par le fer et par le feu » pour avoir professé une trop vive admiration à l’égard de Virgile, de Juvénal, d’Horace, cela est merveilleux.

« Il faut avoir pénétré dans l’horreur de ces temps troublés, sanglants, écrit le P. Lapôtre, en son émouvante histoire de Jean VIII ; c’est l’époque où toute vie intellectuelle semble s’arrêter autour du Latran... Les clercs de l’Église romaine n’ont même pas le courage de continuer l’histoire de leurs Pontifes. » La consciencieuse étude de M. Picavet, où l’œuvre savante du vieux Pape français est clairement exposée, justifiera désormais, à l’endroit de Gerbert, l’admiration de la postérité.

 

 

 

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Sylvestre II fut un initiateur, solitaire et perdu dans les ténèbres du Moyen Âge, comme un phare allumé sur les bords d’une mer déserte.

Il pouvait continuer la tradition mystique et scolastique de Jean Scot Érigène et pénétrer par la dialectique ou l’extase les mystères de la foi chrétienne. Il eût ainsi préparé les voies d’un Abélard ou d’un saint Thomas d’Aquin.

Un hasard de la fortune le porta, très jeune encore, du côté des sciences idéales, les mathématiques et les sciences positives qu’il étudia, non point dans l’ombre d’un cloître, mais en Espagne, près de la grande école des Arabes.

Un jour, raconte le chroniqueur Richer, Borel, duc d’Espagne citérieure, vint pour prier au monastère d’Aurillac. L’abbé demanda à l’étranger s’il avait dans son pays des hommes « fort habiles dans les arts ». Borel répondit affirmativement, et l’abbé l’invita à emmener avec lui l’un de ses novices. C’est ainsi que Gerbert, confié par le duc à l’évêque de Vich, commença l’étude des mathématiques.

Il n’alla certainement point à Cordoue, foyer de l’islamisme en Occident. Mais la culture arabe s’étendait chez les peuples chrétiens de la péninsule, en Catalogne comme dans les Asturies.

Le jeune moine, en trois années, devint un maître, et, le duc Borel l’ayant emmené à Rome, le Pape Jean XIII le présenta à l’empereur Otton Ier qui prit Gerbert en amitié, le retint dans la ville sainte et le chargea, sans doute, d’enseigner la géométrie à Otton II.

Dès ce jour, il est le client de l’Empire et sa destinée politique est fixée. Sans doute, il y aida par un peu de cette « industria » que ses contemporains et les moines du XIe siècle, qui n’entendaient rien à la finesse d’esprit, lui ont amèrement reproché.

 

 

 

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Ce spéculatif qui se relève, la nuit, pour suivre la marche des étoiles, construit des sphères, invente des machines astronomiques, s’applique avec un soin extrême à l’art de connaître, de charmer et de conduire les âmes.

À Reims, écolâtre et abbé, à la grande abbaye de Bobbio dont l’empereur lui impose le gouvernement, puis, archevêque de Reims, archevêque de Ravenne, il apparaît toujours le même homme.

Il amasse en lui tout le savoir humain ; à ses premières études de géomètre et d’astronome, il joint le droit canon, la physique, la logique, la médecine, la musique ; il écrit sur l’arithmétique, la rhétorique, la dialectique, la morale ; en même temps qu’il dirige vers les astres de longs tubes creux, fabrique des « abaques » et des cadrans solaires, il s’occupe des maladies de ses amis et des remèdes qui les guériront, il compose un traité sur « le corps et le sang du Seigneur », aussi subtil que le chapitre de Jacques de Vitry sur le même sujet.

À travers ses multiples travaux, son souci perpétuel, l’une de ses pensées les plus chères est pour Cicéron et pour Virgile, dont il recherche les livres avec la passion d’un lettré de la Renaissance.

Certes, il avait le droit, pour satisfaire les ambitions de son esprit, de s’enfermer en sa cellule de bénédictin, de détourner les yeux du spectacle lamentable du monde et de l’Église, afin de rêver librement aux choses divines et d’interroger en paix les secrets de la nature.

