SENS SPIRITUEL

 

DE

 

L’ORAISON DOMINICALE,

 

EXPLIQUÉ

 

PAR DIVERS PASSAGES DES ÉCRITS

 

D’EMMANUEL SWEDENBORG.

 

SECONDE ÉDITION,

 

PUBLIÉE PAR UN AMI DE LA VÉRITÉ

 

 

 

 

BRUXELLES,

 

DE L’IMPRIMERIE DE J. MAUBACH,

 

IMPRIMEUR DE LL. AA. R. ET I. LE PRINCE ET LA PRINCESSE D’ORANGE

PLACE DE LOUVAIN.

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M. DCCC. XX.

 

 

 

 

 

 

PRÉFACE 1

 

 

LES avantages et la nécessité de la prière, pour ouvrir et former en l’homme la vie du ciel, qui est la vie de l’amour et de la sagesse céleste, et la rendre active, sont généralement reconnus et confessés par les chrétiens de toutes les communions.

 

Il est aussi généralement avoué que, de toutes les formules de prière existantes, celle qui est communément appelée la Prière du Seigneur ou l’Oraison dominicale est la plus excellente et la plus propre à produire ces heureux effets.

 

Et réellement, quand on considère que cette prière vient de la bouche de celui qui est l’amour infini et la sagesse infinie, et qu’elle doit par conséquent contenir les trésors infinis de cet amour et de cette sagesse, offerts à l’homme selon qu’il est disposé à les recevoir, nous ne devons pas être surpris qu’elle surpasse autant toute autre formule de prière faite par les hommes que la parole et la sagesse de Dieu surpassent celles de l’homme.

 

Mais quoique les avantages et la nécessité, ainsi que l’excellence de cette prière soient ainsi généralement reconnus, il est à craindre néanmoins que le nombre des chrétiens qui participent aux bienfaits qu’elle peut procurer ne soit fort petit en comparaison des autres.

 

Cela peut venir principalement de la fausse idée que l’on se fait communément de la vraie nature et du but de la prière, en la considérant uniquement comme destinée à toucher la Divinité et l’exciter à la miséricorde, sans qu’il soit besoin d’exciter ou d’effectuer en même temps dans l’homme quelque changement par lequel il soit rendu capable de recevoir la miséricorde ; tandis qu’il est évident, et par le témoignage de la Sainte Écriture ou de la Parole, et par les suggestions d’une raison éclairée, que la prière faite convenablement doit produire un effet important, opérer un changement notable dans les intérieurs de celui qui prie, de manière qu’ils soient rendus capables de recevoir les grâces et les vertus célestes, et ouverts dans un certain degré aux influences du ciel, selon ces promesses du Seigneur : Demandez et vous recevrez ; cherchez et vous trouverez ; frappez et on vous ouvrira ; car quiconque demande, reçoit ; et celui qui cherche, trouve ; et à celui qui frappe, on ouvrira. Matthieu, VII, 7. Luc XI, 9, 10. Demander, chercher et frapper se rapportent aux choses célestes, que l’homme trouve, qu’il reçoit et auxquelles les intérieurs sont ouverts par le moyen de la prière faite d’une manière convenable.

 

Cet effet de la prière, comme opérant sur l’esprit et produisant un changement dans l’état des intérieurs de celui qui prie, est ainsi décrit par l’auteur des ouvrages d’où les extraits suivants sont tirés.

 

« La prière considérée en elle-même est une conversation avec Dieu, est une certaine intuition intérieure des choses qui sont les objets de la prière, à laquelle correspond quelque chose de semblable à l’influx dans la perception ou la pensée de l’esprit de celui qui prie, de manière que c’est comme une ouverture des intérieurs de l’homme vers Dieu, mais avec quelque différence selon l’état de l’homme, et selon l’essence de la chose qui est l’objet de la prière. Si la prière est fondée sur l’amour et la foi concernant les choses célestes et spirituelles comme ses objets et ses fins, alors il y a dans la prière quelque chose qui ressemble à une révélation, laquelle est manifestée dans l’affection de la personne qui prie, telle que l’espérance, la consolation, ou quelque joie interne ; de là vient que prier dans le sens interne signifie être révélé. Arcanes célestes, n. 2535. »

 

Une autre raison pourquoi les bienfaits et les bénédictions de l’Oraison dominicale sont si peu connus et sentis est qu’aucune formule de prière ne peut être profitable à l’homme en tant que formule purement, même quoique la formule soit divine. Pour être profitable, elle doit être entendue, afin que les choses intérieures qui y sont contenues soient ouvertes et rendues manifestes aux yeux de l’entendement ; autrement la formule n’est qu’une prière de mots ou des lèvres. Il ne suffit pas même qu’elle soit entendue, ou que son contenu soit vu clairement par la vue intellectuelle ; pour être pleinement profitable elle doit aussi affecter la vie, ·c’est-à-dire, l’amour de la vie, de manière que l’affection et le désir de l’homme le poussent à chercher avec ardeur les choses pour lesquelles il prie ; autrement l’entendement et les lèvres seuls prient, et non la volonté ; et la prière sans la volonté manque de son essence et de sa vie.

 

Car il est bien à remarquer, selon le témoignage des sages de tous les temps, qu’il y a trois espèces ou degrés de prière. La première est celle de la bouche ou des lèvres seulement, qui est celle de l’homme purement naturel, qui prie sans entendement et sans désir ou volonté des choses qu’il demande. Cette prière, comme chacun le voit, est absolu ment vaine et inutile, parce qu’elle ne produit aucun effet sur les principes vivants de l’homme, qui sont la volonté et l’entendement, et le laisse par conséquent dans le même état de désordre et de souillure, aussi loin de la conjonction avec Dieu et le ciel que s’il n’avait jamais prié du tout. Néanmoins il est très-utile d’initier les enfants dans cette espèce ou degré de prière, comme un moyen pour eux d’atteindre à un plus haut degré, ce qui aura lieu assurément, pourvu qu’en grandissant, leur cœur et leur esprit soient affectés par les paroles qu’ils prononcent des lèvres. En attendant, l’usage de cette prière purement verbale les introduit dans l’habitude et les états de sainteté, tandis que leur innocence et leur ignorance excusent les défauts de leur prière.

 

La seconde espèce ou degré de prière est celle de l’entendement, lorsque le sens ou la signification des mots exprimés par les lèvres commence à s’ouvrir et à être vu par les yeux de l’esprit. C’est la prière de l’homme spirituel, qui commence à avoir quelque goût pour les choses de Dieu et de l’éternité, et qui, en conséquence de ce goût, est porté à s’enquérir de son état futur, des lois et des devoirs de la vie nécessaires pour sa perfection, et à se former des idées justes de Dieu et de son royaume, du bien et du mal, du vrai et du faux, comme on peut les découvrir dans la Parole et les ouvrages de Dieu. Néanmoins il faut remarquer que cette espèce de prière n’est acceptable aux yeux de Dieu, et profitable à l’homme, qu’autant qu’elle est fondée sur un désir du bien céleste dans la volonté, et qu’elle sert à la formation, à l’affermissement et à l’opération de ce bien dans la vie.

