La confiance
par
PHANEG
Écoutons encore la voix, dans le silence de nos âmes : que Votre cœur ne se trouble pas ; confiez-vous en Dieu et en moi.
Dans le chemin, votre cœur se troublera souvent ; toutes les fois que vous douterez, et surtout que vous raisonnerez. La vérité est simple et votre cerveau compliqué. À chacun de vos pas en avant, l’adversaire cherchera à jeter l’inquiétude en vous. Il y réussira chaque fois qu’au lieu d’agir, vous voudrez discuter, ou même chercher dans la raison, une vérité vivante qui peut être seulement dans votre cœur. Notez bien que vous n’avez pas à interroger votre raison, parce qu’elle ne peut absolument pas renfermer ce que vous cherchez. Pour vous elle constitue seulement un frein. Ah ! même les disciples, mêmes les compagnons choisis que Jésus appelait ses chers enfants, quand ils entendirent la définitive et profonde parole : Aimez-vous ! comme ils se troublèrent au lieu d’aimer ! Il est difficile, en effet, d’ouvrir son cœur, ses bras, son sourire, de se donner à ses frères ! Comme c’est dur de nous oublier pour eux, toujours ! Aussi le Seigneur, l’Ami surnaturel, dès qu’il discerne entre eux cette hésitation, avec quelle bonté ne leur donne-t-il pas la façon d’en guérir ! D’abord par la confiance, ensuite parce qu’il y a plusieurs demeures dans le royaume du Père. Profitons aussi, mes amis, de cet enseignement direct de Jésus.
Ah ! qu’il est doux et puissant ce mot « confiance ». Comme il parle par lui-même ! N’y trouvons-nous pas le mot ancien « fiance » qui voulait dire foi ! Et la confiance est, en effet, la pierre secrète et solide sur laquelle s’établirent les premières bases de la foi en nos cœurs. Au contraire, la défiance est une force destructive, mais la confiance construit. L’homme s’est tellement éloigné des sources de la vie véritable que cette vertu humaine, la confiance, a mille peines à naître en lui. Par sa parole créatrice, Jésus a heureusement multiplié la puissance de cette belle créature spirituelle et, peu à peu, à force de parler à notre cœur, elle finit par en chasser l’Être terrible, son adversaire la défiance, créature infernale. Alors, notre vie secrète nous devient un peu perceptible, nous nous ouvrons pour ainsi dire au lieu de nous fermer, et la douce confiance naît en nous, pour un homme d’abord, pour Dieu et Jésus, ensuite. Ah ! c’est alors la fin des troubles et des souffrances. Par la voix de cet Être si sublime, quelques paroles du Christ vivant trouvent le chemin de notre cœur. L’amour naît aussi et nous découvrons la possibilité d’obéir à notre maître, de nous aimer les uns les autres à son exemple.
Puis, pour rassurer encore ses amis, le Maître leur explique qu’il y a plusieurs demeures dans le Royaume de son Père.
Ainsi, ils pénétreront d’abord dans celle de ces parties du ciel qui seront plus rapprochées, moins loin, moins difficiles à atteindre. Là, Jésus leur préparera une place et il reviendra les chercher pour les conduire auprès de Lui. Ainsi, la loi de la hiérarchie se fera sentir même dans le ciel. Et cela ne peut que nous encourager à chasser les craintes et les doutes qu’à maintes reprises l’Ennemi cherchera à nous inspirer, en se basant sur les difficultés énormes, il est vrai, mais non insurmontables, qui nous attendent si nous voulons suivre le Christ.
S’il y a plusieurs demeures, chacune d’elle sera comme un royaume avec des lois particulièrement plus compréhensibles pour certains d’entre nous. S’il y a plusieurs demeures, dans chacune d’elle régnera soit l’Amour, soit la Sagesse, soit la Puissance, soit la Lumière, etc. Et enfin, au centre, Jésus qui concentre en Lui-même tout ce que nous pouvons supposer de ces attributs de la vie absolue, et mille fois plus encore, Jésus, notre ami, nous prendra avec Lui au sortir de ces multiples demeures du Père dans lesquelles, je suppose, nous passerons tour à tour. Mais ce sont là des extases qui nous emportent trop loin de la Terre. Retenons surtout, de ces paroles de Jésus, que nous devons ouvrir toutes grandes et, de suite, les portes de nos demeures intérieures afin qu’y pénètre la douce et divine confiance, fille du Père. Retenons aussi la promesse formelle de Jésus qu’il nous garde notre place pour l’Éternité.
PHANEG.
Conférence reproduite dans Psyché,
revue du spiritualisme intégral,
en février 1923.