Essai sur la philosophie

de Blanc de Saint-Bonnet

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

Paul VUILLAUD

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

I

 

 

Le corps ne vit pas par lui-même. Il en est de même pour les Sociétés ; si le principe intellectuel ne préside pas à leur conservation, elles meurent. Aujourd’hui l’erreur se porte volontiers sur la cause spirituelle d’animation. En conséquence, un grand devoir incombe aux générations actuelles : placer en lumière ou remettre en honneur les hommes éminents restés ignorés ou méconnus. L’âge précédent, tant calomnié, l’a peut-être été seulement pour ce motif : on a laissé végéter dans l’ombre les esprits précieux qui devaient en faire la gloire aux yeux de tous. Serions-nous dans l’incertitude des lendemains si les bonnes volontés de cette époque passée n’avaient pas, elles-mêmes, gaspillé leurs talents à la réfutation de sophismes quelquefois sans danger ?

Au surplus, peut-on se figurer une plus solide, une plus belle réfutation des vaines doctrines : magnifier les systèmes publiés par les Confidents du Verbe ?

Les noms d’apothéose ne sont pas, hélas ! gravés aux frontons des Cités, et des corrupteurs se félicitent d’une publicité faite par leurs disciples et plus encore par leurs adversaires. La Palingénésie sociale tombe vite dans l’oubli, l’Unité spirituelle passe à peu près inaperçue ; la Vie de Jésus d’un voluptueux Renan soulève une tempête de libelles célébrant de faciles triomphes. L’unique moyen, pourtant, d’endiguer l’Erreur n’est-il pas d’élever un monument à l’auguste Vérité ? Qu’importait l’orage dévastateur de la Réforme sous un ciel à ce point privilégié qu’il voyait éclore l’École d’Athènes et la Dispute du Saint Sacrement ! Quel enseignement sous l’Ésotérisme de l’Histoire : la haine et l’orgueil, impuissants devant la Beauté ! L’exégète Luther convaincu d’hérésie par Raphaël, ce théologien !

La malignité dont je me plains s’est exercée à l’égard des plus grands cerveaux du XIXe siècle, soit que leurs conceptions fussent d’une incontestable orthodoxie, soit qu’elles ne le fassent plus, mais par un excès de générosité, excès à reprocher en termes de mansuétude. Dans l’ordre spéculatif comme dans l’ordre artistique, je citerai des noms. Parmi ceux qui, un jour, domineront le monde : Ballanche, Chenavard, Janmot, Lacuria, Alexandre Soumet... tous inconnus ou niés ! Inconnu ce Blanc de Saint-Bonnet, armé du Glaive de l’Esprit cependant ; nouveau Newton, découvrant la loi cosmologique du monde moral. Quelle proscription s’est attachée à ces hommes dont le regard s’est posé sur le soleil de l’Absolu, tandis que l’Imposture nous accable de sa renommée ?

Il en est temps ! Il en est temps 1 Élevons nos idoles, avec des gestes pieux, sur les socles de diamant. Tressons des couronnes au GÉNIE.

 

 

Peu d’évènements notables dans la vie d’Antoine Blanc de Saint-Bonnet, sinon que ce philosophe dont la doctrine repose sur l’idée du Bonheur fut peut-être plus qu’aucun autre le familier de la souffrance. La malice des choses le voulait ainsi.

Né à Lyon en 1815, il y est mort en 1883. Après avoir vécu, pendant sa première jeunesse, d’une vie indisciplinée, primitive, il devint l’élève du fameux abbé Noirot, avec lequel il resta en correspondance toute sa vie. L’intelligente pédagogie de ce professeur, surnommé le Socrate chrétien, transforma si bien un des plus mauvais écoliers connus qu’en 1841, encore étudiant en droit à Paris, il publiait ce livre merveilleux : De l’Unité spirituelle ou de la Société et de son but au-delà du Temps. Merveilleux, certes ! cet ouvrage fit publiquement peu de bruit ; quatre ou cinq comptes rendus, d’après mes recherches, signalèrent ce livre de philosophie qui mériterait d’être classique surtout à une époque aux prétentions de Pensée indépendante 1. La première partie, c’est-à-dire trois livres, de cette œuvre dont l’ensemble devait en comporter huit, parut seule quoiqu’entièrement composée. Notre auteur publia ensuite ce volume magistral : De la Douleur (1849), un des ouvrages les plus originaux et les plus profonds qu’ait produit la France, au jugement de F. de Rougemont. Puis successivement, il écrivit : De la Restauration française (1851) estimé par J. Barbey d’Aurevilly le plus beau, le plus fort de tous ceux qu’il a écrits, le Koïnor de tous ses diamants 2 ; L’Infaillibilité (1861), De la Légitimité (1873), La Raison, l’affaiblissement de la Raison en France, les Préliminaires du livre de la Chute (1878), enfin ouvrage posthume L’Amour de la Chute (1902).