 

La troisième espèce ou degré de prière est celle de la volonté, lorsque le cœur ou l’amour commence à être affecté et élevé au-dessus de toute lumière de la vérité dans l’entendement. Celle-ci peut être appelée la prière de l’homme céleste, qui place l’obéissance de la vie au-dessus de toute connaissance, et tâche, dans la prière et dans tout autre devoir, d’atteindre à la perfection de l’amour et de la charité, par une humilité et soumission sincères de toutes les facultés de sa vie devant le bien suprême, afin que toutes ses affections, ses pensées, ses paroles et ses actions soient et opèrent dans l’ordre divin du royaume de Dieu, selon la volonté de Dieu, manifestée dans sa sainte Parole. Il ne faut pas croire néanmoins que cette prière de la volonté doive faire négliger celle de l’entendement, ni même celle des lèvres ; car ce serait tomber dans l’erreur dangereuse des Quiétistes, qui n’admettent aucun exercice de l’entendement, encore moins des lèvres, dans la prière, et par là s’exposent à de grandes illusions et à tous les égarements d’une dévotion aveugle. Car la prière de la volonté ne détruit pas, mais seulement exalte et sanctifie la prière de l’entendement et celle des lèvres, empruntant d’elles tout ce qui est vraiment excellent et profitable dans chacune, et leur communiquant une vie, un esprit et une onction dont elles manquent par elles-mêmes, et qu’elles ne peuvent recevoir que de cette prière de l’amour de la vie.

 

D’après cela, il est évident que la prière la meilleure et la plus profitable est celle dans laquelle les trois espèces ou degrés sont réunis, et lorsque leur union est plus parfaite selon l’ordre dans lequel elles sont ; ou, en d’autres mots, quand la prière de la volonté est élevée au-dessus de celle de l’entendement, et la prière de l’entendement au-dessus de celle des lèvres, de manière cependant que la première ne détruise pas la seconde, ni celle-ci la troisième, mais que toutes trois soient dans leur entière force, étendue et opération, chacune dans sa place et dans son ordre, se communiquant ainsi l’une à l’autre la puissance et l’efficacité.

 

Car comme dans les trois principes constituants de la vie de l’homme, qui sont la volonté, l’entendement et leur opération externe dans les paroles et les actions, la perfection de tous et de chacun dépend de leur subordination l’un à l’autre ; et que, de plus, aucun des trois ne peut accroître en force et en perfection sans ajouter quelque chose à la force et à la perfection des deux autres, et par là à celles de tous collectivement ; de même dans les trois espèces ou degrés de prière, la perfection de toutes et de chacune dépend de l’ordre de leur subordination ; et de plus, aucune espèce ne peut être perfectionnée sans ajouter à la perfection des deux autres, et par conséquent à celle de toutes ensemble. Ainsi, plus la volonté est purifiée du mal, et tend à l’acquisition du bien céleste, plus la prière de l’entendement et des lèvres sera parfaite, agréable à Dieu, et élevée ; et de même plus l’entendement est éclairé de la lumière pure de la vérité quand il prie, plus la prière de la volonté et des lèvres sera rendue par là excellente, claire et étendue ; et enfin plus la forme des mots prononcés dans la prière est excellente, plus la prière de la volonté et de l’entendement en acquerra de pureté et de perfection.

 

D’après cet aperçu de la mature de la prière, de ses diverses espèces ou degrés, et de leurs dépendances mutuelles, nous ne faisons pas difficulté de recommander avec instance aux pieux lecteurs les extraits suivants sur l’ORAISON DOMINICALE, tirés des écrits d’Emmanuel Swedenborg, comme tendant à ouvrir le sens vrai et pur de cette sainte prière, et par là d’éclairer l’entendement pour discerner les objets qu’elle contient, et ainsi pour prier dans la lumière et non dans les ténèbres. Alors si la volonté est dans un état de pureté et de conversion à Dieu, la prière de l’homme recevra une mesure additionnelle de sainteté, de puissance, d’étendue et d’utilité ; la lumière intellectuelle ouverte au ciel exaltera et agrandira les affections du bien, tandis que les affections du bien, se joignant à la lumière intellectuelle, la vivifieront, l’animeront ; par ce moyen, la prière étant dans l’ordre du ciel, et influencée par sa vie, obtiendra l’heureuse fin pour laquelle elle est destinée, c’est-à-dire qu’elle ouvrira et tiendra ouverte une communication de toutes les facultés vitales avec le ciel, et conduira ainsi tous les jours l’âme pénitente et suppliante à une conjonction plus prochaine et plus entière avec le Seigneur, accompagnée de tous ses dons divins.

 

Que l’on ne suppose pas néanmoins que ce qui est dans ces extraits, concernant le vrai sens de l’ORAISON DOMINICALE, puisse de lui-même rendre quelqu’un capable de prier d’une manière convenable et agréable à Dieu. Car on a déjà montré ci-dessus que l’utilité et l’efficacité de la prière dépendent principalement des affections de la volonté ; et certainement aucune explication de l’ORAISON DOMINICALE, quand même elle serait donnée par un ange, ne peut changer leur état qu’autant que l’homme permet qu’elles soient influencées et corrigées par la lumière ouverte dans son entendement.

 

Que l’on ne croie pas non plus que l’explication ici donnée de cette sainte prière soit entière et parfaite, puisque l’auteur lui-même déclare qu’elle renferme une infinité de choses que les anges mêmes ne peuvent pas comprendre ; son étendue entière ne peut pas être connue dans l’éternité. Néanmoins cette explication, comme toutes les autres de la sainte Parole, publiées par le même auteur, sera sans doute très profitable aux personnes humbles et sincères, en jetant dans leur âme un fondement pour de nouvelles ouvertures et manifestations de la divine lumière de la vérité, par laquelle la prière deviendra plus profitable encore ; tandis que les affections de l’amour y seront continuellement dans un état d’élévation proportionné à la lumière ; et que la vie étant conforme aux affections et à la lumière, attestera l’efficacité et les bons effets de la prière, en portant des fruits de charité en toute humilité, sincérité, pureté et soumission à la volonté divine.

 

On supplie le lecteur, pour son propre intérêt, de lire attentivement et sans prévention l’explication suivante, en pensant avec humilité au DIVIN AUTEUR de cette prière, et en cherchant à se conjoindre avec lui par la bonne volonté et les bonnes œuvres d’une sainte vie, en même temps qu’il cherchera la vraie lumière, qui doit l’éclairer dans son entendement ; alors sans doute il trouvera un contentement proportionné à la sincérité et à la droiture de son intention, et enfin, s’il persévère, il apprendra à prier.

 

 

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SENS SPIRITUEL

 

DE

 

L’ORAISON DOMINICALE

 

 

VOUS DONC PRIEZ AINSI. Matthieu, VI, 9.

 

 

NOTRE PÈRE QUI ES DANS LES CIEUX.