Songez que ce docteur n’eut rien de la raideur et de la dureté de certains ascètes ; que son âme, ouverte à tous les sentiments délicats, à l’amitié, à la miséricorde, à la tendresse, souffrait cruellement de la brutalité et de la corruption de son siècle. En 984, sous Boniface VII, qui fut antipape avant d’être Pape et fut accusé de la mort trop prompte de Benoît VI et de Jean XIV, Gerbert s’était mis en route pour Rome ; mais l’Italie lui fit peur, il rebroussa chemin et écrivit à un diacre de la Curie pontificale : « Le monde a horreur des mœurs des Romains. En quel état est Rome ! Quels hommes sont aujourd’hui les maîtres de l’Église ! »

La même année, il avait écrit de Bobbio à l’abbé de Saint-Géraud d’Aurillac : « L’Église va périr, l’Église va périr, mon père. Le sanctuaire de Dieu est envahi. » Et, cependant, il demeure debout, sur les degrés de l’autel, pour en chasser les barbares, les simoniaques, les brigands et les impurs.

 

 

 

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Abbé, évêque et Pape, il combat sans trêve contre les seigneurs qui dépouillent les monastères, contre Hugues Capet qui opprime l’épiscopat, contre l’empereur lui-même, son patron, l’empereur Otton III, vicaire visible de Dieu, qui, sur la foi d’un songe, l’empêche de chasser de Rome les mauvais moines.

Sa paternelle sollicitude veille anxieusement sur les frères que l’Église lui a confiés. Il écrit de son abbaye italienne à Otton III : « J’aimerais mieux vous annoncer des choses gaies que des choses tristes ; mais quand je vois mes moines exténués par la faim, privés de vêtements, comment garder le silence ?... Tout le sanctuaire du Seigneur est vendu. Nulle part, on ne trouve l’argent de ces ventes ; les caves, les greniers, sont épuisés et la bourse est vide... Que fais-je donc ici, pauvre pécheur ? Mieux vaudrait vivre seul, dans l’indigence, parmi les Francs, que de mendier avec tant de nécessiteux en Italie. »

Il écrit à un seigneur de grands chemins : « Restituez au bienheureux Colomban le foin que vos gens ont emporté ».

 

 

 

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À Pierre, évêque de Pavie : « Vous ne cessez de dépouiller notre Église. Ravissez, volez, excitez contre nous les forces de l’Italie, le moment est favorable. Notre maître est occupé ailleurs. »

Mais si l’intérêt suprême de la chrétienté lui paraît compromis par les violences de Rome, si quelque sentence du Souverain Pontife contredit l’Évangile et blesse sa conscience, l’indomptable moine écrira à l’archevêque de Sens, quatre années avant de monter lui-même sur la chaire de Saint-Pierre : « On dit qu’à Rome il y a quelqu’un qui justifie ce que vous condamnez et qui condamne ce que vous trouvez juste. Et moi je dis qu’à Dieu seul et non pas à un homme il appartient de condamner ce qui semblait juste et de justifier ce que l’on regardait comme mauvais... Le premier évêque romain, prince des apôtres, nous crie : “Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.” »

Otton III, qui disposait du siège pontifical, appela Gerbert de son diocèse de Ravenne, à la mort de Grégoire V, et le fit sacrer évêque de l’Église universelle le dimanche des Rameaux de l’année 999.

Sylvestre II fut Pape pendant quatre ans. Entre l’empereur trop jeune et le Pape trop savant, dans les colloques solennels du Latran, s’établit une communauté d’espérances et de chimères qui devaient leur survivre longtemps et troubler de la façon la plus grave la paix de l’Italie et de l’Occident chrétien.

Trop fidèles aux souvenirs de l’Antiquité qui les consolaient sans doute des tristesses présentes, ils rêvèrent de restaurer le vieil empire œcuménique de Constantin, d’imposer à l’univers une monarchie unique, possédée et gouvernée fraternellement par le Pape et l’empereur, « ces deux moitiés de Dieu » ; pour la première fois, peut-être, Gerbert abusait de la méthode des géomètres et réduisait les choses humaines à un pur théorème de mécanique.

 

 

 

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La mort mit brusquement fin à cette grande vision. Otton III fut emporté par un mal mystérieux avant d’avoir accompli sa vingt-deuxième année, le 23 janvier 1003 : Sylvestre mourut à Rome le 12 mai 1003.