On ne trouvera pas une doctrine identique dans les différentes œuvres de Blanc de Saint-Bonnet. Quoique sa conception de Dieu et des attributs qu’on donne plus spécialement à chacune des Personnes de la Trinité soit toujours la même et forme la base de sa doctrine générale, les conséquences qu’il en tirera dans le domaine pratique seront si différentes que chacun pourra voir en notre philosophe deux hommes très distincts.

En 1848 se passa le seul fait assez important, je crois, pour être mentionné dans sa biographie. C’est à cette date, en effet, qu’en « un tournemain le doux philosophe de l’Amour, de l’Unité spirituelle devint le bizarre théocrate du Mémoire au Clergé de France et du Principe de la Légitimité 3 ». Saint-Bonnet désormais philosophe en titre de l’Univers s’attire les louanges de Louis Veuillot ; V. de Laprade s’en indigne, mais d’Aurevilly l’appelle « le plus profond, le plus sagace philosophe contemporain ».

Il faut insister un peu sur ce revirement.

Blanc de Saint-Bonnet, avec Barthélemy Tisseur et Victor de Laprade, liés de la plus étroite amitié, étaient les principaux d’un petit groupe soumis à l’inspiration de Ballanche. Le grand homme avait même pour le jeune auteur de l’Unité une affection toute particulière, l’admettant dans l’intimité de sa communication. Ce groupe d’amis formait une école restant fidèle au caractère de la cité qui, de Gerson à Ballanche, s’est distinguée par l’esprit de charité tendre, le platonisme évangélique qu’apportèrent ses premiers apôtres, comme la tradition du disciple bien-aimé 4.

Or, ceux qui ont fait une étude spéciale de l’époque généreuse aboutissant à ce que l’on a nommé la grande désillusion de 1848, savent à quel point les idées d’égalité, de liberté, de fraternité, de justice sociale, gouvernèrent les esprits. Logiques avec eux-mêmes, croyant toucher au but, c’est-à-dire à l’instauration de la Société pure, les penseurs de cette période voyaient une harmonie parfaite entre l’Évangile et la République ; ce gouvernement était pour eux l’application, dans la sphère civile, des principes évangéliques, sphère religieuse. Blanc de Saint-Bonnet même était à ce point imbu des doctrines ballanchistes qu’il présenta son intime ami V. de Laprade aux élections de 1848, sans la crainte de dire aux habitants des campagnes comme l’atteste un document peu connu 5 :

« La loi qui nous a tous établis frères pour l’immortelle vie est enfin reconnue et proclamée pour celle-ci !.. »

« La République est la forme naturelle d’une société chrétienne... »

« La Révolution a terminé le règne du passé... »

Cette affiche électorale, on le voit, n’a rien de commun avec celles d’aujourd’hui.

C’était le 18 mars : or le 28 de ce même mois, le philosophe de l’Unité spirituelle lisait à l’Académie de Lyon la première partie d’une dissertation sur les diverses formes du gouvernement en se prononçant pour la Nomocratie ou gouvernement de la loi ; puis la réalité prenait la place du rêve et le mystique métaphysicien ne devait plus éditer dès lors que « des ouvrages avancés pour défendre sa chère citadelle de Saint-Bonnet le froid ».

De tels gestes révèlent un utopiste et je promettais un philosophe, va-t-on me reprendre. Le but paraissait près d’être atteint, ai-je déclaré plus haut ; ce fut, sans doute, le tort de ces jeunes esprits. Mais les réalités contradictoires n’infirment pas l’objectivité des principes qui trouveront leur application dans les temps de plénitude ; aussi ne cacherai-je pas ma prédilection pour la première phase intellectuelle de l’auteur de l’Unité, à la fois par conviction personnelle et parce qu’elle constitue la véritable originalité philosophique de notre écrivain. Défenseur du Capital et de l’Infaillibilité, apologiste de la Légitimité, il n’apportera rien de nouveau aux argumentations traditionnelles, sinon, il faut le publier, la grandeur littéraire de son génie.

M. de Maistre, écrivant à Ballanche, l’invitait à venir dans son camp. Ce fut donc Blanc de Saint-Bonnet qui s’y rendit.

Retenons cependant que si, pour le théocrate savoyard, l’idée devait être propagée à l’aide du bourreau, un inquisiteur eut suffi au petit-fils de cet aubergiste, le citoyen Blanc devenu châtelain de Saint-Bonnet-le-froid.

Quel sujet d’étonnement, les divergences intellectuelles ! L’apôtre de la société vivant en solitaire farouche pour les visiteurs, le pur ingénu qui se troublait en approfondissant le mystère de la Trinité, élevant un orgueil insupportable au point de ne pouvoir souffrir une contradiction, se croyant envoyé de Dieu et rêvant de servage sous la puissance sacerdotale après avoir connu, enfant, la répulsion du prêtre. Quel regret de voir les questions d’intérêt seules causes des changements d’opinion ! Involontairement, alors, je me tourne vers cet autre philosophe qui mourut, riche de ses charités, après avoir vécu chaste comme Kant et Newton : l’immortel Ballanche.