 

 

NOTRE Père qui es dans les cieux, est le Seigneur Jésus Christ ; ce qui est confirmé par ces passages de la Parole : Un enfant nous est né, un fils nous est donné, et son nom sera le Merveilleux, le Conseiller, DIEU, LE PÈRE DE L’ÉTERNITÉ, le Prince de la Paix. Isaïe, IX, 5. Jéhovah, tu es NOTRE PÈRE, NOTRE RÉDEMPTEUR ; ton nom est l’Éternel. Isaïe, LXIII, 16. Jésus dit : Celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé. Jean, XII, 45. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi le Père, et vous le connaissez maintenant, et vous l’avez vu. Le même, XIV, 7. Philippe dit : Seigneur, montre-nous le Père. Jésus lui dit ; celui qui me voit, voit le Père. Comment dis-tu : Montre-nous le Père ? Le même, XIV, 8, 9. Jésus dit : Le Père et moi sommes un. Le même, X, 30. Toutes les choses qu’a le Père sont à moi. Le même, XVII, 10. Le Père est en moi, et je suis dans le Père. Le même, X, 38 ; XIV, 10, 11, 20. Nul n’a vu le Père, si ce n’est le Fils qui est dans le sein du Père. Le même, I, 18 ; V, 37 ; VI, 47. C’est pourquoi il dit aussi : Personne ne vient au Père que par moi. Le même, XVI, 6. Et que c’est par lui, de lui et en lui que l’on vient au Père. Le même, XI, 56 ; XIV, 20 ; XV, 4, 5, 6 ; XVII. Apocalypse révélée, n. 839.

Le Père est dans le Fils, et le Fils dans le Père, et ils sont un, comme l’âme et le corps dans l’homme, et ainsi ils sont une seule personne.

La divinité du Père appartient à l’humanité du Fils, et l’humanité du Fils appartient à la divinité du Père ; conséquemment, dans le Christ, Dieu est homme et l’homme est Dieu ; et ainsi ils sont un, comme l’âme et le corps sont un.

La divinité du Père est l’âme du Fils, et l’humanité du Fils est le corps du Père.

Par la divinité du Père, on doit entendre le Père lui-même, puisque lui et sa divinité sont la même chose, la divinité étant une et individuelle. La Vraie Religion chrétienne, n. 112 et 113.

Dans les cieux, on ne connaît d’autre Père que le Seigneur, parce que le Père est en lui, et qu’il est avec le Père ; et quand on le voit, on voit le Père. Arcanes célestes, n. 15 et 2004.

L’interne du Seigneur venait du Père, conséquemment c’était le Père lui-même ; de là vient que le Seigneur dit que le Père est en lui. Je suis dans le Père, et le Père est en moi.Celui qui me voit, voit le Père.Moi et le Père, nous sommes uns.

Par Jéhovah, dans la Parole de l’Ancien Testament, est partout entendu le Seigneur. Arcanes célestes, n. 2005. Pour plus grande confirmation, voyez Doctrine de la nouvelle Jérusalem, concernant le Seigneur, et La Vraie Religion chrétienne, n. 82 à 133.

Le Seigneur est le Dieu du ciel ; la divinité du Seigneur constitue le ciel ; le ciel est divisé en deux royaumes ; il y a trois cieux, le céleste, le spirituel et le naturel ; et les cieux sont composés d’innombrables sociétés angéliques. Du Ciel et de l’Enfer, n. 2 à 12, 20 à 50.

 

 

QUE TON NOM SOIT SANCTIFIÉ.

 

Dans plusieurs passages de la Parole, il est dit : À cause du nom de Jéhovah, à cause du nom de Jésus-Christ, que le nom de Dieu doit être sanctifié, et autres expressions semblables. Ceux qui ne pensent pas au-delà du sens de la lettre s’imaginent que le nom seul est entendu dans ces passages ; néanmoins ce n’est pas le nom qui est entendu ; mais tout ce par quoi le Seigneur est adoré, qui se rapporte à l’amour et à la foi ; de là, par le nom du Seigneur, dans la Parole, sont entendues toutes les choses de l’amour et de la foi, par lesquelles il est adoré ; la raison de cela a son origine dans le monde spirituel ; là les noms en usage sur la terre n’y sont pas prononcés ; mais les noms des personnes dont on parle sont formés de l’idée de toutes les choses qui sont connues touchant ces personnes, et qui sont réunies en une seule expression. Telle est l’énonciation des noms dans le monde spirituel ; de là vient que les noms, comme les autres choses, y sont spirituels ; les noms de Seigneur et de Jésus-Christ n’y sont pas prononcés comme sur la terre ; mais, au lieu de ces noms, un nom est formé de l’idée de toutes les choses qui sont sues et crues touchant le Seigneur ; et cette idée est celle de toutes les choses de l’amour et de la foi en lui, par la raison que toutes ces choses, dans leur ensemble, sont le Seigneur chez les habitants du monde spirituel ; car le Seigneur est en chacun dans les biens de l’amour et de la foi, qui procèdent de lui ; cela étant ainsi, chacun y est connu à l’instant quel il est quant à l’amour et à la foi au Seigneur, en prononçant seulement, d’une voix spirituelle ou d’un nom spirituel, Seigneur ou Jésus-Christ. De là vient aussi que ceux qui ne sont point dans l’amour et la foi en lui ne peuvent pas le nommer, c’est-à-dire former un nom spirituel concernant lui. Apocalypse expliquée, n. 102.

Sanctifier le nom du père, c’est aller au Seigneur et l’adorer, ce qui est confirmé par ces passages : Qui ne glorifiera point TON NOM, Seigneur, parce que tu es seul saint ? Apoc. XV, 4. Jésus dit : Père, glorifie TON NOM ; et il vint une voix du ciel, qui dit : Je l’ai glorifié et je le glorifierai. Jean, XII, 28. Le nom du Père, qui est glorifié, est l’humanité divine. Jésus dit : Je viens au NOM DE MON PÈRE. Le même, V, 43. Jésus dit : Celui qui reçoit cet enfant en MON NOM me reçoit ; et CELUI QUI ME REÇOIT, REÇOIT CELUI QUI M’A ENVOYÉ. Luc, IX, 48. Ces choses ont été écrites, afin que vous croyiez que Jésus est le Christ Fils de Dieu ; et qu’EN CROYANT, vous ayez la vie en SON NOM. Jean, XX, 31. À tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir d’être faits enfants de Dieu, à ceux QUI CROIENT EN SON NOM. Le même, I, 12. Tout ce que vous demanderez en MON NOM, JE LE FERAI, afin que le Père soit sanctifié dans le Fils. Le même, XIV, 13, 14. Celui qui ne croit pas est déjà jugé, PARCE QU’IL N’A PAS CRU AU NOM DU FILS UNIQUE DE DIEU. Le même, III, 18. Là où deux ou trois sont assemblés en MON NOM, je suis au milieu d’eux. Matthieu, XVIII, 20. Jésus dit aux disciples, qu’ils devaient prêcher en SON NOM. Luc, XXIV, 47. Et dans plusieurs autres endroits où il est fait mention du NOM DU SEIGNEUR, par lequel est entendu le Seigneur lui-même, quant à son humanité, comme dans Matthieu, VII, 22 ; X, 22 ; XVIII, 5 ; XIX, 29 ; XXIV, 9, 10. Marc, XI, 10 ; XIII, 13 ; XVI, 17. Luc, X, 17 ; XIX, 38 ; XXI, 12, 17. Jean II, 23. De tous lesquels passages il est évident que le Père est sanctifié dans le Fils, et par les anges et les hommes, au moyen du Fils, et que c’est ce qui est signifié par ces mots : Que ton nom soit sanctifié ; comme il est encore plus évident dans Jean, XVII, 19, 21, 22, 23, 26. Apocalypse révélée, n. 839.

