Victor de Laprade

(1812-1883)

 

Notice biographique extraite de :

Gérard WALCH, Anthologie des poètes français contemporains, 1924.

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE. – Les Parfums de Magdeleine, poème (1839) ; – La Colère de Jésus (1840) ; – Psyché, poème (1841) ; – Odes et Poèmes (1844) ; – L’Âge nouveau (1847) ; – Du sentiment de la nature dans la poésie d’Homère (1848) ; – Poèmes évangéliques (1810) ; – Les Symphonies (1856) ; – Idylles héroïques (1858) ; – Pernette, poème (1868) ; – Harmodius, tragédie (1870) ; – Poèmes civiques (1873) ; – Le Livre d’un Père.

Les œuvres de Victor de Laprade ont été publiés par Alphonse Lemerre et Calmann-Lévy.

Issu d’une noble et ancienne famille du Forez, Plerre-Martin-Victor-Richard de Laprade, né à Montbrison (Loire) le 13 janvier 1812, mort à Lyon le 13 décembre 1883, était fils d’un médecin distingué. Il fit ses études classiques au lycée de Lyon, et ses études de droit à la faculté d’Aix-en-Provence, se fit inscrire au barreau de Lyon et songea même à entrer dans la magistrature. Bientôt pourtant sa vocation l’emporta, et il vint à Paris tenter la fortune de la publicité. « C’est alors, dit M. François Coppée dans son Discours à l’Académie française, qu’il se révéla au monde littéraire par la publication de sa Psyché (1840), pure fleur de poésie éclose dans un esprit pénétré par Platon, ébloui par Phidias, mais resté, malgré sa juvénile témérité, sincèrement, absolument chrétien ; poème charmant et profond où l’auteur, employant le plus gracieux des symboles, montre, dans la légende de cette jeune fille devenue l’épouse d’Éros, la destinée de l’âme humaine s’unissant à Dieu dans l’éternité. Psyché fut bientôt suivie des Odes et Poèmes (1844). C’est là que Victor de Laprade a fait sa plus riche et sa plus féconde moisson lyrique ; c’est là qu’il a chanté, avec cet enthousiasme, cette exubérance de jeunesse que les poètes eux-mêmes n’éprouvent qu’une fois dans leur vie, son cantique à la gloire de l’univers visible, son hymne à la nature. Puis il publia successivement : les Poèmes évangéliques (1850), beau vase athénien plein de fleurs du Calvaire ; les Symphonies (1855) ; les Idylles héroïques (1858).

« Il fut alors nommé membre de l’Académie française en remplacement d’Alfred de Musset. Il était, depuis 1847, professeur à la faculté des lettres de Lyon, quand, vers 1860, une satire politique, Les Muses d’État, le fit destituer. Le coup était particulièrement cruel au poète, qu’il atteignait dans ses besoins de père de famille ; mais cette incursion dans le domaine de la satire eut un autre avantage que de montrer la hauteur et la beauté de son âme ; elle lui révéla un style plus simple, plus familier, sans qu’il cessât d’être lyrique ; elle détendit, elle humanisa en quelque sorte son inspiration, et il écrivit Pernette (1868), ce récit héroïque qui se peut comparer sans désavantage à l’Hermann et Dorothée de Goethe.

« Quand éclata la guerre, parmi les cris qu’arrachait alors à nos poètes le désespoir national, Victor de Laprade en poussa d’admirables, qu’il joignit à ses satires, sous le titre de Poèmes civiques (1873). Député par la ville de Lyon à l’Assemblée nationale, il démissionna promptement, rentra dans sa retraite studieuse, et, pendant les rares heures où il n’était pas obsédé par la maladie, composa celui de ses ouvrages où se manifestent le plus directement ses sentiments intimes, cette suite de courts chefs-d’œuvre qui forment le Livre d’un père. Ce fut l’admirable testament littéraire et moral d’un poète qui a suivi la route de l’art, les yeux toujours fixés, comme un berger de l’Écriture, sur l’étoile de l’idéal ; d’un poète qui serait au premier rang, s’il n’était pas né dans un siècle qui a donné à la France Alfred de Musset, Lamartine et Victor Hugo. »

Victor de Laprade appartient, avec Louis Ratisbonne, Joseph Autran, Auguste Lacaussade et quelques autres, à la génération intermédiaire entre l’École romantique et le Parnasse, auquel il se rallia dès 1869.

 

 

 

 

 

 

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