Revenons vite à l’Unité spirituelle.

Lorsque cet ouvrage parut, un critique jugeant que « M. Saint-Bonnet aurait pu faire un ouvrage vraiment utile et n’a fait qu’une œuvre de métaphysique sans fondement et sans consistance » s’attira cette hautaine réplique : « Je sais que mon pied a touché le solide. »

Abordons l’étude de notre philosophe avec la même confiance.

Si le long des siècles, l’Erreur se reproduit sous des apparences nouvelles à première vue, nous retrouvons toujours le même mensonge obstiné : toutefois, la vérité a pour elle le mystérieux et ravissant privilège de rester une en son essence et de se développer sous le rapport de la compréhension que les hommes peuvent s’en faire. Affirmons aussi que la vérité seule provoque l’affranchissement de la pensée.

Or il faut signaler chez le philosophe de l’Unité la marque incontestable du génie, c’est-à-dire de l’homme supérieur qui sait montrer les principes d’ordre éternel sous un jour où ils n’avaient pas encore été aperçus. Cette supériorité éclatera, soit dans le but proposé, soit dans la méthode employée pour y parvenir, comme enfin dans les conclusions où aboutiront ses raisonnements enchaînés par les liens d’une logique si serrée que l’adhésion du lecteur sera immédiatement conquise.

À vrai dire, la lecture fréquente de cette œuvre procurera seule la joie de posséder, avec certitude, la solution des problèmes qui bouleversent l’âme humaine et d’apprécier cet enchantement radieux causé par la mélodie des mots exprimant l’austérité du vrai. En effet, notre auteur exprimait ses notions sur les questions de métaphysique la plus profonde sans pédantisme d’école, mais au contraire avec poésie. « Ceux qui parviennent, disait-il, à unir les dons de la pensée à ceux de l’imagination sont rares ; ce sont les grands écrivains. » Ainsi, d’avance, Saint-Bonnet édictait le jugement que la postérité lui doit. C’est pourquoi, par suite de la puissance scientifique de sa vision, n’est-ce pas sans une sorte de timidité que j’écris à propos du métaphysicien appelé le philosophe de l’Amour. Lire les pages de son œuvre, je l’avoue, en serait le meilleur exposé et le meilleur commentaire. On ne parle de certains sujets qu’en les déflorant.

Les différents motifs de controverse, source de perpétuelle discorde, peuvent se ramener à une seule et unique catégorie : la réconciliation de la Foi avec la Raison, de la Philosophie avec la Révélation. Or, à l’époque où fut publiée l’Unité spirituelle, période plus aiguë de désunion, certains penseurs, à la suite de Pascal, décrétèrent la Raison d’impuissance, inaugurant ainsi ce système dont M. de Bonald fut le plus éclatant protagoniste sinon le plus bruyant : le Traditionalisme, système qui devait rendre illustre un écrivain resté jusqu’à ce moment sans publicité, M. de Maistre. D’autres penseurs, sous le nom de Rationalistes, se portèrent comme négateurs du fait de la Révélation. Et ce que se proposa en définitive Blanc de Saint-Bonnet fut de mettre la main dans la main le Traditionaliste et le Rationaliste. « Puisqu’il faut qu’on vous le dise, déclarait-il, c’est par la religion que je tiens à la raison » ; d’autre part : « Il n’y a pas croyance où la raison ne se trouve pas. » À cette occasion il définit nettement le rôle de la Philosophie. S’il y a deux sources de lumière dans le monde, la Révélation et la Raison, « la philosophie consiste, dit-il, à retrouver par la raison les vérités qui nous ont été annoncées par la Révélation et montrer ainsi que toutes les vérités de la révélation sont aussi des vérités de la raison ».

Ce point de vue frappe par sa justesse ; l’homme n’a jamais, dans l’étude des plus grands problèmes, commencé par le doute, et l’affirmation a toujours précédé la négation.

Pour la fin conciliatrice qu’il se propose, parfaitement déterminée par l’auteur, le projet que Blanc de Saint-Bonnet a conçu est de donner une Théorie de la Société. Car il a vu, après Ballanche, dans la Société, le phénomène le plus universel, phénomène dont l’analyse lui donnera la conception explicative de la création. Or, c’est dans l’Homme, être social, qu’il faut étudier la Société, et c’est en Dieu, être incréé, qu’il faut étudier l’homme ; d’où nécessité d’une Ontologie et d’une Psychologie, préfaces d’une Cœnologie.