Par les mots Que ton nom soit sanctifié, il faut entendre le Père dans son humanité, qui est le nom du Père ; car le Seigneur dit : Père, glorifie ton nom, c’est-à-dire ton humanité. Que Dieu le Père peut être approché par le moyen de son humanité, c’est aussi ce que dit le Seigneur : Nul ne vient au Père que par moi ; et dans le Prophète : Un enfant nous est né, un Fils nous est donné, dont le nom est DIEU, Héros, PÈRE DE L’ÉTERNITÉ ; et ailleurs : Jéhovah, tu es notre Père, notre Rédempteur ; Éternel est ton nom ; et en mille autres endroits où le Seigneur, notre Sauveur, est appelé Jéhovah. La Vraie Religion chrétienne, n. 112.

Dans le sens céleste de l’Oraison dominicale, par le nom est signifié la divine humanité du Seigneur. La Vraie Religion chrétienne, n. 299.

Dans le sens spirituel, par le nom de Dieu, est entendu la Parole, et tout ce que l’Église en dérive comme accessoire au vrai culte de Dieu. La Vraie Religion chrétienne, n. 298.

Par nom, dans les passages ci-dessus, sont entendues toutes les choses appartenant à l’amour et à la foi ; car ces choses sont de Dieu ou du Seigneur, et elles viennent de lui ; et d’autant que ces choses sont saintes, lorsqu’elles sont tenues pour saintes, le royaume du Seigneur vient, et sa volonté est faite sur la terre comme dans les cieux. Arcanes célestes, n. 2009.

Par le nom de Dieu ou du Seigneur, est signifié toute la doctrine de la foi concernant l’amour et la charité, qui est signifiée par croire en son nom. Arcanes célestes, n. 2009.

Il est dit dans Matthieu : Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux. Ceux qui sont assemblés au nom du Seigneur sont ceux qui sont dans la doctrine de la foi concernant l’amour et la charité, conséquemment ceux qui sont dans l’amour et la charité. Arcanes célestes, n. 2009

 

 

QUE TON ROYAUME VIENNE.

 

Le mot royaume, dans la Parole, signifie le ciel et l’Église où sont les vérités. La raison pourquoi il désigne l’Église, quant aux vérités, ou l’Église dans laquelle sont les vérités, c’est que par la royauté du Seigneur est signifié le divin vrai procédant de lui ; et que de là par les rois sont signifiées les vérités. Je dis l’Église quant aux vérités ; il faut entendre l’église quant aux vérités fondées sur le bien, parce que les vérités ne sont pas données sans le bien ; car elles ont leur vie du bien ; les vérités qui sont en l’homme sont sans doute des vérités en elles-mêmes ; mais en lui elles ne sont pas des vérités, comme il a été montré en détail dans l’ouvrage De la Nouvelle Jérusalem et de sa doctrine céleste, n. 11 à 27. Que royaume, dans la Parole, signifie le ciel et l’Église, quant aux vérités, c’est ce qui est manifesté par divers passages de la Parole, comme dans Matthieu : Les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures, VIII, 12. Ici les fils du royaume sont ceux de l’Église où règnent les faussetés, non les vérités. Lorsque quelqu’un entend la parole du royaume, et n’y fait pas attention, le malin vient et emporte ce qui a été semé dans le cœur ; c’est celui qui a reçu la semence le long du chemin. Le champ est le monde, la semence est les fils du royaume. XIII, 19, 38. Entendre la parole du royaume, c’est entendre les vérités de l’Église ; et parce que la semence signifie les vérités, ceux qui reçoivent les vérités sont appelés les fils du royaume. C’est pourquoi le royaume de Dieu vous sera ôté, et sera donné à une nation qui produira du fruit. XXI, 43. Il est évident qu’ici le royaume de Dieu signifie l’Église, quant aux vérités, et aussi les vérités de l’Église ; car il est dit qu’il leur sera ôté et qu’il sera donné à une nation produisant du fruit ; le fruit est le bien. Par ces passages, on voit ce qui est entendu par royaume dans l’Oraison dominicale : Que ton royaume vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel, parce que le royaume, la puissance et la gloire t’appartiennent. Que ton royaume vienne signifie que le vrai soit reçu ; que ta volonté soit faite signifie qu’il soit reçu par ceux qui font la volonté de Dieu ; le royaume, la puissance et la gloire t’appartiennent signifie le divin vrai procédant de Dieu seul. Il est fait aussi mention de puissance et de gloire, parce que le divin vrai a toute puissance et toute gloire. D’après cela, on peut voir ce que le royaume de Dieu signifie dans plusieurs endroits de la Parole, c’est-à-dire l’Église, quant aux vérités, et aussi le ciel ; et dans le sens suprême, le Seigneur, quant à sa divine humanité. La raison pourquoi par Royaume, dans le sens suprême, est signifié le Seigneur, c’est que tout divin vrai procède de lui ; et la raison pourquoi, par royaume, est signifié le ciel, c’est que le ciel, chez les anges, n’a pas d’autre origine que le divin vrai qui procède de la divine humanité du Seigneur. Voyez l’ouvrage Du Ciel et de l’Enfer, n. 7 à 12, 78 à 86, 126 à 140. Apocalypse expliquée, n. 48.

