Joseph-Émile Poirier

(1875-1939)

 

Notice biographique extraite de :

Gérard WALCH, Poètes nouveaux, Delagrave, 1924.

 

 

 

 

Joseph-Émile Poirier est né le 21 février 1875 à Corseul, gros bourg des Côtes-du-Nord, situé entre Lamballe et Dinan, d’une mère issue d’une famille bretonne dont le berceau fut cette même région de Corseul, et d’un père natif de Saint-Malo. Dans ses premières années, les exigences de la situation de son père, qui était officier d’infanterie, le tinrent éloigné de la Bretagne, où il revenait toutefois, chaque année, à l’époque des vacances. Un peu plus tard, sa famille vint habiter Quimper, de sorte qu’une partie de son enfance et toute son adolescence s’écoulèrent au cœur même de la Basse-Bretagne. Il acheva ses études classiques à Rennes et fit son droit à l’Université de cette ville.

Son goût pour la poésie ayant toujours été des plus vifs, il débuta tout jeune dans les lettres par la publication de quelques poèmes et commença, dès 1898, à composer lentement, et selon les fluctuations de sa vie intérieure, les pièces qu’il devait réunir plus tard en volume sous ce titre : La Légende d’une Âme. En 1909, la Revue des Poètes édita ce recueil, couronné au « concours pour l’impression du premier volume d’un jeune ». Encouragé par ce succès, il publia, en 1908, un nouveau volume de vers : Le Chemin de la Mer, auquel l’Académie française attribua le prix Archon-Despérouses.

Malgré un séjour qu’il fit à Paris et, bientôt après, en Roumanie, J.-E. Poirier est resté très attaché à la vieille Armor, et les années de communion presque ininterrompue avec la campagne et la mer bretonnes n’ont pas été sans influencer son talent dans un sens régionaliste. Mais il est, en même temps, un poète de la douleur et du rêve, et son œuvre comporte une large part d’universalité. La vie l’a fait cruellement souffrir; dès ses jeunes années, son âme tendre et grave a longuement tressailli au contact de la froide et dure réalité, tueuse de songes, et il a par la suite porté le deuil de ses illusions les plus chères et les plus vivaces. Aussi tous ceux qui ont souffert les reconnaissait-il pour ses frères. Il leur ouvrait sa porte, et sa chanson douce et attristée les accueillait et leur contait tout bas... leur propre histoire, qui est celle de toute âme humaine. Ajoutons que si le poète a la nostalgie de sa terre natale et de la mer, il a aussi le culte du passé. Des visions de Bretagne alternent dans ses livres avec des pièces dédiées aux ancêtres et d’autres poèmes d’un lyrisme émouvant.

Joseph-Émile Poirier a collaboré à L’Hermine, au Clocher Breton, au Breton de Paris, au Mois Pittoresque et Littéraire, à Je Sais Tout, à La Revue Hebdomadaire, à L’Information, à La Revue Française. Il a été successivement secrétaire de la rédaction au Censeur Politique et Littéraire et à La Revue des Poètes. Il est actuellement rédacteur en chef du Verbe.

1920. – Les graves événements qui se sont succédé depuis que les lignes précédentes furent écrites, ont marqué leur trace profonde dans l’âme et dans l’œuvre de Joseph-Émile Poirier. Engagé volontaire dès les premiers jours de la guerre, il a passé quatre années au front, sur la ligne de feu, d’où il est revenu avec une blessure. Il a noté ses impressions de guerre avec un art alerte, sagace et fervent dans son beau volume, au titre expressif : Plus haut que soi-même, qui fut couronné en 1919 par la Société des Gens de Lettres et par l’Académie française.

 

 

 

 

 

 

 

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