Du premier coup, on peut se rendre compte de la méthode employée par notre philosophe. Il renverse le procédé employé par le XVIIIe siècle, comme il dépasse celui de l’Éclectisme, c’est-à-dire, il place son point de vue dans l’Absolu. Pour lui, la démonstration ontologique est seule à satisfaire la Raison, faculté de l’Absolu. Partir du relatif, méthode expérimentale, c’est observer ce qui est ; partir de l’Absolu est la méthode rationnelle, car la Raison, étant donnée son impersonnalité, conserve les idées absolues du Bien, du Vrai et du Beau, en un mot de ce qui doit être.

Somme toute, B. de Saint-Bonnet préfère écrire la Théorie du Bien en place de la Théorie du Mal.

De plus, le procédé ontologique qui nous conduit au principe de toute connaissance nous révélera l’élément fondamental de l’homme, en quoi consiste sa personnalité, son Moi ; il nous révélera en conséquence le principe fondamental de la société. Néanmoins, si notre philosophe part du Nécessaire, il montre le bien-fondé de ses conclusions par la preuve tirée de l’observation : « Nous renforcerons, dit-il, la déduction rationnelle de l’induction expérimentale. »

On ne peut être plus rigoureusement scientifique ; le désir d’Albert-le-Grand satisfait : les deux méthodes de Platon et d’Aristote réunies !

Après tout, comme les intentions finales de B. de Saint-Bonnet sont d’établir les bases véritables de la Société, il démontre la légitimité de son procédé philosophique en critiquant les différents systèmes sociaux enfantés par l’esprit empirique. Ses exemples sont surtout : Aristote, Machiavel et Montesquieu, Grotius également, Pufendorf, Hutcheson, d’autres encore, enfin Rousseau. Parmi ces écrivains, les uns nieront la sociabilité de l’homme, d’autres expliqueront la société par le despotisme ou le contrat social. Pourquoi ? Justement parce que ces publicistes ont étudié le fait, ce qui a été ; mais ce qui a été correspond-il à ce qui doit être ? Non, la méthode ontologique, seule, nous donnera la connaissance de la véritable Société. « La Société pure, selon la définition de notre auteur, est l’ensemble des rapports immuables qui doivent exister entre les êtres moraux, d’après les lois nécessaires et éternelles qui les constituent au milieu du temps, dans un ordre naturel de développement qui les conduise au-delà du temps. »

 

 

 

 

II

 

 

Après avoir indiqué la méthode de Blanc de Saint-Bonnet, il en faut montrer l’application.

La démonstration ontologique nous montre l’homme doué de Rationalité, c’est-à-dire « possesseur d’un rayon de cette Sagesse absolue qui régit les êtres dans les voies de la conservation ».

Étudié dans le temps, – preuve psychologique – nous retrouvons chez l’homme la Rationalité, la plus grande de ses facultés objectives.

L’homme, possédant la Rationalité, a la connaissance de sa fonction ; il est aussi doué de Causalité afin de l’accomplir. La Causalité, à laquelle on a donné le nom de Volonté, est le second élément de la nature humaine ; elle en est l’élément personnel comme le premier était impersonnel. B. de Saint-Bonnet agit pour la Causalité comme pour la Rationalité, il la démontre ontologiquement et la prouve psychologiquement.

L’homme manifeste la Causalité dans la sphère où il se meut, dans le monde moral par conséquent. Toutefois, il doit former sa personnalité, c’est-à-dire se préparer à la Vie absolue à laquelle la loi de son développement naturel le destine ; l’homme est donc enfermé dans la matière, sorte de néant phénoménique.

Enfin, après avoir analysé l’homme ; après l’avoir décomposé en raison, volonté, intelligence, corps, on doit recomposer ses divers éléments pour le montrer dans sa réalité une. Il reste donc à chercher ce centre « où viennent se rattacher la raison et la volonté, l’intelligence et le corps, la cause qui les meut et les vivifie et les emploie à son usage ».

Toujours suivant la même méthode, notre auteur va chercher sa lumière dans l’Absolu, quitte à faire la preuve psychologique de ses conclusions ontologiques. C’est dans l’Absolu, en Dieu qui est la seule Réalité, que nous découvrirons la notion de ce qu’est l’homme en vérité et de son état naturel. Après avoir justifié qu’il reste dans le domaine de la Raison, B. de Saint-Bonnet conclut « que Dieu doit être nécessairement : 1° comme possédant tout l’être ; 2° comme engendrant tout ce qu’il possède ; 3° comme aimant tout ce qu’il engendre ». Le nombre infini d’attributs divins se ramène à trois personnes générales : Puissance, Sagesse, Amour.

En définitive, l’essence de Dieu est la Réalité, son principe constitutif est l’Amour, sa vie naturelle est la Félicité.