Le royaume du Seigneur est la réception du divin bien et du divin vrai, et ainsi chez ceux qui les reçoivent ; c’est ce qui peut être prouvé par cette considération que le Seigneur, chez les anges du ciel et chez les hommes de l’Église, règne, par ce qui procède de lui, qui est communément appelé le divin bien et le divin vrai, et aussi justice et jugement, et amour et foi ; ce sont-là les choses par lesquelles le Seigneur règne ; par conséquent elles sont proprement le royaume du Seigneur chez ceux qui les reçoivent ; parce que lorsqu’elles règnent chez les anges et chez les hommes, le Seigneur règne ; car les choses qui procèdent de lui sont lui ; le Seigneur, dans le ciel, n’est autre chose que le divin procédant. Le Seigneur régit non seulement ceux qui reçoivent les choses divines, célestes et spirituelles de lui, mais aussi ceux qui ne les reçoivent pas ; tels sont tous ceux qui sont en enfer ; néanmoins on ne peut pas dire que le royaume du Seigneur soit là, parce qu’ils ne veulent point du tout être régis par le divin procédant, et selon les lois de son ordre ; et même ils nient le Seigneur et se détournent de lui ; cependant le Seigneur les régit, non comme des sujets et des citoyens de son royaume, mais comme des réfractaires et des rebelles, en les tenant dans les liens, afin qu’ils ne fassent pas du mal les uns aux autres, mais surtout à ceux qui sont dans son royaume. Que c’est là le royaume du Seigneur qui procède de lui et est reçu, c’est ce qui est évident par les passages de la Parole, où il est parlé du royaume de Dieu, comme dans l’Oraison dominicale : Que ton royaume vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel, Matth. VI, 10. Il est clair qu’ici par royaume il faut entendre la réception du divin bien et du divin vrai, qui procèdent du Seigneur et dans lesquels est le Seigneur chez les anges du ciel et chez les hommes de l’Église ; car il est dit : Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ; la volonté de Dieu est faite lorsque ces choses sont reçues par le cœur et par l’âme, c’est à-dire par l’amour et par la foi. Et ailleurs : Cherchez premièrement le royaume des cieux et sa justice, alors toutes ces choses vous seront données par surcroît, Matth. VI, 33. Par le royaume des cieux, dans le sens spirituel, est entendu le divin vrai ; et par la justice, le divin bien ; c’est pourquoi il est dit : Cherchez premièrement le royaume des cieux et sa justice ; et, dans le sens suprême, par le royaume des cieux est entendu le Seigneur, parce qu’il est le tout de son royaume ; et par justice, dans le même sens, est signifié le mérite du Seigneur ; et comme l’homme qui est régi par le Seigneur ne veut et n’aime que les choses du Seigneur, il est conduit, à son insu, à la félicité éternelle ; c’est pourquoi il est dit que toutes les choses lui seront données par surcroît, ce qui signifie que toutes les choses qui ont rapport à son salut lui viendront à souhait. Apocalypse expliquée, n. 683. Arc. cél., n. 1285.

Que ton royaume vienne signifie que le Seigneur règne ; ce qui peut être confirmé par les passages suivants : La loi et les prophètes ont duré jusqu’à Jean ; depuis ce temps, LE ROYAUME DE DIEU EST PRÊCHÉ. Luc, XVI, 16. Jean est venu prêchant l’Évangile du royaume, en disant : Le temps est accompli, LE ROYAUME DE DIEU est proche. Matthieu, III, 2. Jésus lui-même prêcha L’ÉVANGILE DU ROYAUME, annonçant que LE ROYAUME DE DIEU était proche. Le même, IV, 17, 23. Jésus commanda à ses disciples d’aller prêcher l’Évangile DU ROYAUME DE DIEU. Marc, XVI, 15. Luc, VIII, 1 ; IX, 60 ; et de même aux soixante-dix qu’il envoya ; Luc, X, 9, 11 ; et dans plusieurs autres passages, comme dans Matthieu, IX, 5 ; XVI, 27, 28. Marc, VIII, 35 ; IX, 1, 27 ; X, 29, 30 ; XI, 10. Luc, I, 19 ; II, 10, 11 ; IV, 43 ; VII, 22 ; XVII, 20, 21 ; XXI, 30, 31 ; XX, 18. Le royaume de Dieu qui était prêché était le royaume du Seigneur, et par conséquent le royaume du Père, comme il est évident par ces passages : Le Père a mis toutes choses entre les mains du Fils. Jean, III, 35. Le Père a donné au Fils la puissance sur toute chair. Le même, XVII, 2. Toutes choses m’ont été remises par le Père. Matthieu, XI, 27. Toute puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre. Le même, XXVIII, 16. Jéhovah des armées est son nom ; et il sera appelé le Saint d’Israël, le Rédempteur, le Dieu de toute la terre. Isaïe, LIV, 5. Je considérais ces choses, et je vis comme LE FILS DE L’HOMME, et il lui fut donné la puissance et la gloire, et le royaume, et tous les peuples et nations l’adoreront ; sa puissance est une puissance éternelle, qui ne passera point, et son royaume ne sera pas détruit. Daniel, VII, 13, 14. Le septième ange sonna de la trompette, et on entendit de grandes voix dans le ciel, qui disaient : Les royaumes du monde sont devenus les royaumes du Seigneur et de son Christ, et il régnera dans les siècles des siècles. Apocalypse, XI, 15 ; XII, 10. Il est traité de ce royaume du Seigneur dans l’Apocalypse depuis le commencement jusqu’à la fin ; et tous ceux-là y viendront qui seront de la nouvelle Église du Seigneur, qui est la nouvelle Jérusalem. Apocalypse révélée, n. 839.

Par le royaume de Dieu, dans son sens universel, est entendu tout le ciel ; dans un sens moins universel, la vraie Église du Seigneur ; et dans le sens particulier, toute personne d’une vraie foi, ou qui est régénérée par la vie de la foi ; c’est pourquoi celui qui est tel est aussi appelé ciel, parce que le ciel est en lui, et aussi le royaume de Dieu, parce que le royaume de Dieu est en lui, comme le Seigneur lui-même l’enseigne en Luc, XVII, 20, 21. Les pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le royaume de Dieu ; il leur répondit : Le royaume de Dieu ne vient point avec éclat, et l’on ne dira point : le voici, ou le voilà ; car le royaume de Dieu est en vous. Arcanes célestes, n. 29.

Le royaume du Seigneur vient quand on va au Seigneur immédiatement. La Vraie Religion chrétienne, n. 113.

Le Seigneur dit : Père, glorifie ton nom, c’est-à-dire ton humanité, et quand cela est fait, le royaume de Dieu vient. La Vraie Religion chrétienne, n. 112.

(Concernant la glorification du Seigneur, et son union avec le père, voyez La doctrine de la nouvelle Jérusalem concernant le Seigneur ; La Vraie Religion chrétienne, n. 82 à 133, et De la nouvelle Jérusalem et de sa doctrine céleste, n. 201.)

 

 

QUE TA VOLONTÉ SOIT FAITE SUR LA TERRE COMME AU CIEL.

 

Par volonté, lorsqu’il est parlé du Seigneur, est entendu son divin amour ; la raison en est que le divin même, duquel procèdent toutes choses, est le divin amour ; de là le Seigneur apparaît devant les anges comme un soleil igné et enflammé, parce que cet amour dans le monde spirituel apparaît comme un feu ; de là vient que dans la Parole le feu, lorsqu’il est dit du Seigneur, du ciel et de l’Église, signifie l’amour, et d’autant que le divin même, duquel procèdent toutes choses, est le divin amour ; la volonté aussi, quand il est parlé de ce divin même ou du Seigneur, est le divin amour ; car ce que veut l’amour même est le bien de l’amour ; le vrai qui est appelé le vrai de la foi est seulement le moyen par lequel le bien existe, et ensuite existe par le bien ; de cette origine viennent la volonté et l’entendement en l’homme ; la volonté est le réceptacle du bien de l’amour en lui, et l’entendement est le réceptacle du vrai de la foi en lui. Comme la volonté de l’homme est son amour, et que la volonté de Dieu est le divin amour, on peut comprendre ce qui est entendu, dans le sens spirituel, par faire la volonté de Dieu et la volonté du Père, savoir, que c’est aimer Dieu par-dessus toutes choses et le prochain comme soi-même, et parce qu’aimer c’est vouloir, c’est aussi faire ; car ce que l’homme aime, il le veut, et ce qu’il veut, il le fait aussi. Ainsi faire la volonté de Dieu ou du Père, c’est accomplir ses préceptes, ou vivre selon ses préceptes par une affection d’amour ou de charité. La volonté du Seigneur est appelée son bon plaisir dans l’Ancien Testament, et signifie également le divin amour ; et faire son bon plaisir ou sa volonté signifie aimer Dieu et le prochain, et ainsi vivre selon les préceptes du Seigneur. Apocalypse expliquée, n. 295.

