Infiniment petit, infiniment grand
L’atome est considéré, ainsi que son nom l’indique, comme une parcelle matérielle indivisible, en raison de sa petitesse, par les forces physiques et chimiques, et formant la plus petite quantité d’un élément qui puisse entrer en combinaison. Aussi, pour l’apercevoir, il faut les yeux perçants d’un puissant microscope.
Si, à l’aide de ce merveilleux prospecteur, on examine une barre d’acier, on aperçoit les molécules qui la composent s’agiter avec une vitesse vertigineuse, rivalisant d’activité selon l’influence de leur polarité magnétique. Ce phénomène, que l’on pourrait attribuer à la vie minérale, tout extraordinaire qu’il nous apparaisse, n’est pas comparable au merveilleux que nous offre l’analyse d’une goutte d’eau pesant à peine un vingtième de gramme. M. Charles Nordmann vient de nous le prouver dans un article du Matin et que nous résumons ici :
La population moléculaire de cette goutte d’eau s’élève au nombre stupéfiant d’environ 2.000 milliards de milliards (2 suivi de 21 zéros), contrôlé par des méthodes positives récentes.
La voie lactée tout entière (1 milliard et demi d’étoiles) ne nous donne qu’une idée très approximative du nombre de molécules qui peuplent cette goutte d’eau, et, cependant, ce spectacle splendide déconcerte notre petitesse.
Mais, ici, le merveilleux grandit jusqu’à l’infini, sans quitter notre champ d’observation. Nous voyons que la plus infime molécule d’eau est composée de 2 atomes d’hydrogène et d’un atome d’oxygène. Ces atomes nous apparaissent comme les étoiles du ciel : un soleil central massif, autour duquel les planètes infimes tournent à des vitesses incroyables. Il est démontré que le soleil central de chaque atome est chargé d’électricité positive, et les planètes, qu’on appelle « électrons » d’électricité négative. Le nombre de ces électrons est de un dans l’atome d’hydrogène, de 8 pour l’atome d’oxygène et de 26 pour l’atome de fer, etc.
Chaque molécule d’eau apparaît donc formée de 3 soleils infimes gravitant l’un autour de l’autre : deux semblables (atomes d’hydrogène) et l’autre (l’atome d’oxygène) plus lourd, entraînant avec lui un cortège plus nombreux de planètes.
La constatation d’une activité parallèle, qui existe entre l’infiniment petit et notre immense système solaire, n’est-elle pas une révélation prodigieuse que la science nous apporte avec ses précisions mathématiques.
« À ceux qui ont soif d’échapper aux quotidiennes platitudes, la science offre sa coupe merveilleuse, car elle plane sur les ailes d’acier de la réalité. Et le réel sera toujours plus vaste et plus profond que toutes nos pauvres rêveries d’enfantelets. »
L’infiniment petit, comme l’infiniment grand, reflètent partout l’infinie puissance de leur auteur.
Tu voulus, Seigneur, que l’homme apprît à te connaître !
C’est ainsi que celui qui n’a point laissé sombrer dans l’orgueil les dons de Ton Esprit, découvre, en parcourant l’infini de Tes océans, la munificence de Ton Amour.
Daniel LIBERT.
Paru dans Psyché en 1910.