Ces trois personnes de l’Absolu s’accuseront en correspondance dans le Relatif ; car le Relatif possède en lui, proportionnellement, cette Trinité, l’existant se modelant sur l’Être. Par sa Raison, l’homme participe de l’attribut de Sagesse ; par sa Causalité, il participe de l’attribut de Puissance ; il participera du troisième attribut, de l’Amour, et nous définirons désormais l’homme : l’être doué d’Amour. « L’Amour qui identifie toutes les puissances de la Réalité dans cette union divine d’où résulte la suprême félicité ; l’amour qui resterait encore comme un lien distendu entre les trois divines Personnes, s’il était possible que, jetées par-delà les sphères inconnues, elles rompissent leur éternelle union ; l’amour qui demeure entre l’être créé et l’être infini lorsque la création les sépare ; l’amour, qui fait incliner l’être absolu vers sa créature, et qui soulève celle-ci vers son créateur ; l’amour enfin qui fait la vie de Dieu, oui, cet amour brûle aussi dans le sein de l’homme !.. » Enfin, comme le Cœur est la faculté de l’Amour, le Cœur sera l’homme, le MOI.

L’homme n’est plus seulement un principe pensant, il est un principe aimant. Notre philosophe a, de cette façon, comme on l’a dit 6, fait avancer d’un pas la connaissance psychologique de l’homme et la connaissance ontologique de Dieu.

La psychologie prouve que le Cœur est tout l’homme ; l’ontologie prouve que Dieu est Amour.

Deus Caritas est ! avait déclaré saint Jean, mais avec V. de Laprade remarquons : « À part la notion religieuse, on n’avait pas encore eu une vraie notion de Dieu » philosophiquement parlant, Dieu était inconnu ! Le monde, l’homme, Dieu, triple problème pour notre esprit ; Thalès en cherchera le premier mot, Socrate attirera l’attention sur le second, cependant la connaissance du troisième sera réservée aux temps modernes. L’esprit humain, dévoilant progressivement le mystère de l’Être, conçoit le principe primordial de l’Absolu, l’élément divin lui-même, au moment même où son délire prophétique se réjouit d’une Société Pure. Il semble que la connaissance du mystère qui s’accomplit ontologiquement dans l’Infini, mais qui se manifeste logiquement, sous le rapport de ses attributs, à cause de la relativité de notre compréhension, une fois développée, par étapes successives, devant la Raison, l’Humanité s’élancera hors du Temps, admise à jouir de la Vie réelle pour laquelle cette existence terrestre n’aura été qu’un prélude initiateur.

B. de Saint-Bonnet n’avait-il pas raison d’admirer lui-même la méthode rationnelle puisque, dit-il, « cette lumière puisée dans l’absolu éclaire d’une manière si parfaite les faits donnés par le temps, qu’il en est sorti une théorie historique tellement exacte 7 qu’elle explique d’un seul trait, pour le passé et pour l’avenir, la marche de l’humanité. Ceux qui s’occupent de l’histoire de la civilisation seront frappés de voir les temps historiques répondre point par point aux trois éléments de l’existence éternelle. Ils verront la loi qui préside à la constitution de la Divinité se diviser, selon les catégories mêmes de l’Être, en trois principes auxquels correspondent les trois phases qui président à la formation de l’humanité. Ils verront que l’antiquité a réalisé la première, que les temps moyens achèvent de réaliser la seconde et que déjà les temps modernes pensent à réaliser la troisième, celle qui doit tout accomplir ».

Cette notice présente n’est que le bref résumé d’une œuvre splendide dont près de 2.000 pages forment le tiers. Il faut donc lire, dans l’ouvrage, les solides démonstrations que l’auteur apporte en preuve de ses théorèmes.

Platon eut été joyeux de connaître ces dissertations dont la force est telle que l’âme la plus rebelle, songe-t-on, est contrainte de s’ouvrir à la Bonté, alors que l’âme saine parfume de délicatesse les actes les plus indifférents de la vie. Lire l’Unité spirituelle, c’est obliger l’homme grossier à confesser l’Idéal, le brutal à croire à la charité, enfin le blasphémateur à s’écrier : Celui que je renie, je le sais, est le Dieu du Ciel, de la Terre et des Enfers.

L’étude des éléments de la nature humaine, en parallélisme avec les attributs des trois divines Personnes, va nous conduire à une nouvelle définition de l’homme ; analysé dans ses organes de relation avec le temps, ne faut-il pas le connaître dans son rapport avec l’Absolu ? La conclusion précédente s’énonçait : l’homme est l’être doué d’amour ; or être doué d’amour ou doué du mouvement vers la Vie absolue, vers le bonheur, sont termes identiques. Toutefois, par le fait de la création, le fils de l’Être possède l’existence moins le bonheur. Mais, au juste, qu’est-ce que le bonheur ? « Le bonheur, répond Saint-Bonnet, consiste dans la possession de ce qu’on appelle le bien ; et le bien c’est la possession de l’être. » « Si le bonheur consiste dans la possession du bien et si le bien est la possession de l’être, celui qui possède la plénitude de l’être se trouve conséquemment dans la plénitude de la félicité. De plus, la possession de tout l’être que comporte une nature constitue pour elle la perfection ; la perfection est, pour un être, le bien par excellence. Maintenant, si Dieu renferme la substance infinie, il possède donc la perfection infinie ; s’il possède la perfection infinie, il possède le bien infini ; s’il possède le bien infini, il possède la félicité intime », Dieu, c’est la Félicité