L’explication ci-dessus peut être confirmée par les passages suivants : Jésus dit : C’est LA VOLONTÉ DU PÈRE que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle. Jean, VI, 40. Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle. Le même, III, 15, 16. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie ; mais LA COLÈRE DE DIEU demeurera sur lui. Le même, III, 36 ; et ailleurs : Croire au Fils, c’est aller à lui, et avoir la foi qu’il peut sauver, parce qu’il est le Sauveur du monde. De plus, il est connu dans l’Église que le Seigneur Jésus Christ règne dans le ciel ; car il dit lui-même que son royaume est dans le ciel ; quand donc le Seigneur règne de la même manière dans l’Église, alors la volonté du Père est faite sur la terre comme dans le ciel. Apocalypse révélée, n. 839

Quand toutes les choses appartenant à l’amour et à la foi, lesquelles sont de Dieu ou du Seigneur, et viennent de lui, sont tenues pour saintes, le royaume de Dieu vient, et sa volonté est faite sur la terre comme dans les cieux. Arcanes célestes, n. 2009.

Le ciel signifie l’homme interne.

La terre signifie l’homme externe avant sa régénération. Arcanes Célestes, n. 16, 82.

(Pour la distinction entre l’homme interne et l’homme externe, voyez De la nouvelle Jérusalem et de sa doctrine céleste, n. 36 à 53).

 

 

DONNE-NOUS AUJOURD’HUI NOTRE PAIN QUOTIDIEN.

 

Par aujourd’hui et quotidien est signifié la perpétuité et l’éternité d’un état. Que quotidien et aujourd’hui signifient ce qui est perpétuel, cela est évident aussi par le sacrifice qui était offert chaque jour, et qui par la signification de jour, quotidien et aujourd’hui, était appelé le sacrifice continuel et perpétuel, Nombres XXXVIII, 3, 23 ; Daniel, VIII, 13 ; XI, 31 ; XII, 11. Cela est encore plus évident par la manne qui pleuvait du ciel, touchant laquelle il est écrit ainsi dans Moïse : Voici, je vais faire pleuvoir du pain du ciel, et le peuple sortira et en ramassera pour chaque jour, et il n’en sera point laissé pour le (lendemain) matin. Ce qu’ils en avaient laissé jusqu’au matin était plein de vers et puait, excepté ce qui fut ramassé le jour avant le Sabat. Exode, XVI, 4, 19, 20, 23. La raison de cela est que la manne signifiait l’humanité divine du Seigneur ; voyez Jean, VI, 31, 32, 49, 50, 58 ; et d’autant que l’humanité divine du Seigneur signifiait la nourriture céleste, qui n’est autre que l’amour et la charité avec les biens et les vérités de la foi ; cette nourriture dans les cieux est donnée aux anges à chaque instant par le Seigneur, conséquemment à jamais et dans l’éternité ; c’est ce qui est aussi entendu dans l’Oraison dominicale par cette demande : Donne-nous au jourd’hui notre pain quotidien. Matthieu, VI, 11 ; Luc, XI, 3, c’est-à-dire à chaque instant dans l’éternité. Arcanes célestes, n. 2838.

Par jour est signifié l’état en général. Arcanes célestes, n. 23, 487, 488, 493, 893. Du Ciel et de l’Enfer, n. 155.

Par jour est signifié un état de foi, ou un état de régénération. Arcanes célestes, n. 221.

Le jour et la nuit signifient l’état de l’homme régénéré quant aux choses intellectuelles ou qui appartiennent à l’entendement. Arcanes célestes, n. 936.

Le pain, lorsqu’il est question du Seigneur, signifie le divin bien du divin amour du Seigneur, et le bien réciproque de l’homme qui le mange (ou se l’approprie). Il signifie aussi toute nourriture céleste et spirituelle, conséquemment toute chose qui procède de la bouche de Dieu, selon les paroles du Seigneur dans Matthieu, IV, 4, laquelle nourriture est la science, l’intelligence et la sagesse, et conséquemment le bien et le vrai, parce qu’elles en dérivent ; de plus, le pain est dit de tout bien qui procède du Seigneur, et qui est accordé par lui à l’homme. De la nouvelle Jérusalem et de sa doctrine céleste, n. 218 à 221. La Vraie Religion chrétienne, n. 705.

Que par pain n’est point entendu le pain naturel, mais le pain céleste, c’est ce qui est évident par ces paroles : L’homme ne vit pas de pain seulement ; mais l’homme vit de toute parole qui procède de la bouche de Jéhovah. Deutéronome, VIII, 3. J’enverrai la famine sur la terre, non une famine de pain, ni une soif d’eau ; mais (une famine et une soif) d’entendre les paroles du Seigneur. Amos, VIII, 11. Que cela signifie la nourriture spirituelle, c’est évident par ces paroles du Seigneur : Travaillez non pour la nourriture qui périt, mais pour cette nourriture qui demeure dans la vie éternelle, que le Fils de l’homme vous donnera. Jean, VI, 27. La Vraie Religion chrétienne, n. 707.

Le Seigneur donne à tout moment aux anges ce qu’ils pensent, et cela avec le bonheur et la félicité, ce qui est aussi désigné, dans le sens interne, par ces mots pain quotidien, ci-dessus mentionnés ; et de même par le précepte du Seigneur à ses disciples, de ne pas s’inquiéter sur ce qu’ils mangeront ou sur le vêtement. Arcanes célestes, n. 2493.

 

 

ET PARDONNE-NOUS NOS PÉCHÉS COMME NOUS PARDONNONS À TOUS CEUX QUI NOUS SONT REDEVABLES. Luc, XI, 4.

 

Car si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi ; mais si vous ne par donnez pas aux hommes leurs fautes, votre Père ne vous pardonnera pas aussi les vôtres. Matthieu, VI, 14, 15. Prenez garde à vous : Si ton frère pèche contre toi, reprends-le ; et s’il se repent, pardonne-lui ; et s’il pèche contre toi sept fois le jour, et que sept fois le jour il revienne à toi en disant : je me repens, pardonne-lui. Luc, XVII, 3, 4. Marc, XI, 25, 26.