Ce Pape étrange, qui précéda Roger Bacon et Raymond Lulle et, de très loin, du fond de sa nuit, tendit la main à Pétrarque, devait payer la rançon de son génie par une légende fort déplaisante, commencée de son vivant, que j’exposerai maintenant à mes lecteurs.

 

 

 

 

 

 

 

II

 

 

SA LÉGENDE

 

 

Ce fut une légende fort étrange, qui commença du vivant même de Sylvestre II et se prolongea jusqu’à la fin du XVe siècle où elle reparaît encore en un passage du chroniqueur des Papes, Platina.

Les éléments de cette légende sont variés et complexes, comme la coalition des haines politiques, des superstitions et des sottises qui se liguèrent contre le mystérieux Pontife. Toutes les misères intellectuelles ou morales du Moyen Âge semblent s’être entendues pour accabler cette grande mémoire ; la perversité de ceux qui ne pardonnaient point au moine d’Aurillac l’éclat de sa fortune et l’austérité de sa discipline, l’hostilité des Italiens, des nobles de Rome, des barons du Latium, qui préférèrent toujours un Pape romain à un Pape français, si vertueux ou savant qu’il fût ; enfin et surtout l’effarement et l’angoisse des simples, des ignorants.

À l’époque, formidablement candide de Sylvestre II, une clarté trop brusque projetée à travers le brouillard où languissaient les âmes semblait un reflet venu des soupiraux de l’Enfer.

Toutes les consciences troubles et tous les pauvres d’esprit proclamèrent donc que Gerbert s’était livré au diable et qu’il était, sur le siège apostolique, une figure de l’Antéchrist, le vicaire visible de Satan.

 

 

 

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Ils le crièrent même si haut que leur voix parvint jusqu’à Victor Hugo qui cherchait alors quelque Pape à clouer au pilori romantique, à côté de quelques rois ou empereurs.

Gerbert, l’âme livrée aux sombres aventures, parut au poète très propre à recevoir une sérieuse flagellation en compagnie d’Urbain VIII (?), de Sixte-Quint, de Paul III, d’Innocent III, non loin d’Attila, de Caïphe et, bien entendu, de la famille Borgia, sans oublier Tibère, Tamerlan, Amilcar, Phalaris et plusieurs autres personnes fort compromises dans l’histoire universelle.

Et cependant Gerbert ne rend ici aucun service à la rime. Mais le grand poète avait ouï dire que ce Pape s’abandonnait aux plus noirs maléfices des sciences occultes. Il fut très aise de retrouver en lui un Claude Frollo colossal, drapé dans la chape de pourpre, la tête écrasée sous la tiare pontificale !

 

               Une grande tiare est sur nos fronts étroits.

 

Je le reconnais volontiers : cette légende satanique était fatale. La terreur du démon possédait alors les âmes. La religion du diable grandissait à vue d’œil, propagée par les premiers adeptes du manichéisme oriental.

Les mathématiques étaient alors suspectes, l’astronomie semblait une opération démoniaque. Pour les hommes de cet âge, tout phénomène inattendu apparaissant au ciel : une éclipse, une comète, était le signe manifeste de la colère capricieuse de Dieu.

Prétendre surprendre le secret des astres, n’était-ce pas une curiosité impie et quel autre que le Malin pouvait donc chuchoter à l’oreille d’un homme la révélation de ces grands mystères ! Quant aux poètes antiques, n’étaient-ils point les interprètes des faux dieux, conseillers d’athéisme et de luxure ?

Un incident singulier de la jeunesse de Gerbert, son séjour en Espagne, devait achever de le perdre dans l’esprit de ses contemporains.

On assura qu’il avait visité Cordoue et que les prêtres de Mahomet lui avaient enseigné la magie, la nécromancie, toutes les sciences de l’Enfer, même la signification du chant et du vol des oiseaux.

M. Picavet estime que la légende de Silvestre s’est formée par développement progressif d’âge en âge.

Je suis plus porté à croire que, dès l’origine, même au Latran et dans le vestibule de la chambre du Pape, la légende était constituée et demeura dans la tradition où les chroniqueurs du XIIe et du XIIIe siècle la recueillirent, de la même manière que Jacques de Voragine retrouva, à l’ombre de tous les cloîtres d’Italie, les histoires séculaires de sa Légende dorée.

La légende du Pape français, œuvre spontanée de l’imagination et des superstitions populaires, eut une croissance rapide.