Or, l’homme participe de l’Être ou de Dieu ; il en est ainsi, exister, c’est avoir quelque chose de l’Être, c’est-à-dire la créature participe de la Réalité ; il participera donc en proportion de la modalité essentielle de l’Être ou du Bonheur. L’homme existe ! Les conditions de son existence sont celles de l’existence absolue, relativement sans doute, il est donc né pour le Bonheur. Séparé de la Vie absolue, il lui reste le besoin du Bonheur, et comme la Vie absolue, le Bonheur, c’est Dieu, l’homme est l’être qui a besoin de Dieu.

Ce besoin du Bonheur, la tradition comme la psychologie, n’en témoigne-t-elle pas ?

Le bonheur est le motif pour lequel l’homme agit, puisque le bonheur consiste dans la possession de son bien ; il y arrivera par l’amour, l’amour étant le mouvement par lequel l’être créé tend à retourner vers l’être incréé. Par conséquence « tout acte inspiré par l’amour, c’est-à-dire par le besoin du bonheur, chaque acte de l’homme, qu’il le sache ou qu’il l’ignore, n’est qu’un nouvel effort pour s’approcher de Dieu ».

Néanmoins, ce bonheur sera goûté seulement lorsque l’homme aura constitué sa personnalité, au moment donc où il s’essorera du Temps. « Car l’homme n’est sur la terre que pour accroître en lui la substance de Dieu. » Cette substance sera transformée par des actes sanctificateurs, c’est-à-dire réels puisqu’ils sont des actes d’amour et que l’amour n’est pas une abstraction mais une réalité, que l’amour c’est la Vie. Il faut que l’homme rapproche sa nature de la nature divine s’il veut un jour trouver le bonheur dans ce qui fait celui de Dieu. C’est le but de la Création.

La méthode rationnelle et la contre-épreuve psychologique éclairent l’énigme de la création. Au surplus, B. de Saint-Bonnet retrouve ses conclusions dans le sens commun.

D’autre part, Dieu nous envoie, par le sentiment de l’amour, l’idée absolue du Bonheur, pour nous initier à la condition de sa nature. Cette idée du bonheur est impersonnelle, absolue, divine. En effet, nous n’avons pu trouver ici-bas cette idée, la somme des peines prévalant sur celles des joies. La plainte universelle ne se résume-t-elle pas dans le cri de l’apôtre : Omnis creatura ingemiscit. Oui ! toute créature est dans le gémissement et la créature a l’idée du bonheur ; elle seule ne s’est même jamais obscurcie ; elle est comme la réminiscence d’un autre monde, du monde de la Félicité. La révélation de l’idée du bonheur est donc la révélation de ce qu’on appelle le Ciel.

Pourtant, dans la recherche du bonheur, l’homme doit éviter l’égarement. Dieu lui envoie-t-il aussi le sentiment de l’amour platonique, où l’idée de la Félicité trouve sa source. L’Infini se rend sensible en ce monde par la Beauté ; « la beauté est la forme accessible de la substance de Dieu ». L’amour platonique, « mouvement produit dans le cœur par le beau », nous fait sortir de l’amour personnel qui nous assure de notre individualité pour nous rendre à la vie générale. Cet amour platonique, printemps de l’amour conjugal, constitutif de la Famille, dans laquelle nous devons soulager et exercer nos cœurs, pendant l’exil, nous est envoyé pour apprendre à aimer la Famille universelle et de là monter jusqu’à Dieu. Père, Mère, Frères, Époux, Enfants, Amis, Prochain, Dieu ! progression d’amour ! Dieu : Souverain-Bien dans la possession duquel l’âme trouvera sa joie et se fixera non pas en une froide immobilité, mais dans une activité indicible où l’amour épuisé retrouvera son énergie dans les flammes d’un amour infini, – perpétuellement.

Cette vie intégrale est le but de l’Humanité : le séjour terrestre, par son perfectionnement, est le moyen qui l’y conduit. Dieu communiqua-t-il aussi à l’homme l’amour de la félicité et de la perfection. Merveille inouïe ! Par l’amour nous possédons Dieu et nous pouvons le posséder dès ce monde ; – dès ce monde commence la vie absolue.

Pratiquement, puisque par l’amour nous possédons Dieu et que l’amour consiste à faire le bien ; faire le bien, c’est se diviniser.

Voici donc le dernier mot de la Création : Dieu, Amour souverain, a créé pour avoir à qui faire du bien. « La création est un débordement de l’amour infini. C’est pourquoi la création apparaît comme nécessaire, mais de la nécessité qui porte Celui qui est bon à faire le bien. » C’est ce qu’exprime un poète-philosophe :

 

« Jehova seul était, il était l’existence,

« Jouissant de lui-même et de sa trinité,

« Et portant sans fléchir son poids d’éternité

« Sans nul vide en son sein, plein de sa quiétude,

« De son immensité peuplant sa solitude.