Le Seigneur dit que l’homme doit pardonner aussi souvent que son frère pèche contre lui, non seulement jusqu’à sept fois, mais jusqu’à septante fois sept fois. Matthieu, XVIII, 21, 22 ; ce qui signifie que l’homme doit pardonner aussi souvent que son frère pèche contre lui, par conséquent sans fin ou toujours. Arcanes célestes, n. 433 et 6561.

Pécher, c’est agir contre l’ordre divin, conséquemment se détourner et se séparer du bien et du vrai. Arcanes célestes, n. 7596.

Remettre ou pardonner, c’est n’avoir point égard à ce qui vient du mal, mais à ce qui vient du bien. Arcanes célestes, n. 7697.

Lorsque les péchés sont écartés, ils sont aussi remis ou pardonnés ; car la repentance précède la rémission ; et sans la repentance, il n’y a pas de rémission ; c’est pourquoi le Seigneur commande aux Disciples de prêcher la repentance pour la rémission des péchés, Luc, III, 3. Le Seigneur pardonne à chacun ses péchés, et il ne l’en accuse pas, ou ne les lui impute pas ; mais néanmoins il ne peut ôter les péchés que selon les lois de sa divine providence ; car lorsque Pierre lui demanda combien de fois il devait pardonner à son frère, si c’était sept fois, le Seigneur dit : Non-seulement sept fois, mais septante fois sept fois. Matthieu, XVII, 21, 22. Que ne fera donc pas le Seigneur, qui est la miséricorde même ? La sagesse angélique touchant la divine providence, n. 280. De la nouvelle Jérusalem et de sa doctrine céleste, n. 165, 166.

J’ai entendu du ciel que le Seigneur remet à chacun ses péchés, et ne punit jamais à cause des péchés, ni même ne les impute pas, d’autant qu’il est l’amour même et le bien même ; que néanmoins les péchés ne sont pas pour cela effacés, parce qu’ils ne peuvent l’être que par la repentance. La Vraie Religion chrétienne, n. 409.

La rémission des péchés consiste à être détourné du mal, et tenu dans le bien par le Seigneur. Voir et juger les choses d’après le bien, et non d’après le mal, est un effet de la rémission des péchés. De la nouvelle Jérusalem et de sa doctrine céleste, n. 170.

(Pour les signes de la rémission ou non rémission des péchés, voyez De la nouvelle Jérusalem et de sa doctrine céleste, n. 167.)

 

 

NE NOUS INDUIS PAS EN TENTATION.

 

Selon le sens littéral, il paraît que le Seigneur induit l’homme en tentation ; mais le sens interne est que le Seigneur n’induit personne en tentation. Arcanes célestes, n. 3425.

Le Seigneur ne tente pas l’homme, mais il tâche continuellement de le délivrer des tentations, autant qu’il est possible, ou autant que la délivrance n’augmente pas le mal. Il a égard aussi continuellement au bien dans lequel il conduit celui qui est dans les tentations, car il ne concourt jamais aux tentations d’une autre manière ; et quoiqu’il soit dit de lui qu’il permet, néanmoins ce n’est pas selon l’idée que l’homme se fait de la permission, savoir, qu’il concourt en permettant ; car l’homme ne peut concevoir autrement sinon que celui qui permet veut aussi ; tandis qu’au contraire, c’est le mal qui est dans l’homme qui cause la tentation, et le conduit aussi à la tentation, dont Dieu n’est nullement la cause. Arcanes célestes, n. 2768.

Les causes prochaines des tentations sont les maux et les faussetés qui sont en l’homme, et par conséquent les mauvais esprits et génies qui les lui infusent ; néanmoins nul ne peut être tenté, c’est-à-dire subir quelque tentation spirituelle, à moins qu’il n’ait de la conscience ; car la tentation spirituelle n’est autre chose qu’un tourment de la conscience ; ainsi il n’y a que ceux qui sont dans le bien céleste et spirituel qui puissent être tentés, parce qu’ils ont de la conscience ; tandis que les autres n’en ont pas, et ne connaissent même pas ce que c’est que conscience. La conscience est une nouvelle volonté et un nouvel entendement venant du Seigneur ; ainsi c’est la présence du Seigneur en l’homme ; et plus le Seigneur est près, plus l’homme est dans l’affection du bien et du vrai ; si la présence du Seigneur est plus proche que dans le degré où l’homme est dans l’affection du bien et du vrai, l’homme entre en tentation ; la raison en est que les maux et les faussetés qui sont en l’homme, tempérés par les biens et les vérités qui sont aussi en lui, ne peuvent supporter une présence plus proche. Arcanes célestes, n. 4299.

Dans les idées angéliques, la tentation et le mal sont rejetés jusqu’au point qu’il n’y reste que ce qui est purement angélique, c’est-à-dire le bien, sans aucune idée de tentation ni de mal, le sens littéral périssant ainsi totalement. Arcanes célestes, n. 3425.

Dans le sens interne, la tentation et le mal sont rejetés au point qu’il ne reste que ce qui est purement angélique, c’est-à-dire le bien, sans aucune idée de tentation et de mal, et cela avec une espèce d’indignation et d’horreur que l’on puisse penser du mal quand on pense au Seigneur. Arcanes célestes, n. 3605.

(Concernant la nature, l’origine et les bons effets de la tentation, voyez De la nouvelle Jérusalem et de sa doctrine céleste, n. 197, 198, 199, etc.)

 

 

MAIS DÉLIVRE-NOUS DU MAL.

 

Le mal est le délice de la concupiscence d’agir et de penser d’une manière contraire à l’ordre divin. Divine Providence, n. 279. Il influe de l’enfer. Arcanes célestes, n. 10618. Le mal et le diable sont le même. Divine Providence, n. 33.

La délivrance du mal est effectuée autant que l’homme reconnaît et croit que les biens influent du Seigneur, et non de lui-même, et que les maux influent de l’enfer ; dans ce cas les biens l’affectent, et les maux n’adhèrent point en lui ; et autant les biens l’affectent, autant les maux sont écartés ; et ainsi il en est purifié et délivré. Mais tant que l’état de l’homme est tel qu’il ne peut percevoir et sentir l’influx des biens venant du Seigneur, il fait les biens comme de lui-même ; cependant il doit reconnaître et croire que c’est par le Seigneur, et quand cela a lieu il est aussi délivré des maux ; mais pour cela la reconnaissance ne doit pas être une confession de bouche, mais une confession de cœur. Arcanes célestes, n. 10219.

La purification ou la délivrance des maux n’est autre chose que leur écartement, et l’homme est empêché de les commettre, autant qu’il est tenu dans le bien par le Seigneur. Arcanes célestes, n. 10228.

L’homme ne peut être délivré de ses maux que par les infestations venant des maux et par les combats qui s’en suivent. Divine Providence, n. 19.

 

 

PARCE QUE LE ROYAUME, LA PUISSANCE ET LA GLOIRE T’APPARTIENNENT.