Gerbert, jeune homme, dit cette légende, était, en Espagne, l’hôte d’un Arabe très savant qui prêtait ses livres à copier. Ce Sarrasin possédait un trésor qu’il cachait jalousement : un livre renfermant « tout ce qu’un homme peut savoir ». Gerbert déroba le bréviaire magique. L’Arabe, s’étant réveillé, consulte les astres qui lui dénoncent le chemin suivi par le ravisseur et court sur ses talons. Gerbert soupçonnant le danger, se cache sous un pont de bois, s’accroche à une poutre, de manière à ne toucher ni l’eau ni la terre. Le docteur musulman, dépourvu de malice, perd la trace de son homme.

Celui-ci arrive à la mer, invoque le diable, lui jure un éternel hommage s’il le transporte, séance tenante, de l’autre côté de la mer. Satan ne demande pas mieux que de déposer sur les rives de France son nouveau converti. Gerbert devient un grand scolastique.

Tourmenté d’ambition mondaine, il interroge un jour le démon sur sa destinée terrestre : « Tu passeras, répond le noir prophète, de R en R : puis Pape, tu brilleras en R. » Cela était fort clair, dit Orderic Vital, contemporain d’Abélard. Reims, Ravenne, Rome, les trois évêchés de Gerbert ; le diable connaît son alphabet.

 

 

 

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Une fois Pape, dit encore la légende, Gerbert rechercha les trésors enfouis par les païens. Il comprit que l’ombre de la main étendue d’une statue d’airain dressée au Champ-de-Mars, avec cette inscription : « Frappe ici ! » désignait, à l’heure précise de midi, l’entrée d’un souterrain.

À midi, aidé d’un serviteur muni d’une lanterne, il creusa la terre et pénétra en un lieu merveilleux encombré de statues d’or, éclairé par une énorme escarboucle. Un enfant, armé d’un arc tendu, se tenait debout au milieu du trésor. Les statues frémissaient d’une façon menaçante quand on les touchait. Le serviteur du Pape, ayant adroitement dérobé un couteau d’or, toutes les statues se dressèrent avec fureur, et l’enfant tira sa flèche contre l’escarboucle qui s’éteignit, et Gerbert, épouvanté par cette nuit formidable, remonta en toute hâte, à la lueur douteuse de sa lanterne, dans les brouillards du Champ-de-Mars.

Il eût voulu ne jamais mourir. Il demanda, un jour, à une tête magique qu’il avait fondue lui-même : « Mourrai-je avant de chanter la messe à Jérusalem ? – Non », dit la tête. Alors, il se crut éternel. Mais il oubliait l’église de Sainte-Croix-de-Jérusalem où le Pape chantait la messe trois dimanches par an.

À l’autel même de cette église, il se sentit frappé mortellement. Il fit appeler les cardinaux, confessa ses crimes et ordonna que son corps fût coupé en morceaux.

Il fut cependant enseveli, à Saint-Jean-de-Latran, en un sarcophage qui prit l’habitude de ruisseler extérieurement et d’inonder le sol du caveau chaque fois qu’un Pape allait mourir. Pour les cardinaux, le tombeau enchanté se contentait de paraître humide « comme si l’on venait de l’arroser ».

« Et cela étonne beaucoup de monde », écrit un vieux chroniqueur ecclésiastique. Flavina rapporte, d’après Martinus Polonus, que l’épitaphe même de Sylvestre II et le froissis des os donnent encore cette funèbre nouvelle. Mais, ajoute le scribe de Paul II, « c’est l’affaire des Papes que la chose intéresse de vérifier si cela est véritable ».

 

 

 

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Telle fut la légende du Pape Sylvestre II. Le souvenir de cet homme est bien pathétique. Il justifie la maxime douloureuse gravée sur la tombe d’Adrien VI, le successeur de Léon X, un Pape non Italien, lui aussi, et qui mourut comme Gerbert, frappé au cœur par le sentiment de son impuissance à relever les ruines de l’Église : Quantum refert in quae tempora vel optimi cujusque virtus incidat !

Oui, ce qui importe le plus, c’est de ne pas naître et de ne pas vivre en un siècle trop mauvais.

 

 

 

 

Émile GEBHART, Petite Légende dorée,

Bloud et Gay, 1914.

 

 

 

 

 

 

 

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