« Il voulut cependant par libéralité,

« Épancher les trésors de sa fertilité

« Et laisser à longs flots s’écouler comme une onde

« Le trop plein du bonheur infini qui l’inonde 8. »

 

L’Homme, des profondeurs de l’Éternité, était attendu comme une quatrième personne de la divinité.

Cette doctrine que Blanc de Saint-Bonnet a eu la gloire de révéler en langage scientifique, cette doctrine dont les parrains se nomment : Platon, Dante, Ballanche, a fait crier au sacrilège ; celle du sublime Palingénésiste avait été taxée de favorable à l’anarchie ! N’a-t-on pas qualifié d’élucubrations les magistrales compositions de Chenavard ; de panthéistes, les admirables conceptions du Poème de l’Âme de Janmot ! Hélas ! presqu’entièrement composé, le livre de l’Unité spirituelle ne verra jamais le jour. La vérité est, paraît-il, une audace de la Pensée.

Qu’on me laisse redire mon enthousiasme. Le lecteur reste enchanté, après avoir fini les trois volumes imprimés, au seuil, par conséquent, de l’étude proprement dite de la Société et de son but au-delà du Temps. L’idée de Famille, sur laquelle repose la société, a inspiré à Saint-Bonnet des développements d’une beauté solaire. Les lire plonge l’âme dans la paix. Les pensées de l’auteur à propos du mariage, fondement de la Famille, noces dont l’archétype est le mariage éternel des divines Personnes ; à propos de la Famille divine, paradigme de la Famille humaine, prisme sur lequel se décomposent les rayons de l’Amour intégral ; à propos du mystère cosmogonique de l’homme androgynique éclairci, la Sexualité résidant plutôt dans les âmes que dans les corps... les pensées de l’auteur, dis-je, se déroulent en splendeur. Saint-Bonnet voulait d’abord écrire un poème ; ayant pris conscience de son temps, il préféra bâtir un monument scientifique.

On va me convaincre au moins d’ingénuité en cet instant, au souvenir de ma réflexion : Saint-Bonnet classique. Classique ! une pensée somptueuse traduite en mots de flammes ; classique ! la science ontologique bégayant des paroles suaves, en prenant son vol jusqu’à la sphère d’or de la Divinité ! Et je sais bien qu’on peut appliquer à notre penseur ce qu’Hello disait de Saint-Denys : il ferait éclater le programme. Songez donc ! apprendre philosophiquement à l’homme quelle est sa cause, quel est le nom de cette cause ; lui apprendre quel est son but et le moyen d’y parvenir ! Dieu, le Bonheur, l’Amour, le Cœur ! Mysticisme ! va-t-on hurler ; et nos professeurs d’abstraction de s’enfuir, effrayés, dans le désert de leur science glaciale.

Il est, en effet, difficile de pénétrer plus avant dans la science du mystère. Mais, la science du mystère étant la définition du mysticisme, Saint-Bonnet serait-il un mystique ? Les mots, remarquons-le, ont leur vie propre et ce terme de mystique, en particulier, a subi une telle altération qu’il est employé maintes fois pour qualifier certains esprits dont les doctrines sont volontiers contraires aux lois morales. Ce terme, si vague, spécifie simultanément celui dont l’imagination se perd dans les rêveries panthéistiques et celui qui confessera un Dieu créateur. L’abus du langage l’applique encore au chimérique comme à l’égaré ou même à l’imposteur déclarant que l’homme est Dieu. Pour Pascal, être mystique, c’est dire qu’il y a des raisons de croire que la raison ne comprend pas.

Or, nous avons mis très en valeur que Saint-Bonnet prend pour pierre angulaire de son système la méthode rationnelle.

Le mystique s’élance dans la voie d’amour sans avoir égard au procédé dialectique.

Le mystique est en possession de la certitude, le philosophe cherche la Vérité.

Le mysticisme est un état d’âme, son caractère est d’être subjectif, Saint-Bonnet est objectif plus qu’aucun autre.

Le mysticisme s’établit le plus souvent sur les ruines de la nature humaine, Saint-Bonnet montre la grandeur de cette nature, jusqu’à l’exaltation.

Le mysticisme prend son point de départ dans le mépris de soi-même et l’on voit Saint-Labre heureux sous ses poux ; Saint-Bonnet, lui, prétend que l’homme sans doute n’est rien par lui-même, mais il sait aussi qu’il est bien tout ce qu’il est. Il est le Fils de l’Être.

Il y a finalement mysticisme et mysticisme : celui de Plotin, dont l’ambition quiétiste est de croire que la créature trouve son bonheur dans l’union intime avec l’être divin, alors que, – inconséquence ! – l’homme ne peut avoir de cet être nulle connaissance ; celui des moines tranquilles du Mont-Athos, comme celui de Fénelon.