 

Le Seigneur est tout dans son royaume ; les choses divines qui procèdent du Seigneur dans son royaume constituent ce royaume ; par conséquent, autant l’ange, ou l’esprit, ou l’homme reçoit du Seigneur le bien et le vrai, et qu’il croit qu’ils procèdent du Seigneur, autant il est dans son royaume ; mais autant il ne les reçoit pas et ne croit pas qu’ils procèdent du Seigneur, autant il n’est point dans son royaume ; ainsi les choses divines qui procèdent du Seigneur constituent son royaume ou le ciel ; c’est ce qui est entendu par ces mots : Le Seigneur est tout dans son royaume. Arcanes célestes, n. 2904.

Le royaume du Seigneur est composé de tous ceux qui sont dans le bien, tant sur la terre que dans les cieux. Ainsi le royaume du Seigneur est le bien avec toutes ses qualités en général ; or quiconque aime le royaume du Seigneur, aime aussi tous ceux qui sont dans le bien. De la nouvelle Jérusalem et de sa doctrine céleste, n. 55.

Par le royaume de Dieu est entendu le ciel et l’Église ; car le royaume de Dieu sur la terre est l’Église. La Vraie Religion chrétienne, n. 572.

Puissance est dit du bien et du vrai. – Toute puissance dans le monde spirituel vient du bien par le vrai ; sans le bien, le vrai ne peut rien du tout. Arcanes célestes, n. 6344.

Toute puissance dans les cieux est dans le vrai par le bien, ou du bien par le moyen du vrai ; et parce que tout bien et tout vrai viennent du Seigneur, et nullement de l’homme, il s’ensuit que toute puissance appartient au Seigneur. Apocalypse révélée, n. 768.

Toute puissance vient du divin bien par le divin vrai, qui appartiennent au Seigneur seul ; c’est pourquoi dans la Parole de l’Ancien Testament, le Seigneur cst appelé Héros, Guerrier, Jéhovah (Seigneur) des armées. Arcanes célestes, n. 10019

Gloire est dit du divin vrai, et signifie le divin vrai ; par gloire est aussi entendu la divine majesté et la divine sagesse. Apocalypse révélée, n. 22.

Autant les anges du ciel sont dans le divin vrai, autant ils sont dans la splendeur de la gloire, Apoc. rév., n. 629.

La gloire du Seigneur signifie la Parole dans sa divine lumière. Apoc. rév., n. 897.

Rendre gloire et honneur au Seigneur, c’est lui attribuer tout vrai et tout bien. Rendre gloire au Seigneur signifie aussi reconnaître et confesser que tout vrai vient de lui. Apocalypse révélée, n. 249, 629.

 

 

DANS TOUS LES SIÈCLES DES SIÈCLES.

 

Siècle, quand il est dit du Seigneur, de son royaume, du ciel, et de la vie dans le ciel, qui n’a point de fin, signifie l’Éternité ; mais siècles des siècles est dit aussi touchant les Églises sur la terre, qui ont succédé l’une à l’autre. Arcanes célestes, n. 10248. Apocalypse révélée, n. 22.

AMEN signifie la divine confirmation par la vérité, et conséquemment par le Seigneur lui-même. Amen signifie la vérité, et parce que le Seigneur est la vérité même, il dit si souvent : Amen (Moi la vérité) je vous dis ; comme dans Matthieu, V, 18, 26 ; VI, 16, et ailleurs ; et aussi dans l’Apocalypse : Voici ce que dit Amen (celui qui est la vérité même), le témoin fidèle et véritable, III, 14, c’est-à-dire le Seigneur. Que le Seigneur est la vérité même, c’est ce qu’il enseigne lui-même, Jean, XIV, 6 ; XVII, 19. La Vraie Religion chrétienne, n. 572. Apocalypse révélée, n. 199.

 

 

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Que tout ce qui est avant doit régner dans ce qui est après, et par conséquent dans une série, cela est évident par toutes les paroles que le Seigneur a prononcées, mais plus spécialement par sa prière qui est appelée ORAISON DOMINICALE. Dans cette prière toutes les choses se suivent dans une telle série qu’elles constituent comme une colonne croissant depuis le sommet jusqu’à la base ; dans les intérieurs de laquelle sont les choses qui précèdent dans la série ; ce qui est le premier est l’intime, et ce qui succède en ordre s’ajoute à l’intime successivement, et ainsi elle accroît ; ce qui est intime règne universellement dans les choses qui sont tout autour ; c’est-à-dire dans toutes et dans chacune de ses parties en particulier ; car de là vient ce qui est essentiel à l’existence du tout. Arcanes célestes, n. 8864.

Toutes les fois que j’ai lu l’ORAISON DOMINICALE, j’ai aperçu manifestement une élévation vers le Seigneur, qui était comme une attraction ; et alors mes idées étaient ouvertes, et par ce moyen il s’établissait une communication avec certaines sociétés dans le ciel ; et je percevais qu’il y avait un influx venant du Seigneur dans chaque partie de la prière, par conséquent dans chacune des idées de ma pensée, lesquelles dérivaient du sens des choses contenues dans la prière ; cet influx se faisait avec une variété ineffable, c’est-à-dire qu’il n’était jamais le même ; de là j’ai vu évidemment quelles infinies variétés il y avait dans chaque partie de cette prière, et que le Seigneur était présent dans chacune. Arcanes célestes, n. 6476.

Que dans les idées de la pensée des choses innombrables sont contenues, et que ces choses y sont en ordre dans les intérieurs, c’est ce que j’ai vu aussi quand j’ai lu le matin et le soir l’ORAISON DOMINICALE ; alors les idées de ma pensée étaient ouvertes vers le ciel, et des choses innombrables y influaient, tellement que j’ai pu percevoir clairement que les idées dérivées du contenu de cette prière étaient remplies du ciel, et qu’il y avait aussi des choses influées dans mes idées, qui étaient telles qu’elles ne peuvent jamais être exprimées, ni même comprises par moi ; seulement je sentais une affection générale qui en résultait ; et ce qui était merveilleux, les choses qui influaient étaient variées chaque jour. Par-là il m’a été donné de connaître que dans cette prière sont contenues plus de choses que tout le ciel n’est capable de comprendre, et que l’homme y trouve plus de choses selon que sa pensée est plus ouverte vers le ciel, et de même moins de choses selon que sa pensée est plus fermée au ciel ; car ceux dont la pensée est fermée n’y voient que le sens de la lettre, ou le sens conforme à l’expression. Arcanes célestes, n. 6619.

L’Oraison dominicale est lue chaque jour dans le ciel. Apocalypse révélée, n. 839. La Vraie Religion chrétienne, n. 113.

La qualité de tous les esprits et anges peut être connue par l’influx des idées de leur pensée et de leurs affections dans le contenu de l’Oraison dominicale. Arcanes célestes, n. 4047.

Dans l’Église de la nouvelle Jérusalem, le Seigneur sera adoré, comme il l’est dans le ciel, et ainsi sera accompli tout ce qui est contenu dans l’Oraison dominicale depuis le commencement jusqu’à la fin.

La Vraie Religion chrétienne, n. 113.

 

 

FIN.

 

 

 

 

 



1  Cette préface est du révérend M. Clowes, traducteur des ouvrages d’Emmanuel Swedenborg en anglais.

 

 

 

 

 

 

 

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