Donc si l’on tient absolument à garder cette dénomination pour caractériser le philosophe lyonnais, il est indispensable d’ajouter que son mysticisme est secundum scientiam pour me servir de l’expression de Gerson qui avait déjà réfléchi sur le vrai et le faux mysticisme.

La doctrine de Saint-Bonnet n’est pas à confondre avec ce flottant spiritualisme dont le criterium se constitue d’une aspiration à quelque divin inconnaissable ou accepté de bonne foi. Le sentimentalisme n’est pas la doctrine du cœur. Saint-Bonnet n’a aucun rapport avec Jacobi ou Gratry.

L’Unité spirituelle est une pluie de lumière ; que de problèmes approfondis avec une rare science y sont soulevés pour la première fois. En outre, Saint-Bonnet illumine d’une façon définitive ce fameux problème de savoir si l’acte qui nous met en possession de Dieu est un acte d’intelligence ou de volonté. Il l’illumine, dis-je, ce problème, source de disputes entre les deux plus fameuses Écoles du Moyen-Âge et que nos temps n’avaient pas encore résolu. Mais, encore une fois, l’auteur de l’Unité ne sort pas du domaine philosophique ; au surplus, il n’avait pas envisagé le différend à ce point de vue. Je le fais pour montrer que Saint-Bonnet, mettant la faculté de l’Amour dans la catégorie scientifique, a projeté des rayons de certitude sur les obscurités dont s’effare notre intelligence,

Aristote et Saint-Thomas disent : Nous verrons et connaîtrons Dieu.

Duns Scot répond : nous l’aimerons et nous en jouirons, donnant ainsi la première place à l’imperium voluntatis.

Saint-Bonnet, racontant du cœur les prophétiques merveilles, assure aussi que le cœur est l’organe de l’Éternité. Mais, de plus, sachant que l’intelligence est indispensable à l’amour, il tend la main au Docteur solennel, Henri de Gaud, dont le pressentiment conciliateur proclamait : « La connaissance éclaire l’intelligence ; l’amour rassasie le cœur ; la félicité consiste dans la connaissance de la vérité suprême qui est Dieu et dans l’amour de la bonté souveraine qui est Dieu. »

Il faut terminer. « J’ai vu le seigneur sur un trône », chantait Isaïe. Manassé le fit supplicier comme blasphémateur. Saint-Bonnet démontre scientifiquement que Dieu est Amour ; l’unanimité des hommes refuse d’entendre cette vérité. La réparation s’impose. Cent trente après la mort de Dante, la cathédrale de Florence s’honorait d’un cours public sur son poème ; le portrait du poète était suspendu entre ceux des prophètes et des saints. C’est ainsi que le Saint-office réparait ses poursuites et ses anathèmes contre le Gibelin condamné à la peine du feu. Eh bien ! maintenant, que dans les chaires et les collèges retentisse ce verbe d’amour, écho de cette Raison qui disait par Platon : « Omoios Theô kata to dunaton » et de cette révélation qui criait : « Estote perfecti ! »

 

 

Paul VULLIAUD.

 

Paru dans Les Entretiens idéalistes en 1907.

 

 

 

 



1  En 1850, parut un ouvrage intitulé Éducation Nationale ; sa deuxième partie, comptant plus de 400 pages, est exclusivement composée d’extraits de l’Unité spirituelle ; P. Charbonnier, son auteur, mettait ainsi à exécution sa pensée de faire pénétrer dans les classes du Prolétariat les hautes doctrines de B. Saint-Bonnet. Il m’a paru très important de signaler cet unique essai de propagande en faveur de la Philosophie de l’Amour.

2  Il est vrai que le Connétable des Lettres ne connut qu’imparfaitement le livre de l’Unité spirituelle. Au surplus, ce parfait styliste ne pouvait pas juger convenablement l’ouvrage. Celui qui s’oublia à nommer Ballanche un Platon-Jocrisse, d’Aurevilly qui fut souvent Jocrisse sans jamais avoir été Platon, étudiait les philosophes le cerveau enveloppé du drapeau blanc fleurdelysé.

3  V. Poésies de Jean Tisseur recueillies par ses frères, Lyon, Pitrat (Introduction).

4  V. Poésies de Jean Tisseur recueillies par ses frères, Lyon, Pitrat (Introduction).

5  Petrus Durel, V. de Laprade, homme politique. Paris-Girard. 1899.

6  Le Docteur Bevay. Voir aussi Le Réparateur, 8 mars 1841.

7  Il s’agit ici de la théorie de Ballanche. Au surplus, je publierai, ici-même, un manuscrit inédit de Ballanche pour montrer aux lecteurs de cette Revue, que B. de Saint-Bonnet, à cette époque, tirait sa philosophie des intuitions du sublime auteur de la Vision d’Hébal.

8  Alexandre Soumet, La Divine Épopée.

 

 

 

 

 

 

 

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