Avec Elle je puis tout

 

SUPRÊME TÉMOIGNAGE

 

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

 

Maria WINOWSKA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’EST la fin de juillet 1941. Dans le bloc 14, celui du Père Maximilien, manque un homme.

Une nouvelle évasion ! Les bagnards se souviennent avec épouvante de la menace du chef de camp, Fritsch, que pour chaque évadé vingt hommes de son bloc seraient condamnés à mourir DE FAIM.

Cette nuit-là personne ne dort dans la baraque. Une peur mortelle s’empare de ces malheureux, pourtant rompus aux tortures les plus raffinées et qui souvent désiraient la mort comme une délivrance...

La mort, oui, mais non point cette mort, de toutes la plus atroce ! Tomber sous les balles du peloton d’exécution, mourir d’une mort de soldat ne fait point peur à ces braves ; ils savent, sans frémir, faire face à la potence ; mais agoniser pendant des jours au compte-gouttes, au milieu d’indicibles tortures qui vous sèchent les entrailles, remplissent les veines de feu, mènent à la folie – rien que d’y penser leur sang se glace et ils se sentent envahis d’une terreur sans nom.

On raconte dans le camp des choses horribles sur ce qui se passe dans le « Bloc de Mort ». Parfois, la nuit, retentissent dans ce lieu d’épouvante des hurlements de fauves. Les condamnés à la faim, dit-on, ne gardent plus rien d’humain et font peur même aux geôliers... Car, il ne s’agit pas seulement du martyre de la faim, mais aussi de celui de la soif. Pendant ses fameuses grèves de faim Gandhi buvait ! Mourir de faim, tant que l’on peut boire, n’est point si dur : c’est la soif qui est un martyre indicible...

Chacun se demande : « Et si c’est moi ? » Des héros de la Résistance pleurent comme des petits enfants.

À un tout jeune garçon qui tremble à côté de lui le Père Maximilien dit à mi-voix :

– Tu as si peur, mon pauvre petit ? N’ai peur ! La mort n’est pas effrayante.

 

*

 

Le lendemain matin, à l’appel, le chef de camp annonce que le fugitif n’a pas été retrouvé. Il donne l’ordre de rompre les rangs à tous les blocs, sauf le 14.

Les voici debout sous le soleil ardent. Les heures passent. Il est sévèrement interdit de leur donner à boire. Des SS les surveillent et « rétablissent l’ordre » avec des coups de crosse. De temps en temps quelqu’un s’effondre. Lorsque les coups n’y peuvent rien, lorsque les malheureux sont bien évanouis et insensibles, les bourreaux les traînent hors des rangs et les jettent en vrac, les uns sur les autres. Chaque heure voit s’élever le monceau lugubre. Les visages de ceux qui « tiennent » sont tuméfiés par la chaleur, méconnaissables.

Le Père Maximilien, ce malade vingt fois condamné par les médecins, ne s’évanouit point, ne tombe point. Comme Marie, sous la croix il tient : DEBOUT.

N’a-t-il pas répété cent et mille fois : « Avec elle je puis tout ! »

Voici l’heure de le prouver ! Voici le moment de donner l’exemple ! Sous le soleil implacable de juillet sa décision, lentement, mûrit. Il a tout donné. Cette vie qui n’est plus à lui, n’est-ce pas le moment de la laisser prendre ? Dans le grand silence de son âme, dans la paix de l’amour en plein midi, il écoute.

Les heures passent.

Vers trois heures de l’après-midi, les sbires leur accordent une relâche d’une demi-heure et leur permettent de manger leur soupe. C’est leur dernier repas. Puis ils continuent au garde-à-vous, jusqu’au soir, en attendant la sentence.

Le Lagerführer Fritsch aime les gestes spectaculaires. Il se flatte d’avoir un sens pédagogique remarquable. Quelle bonne occasion de donner un exemple ! Tel un savant dompteur, il attend l’heure propice. Voici l’appel du soir. Sur l’immense plaine piétinée, les différents blocs, de retour du travail, s’alignent. Tous les yeux se portent vers les camarades suppliciés, d’innombrables lèvres retient en une silencieuse prière. Le long des rangs, l’épouvante passe, presque sensible.

Le Lagerführer Fritsch circule lentement, écoute les rapports.

Puis, tout d’un coup, devant le bloc 14 il s’arrête.

Sa tête ressemble à celle d’un bouledogue. Il savoure visiblement la terreur de ses victimes. Le silence est tel que l’on entendrait voler une mouche.

Soudain il se met à parler (on dirait qu’il aboie !). Ses paroles, saccadées, tombent une à une dans le silence mortel :

– L’évadé n’a pas été retrouvé. Dix d’entre vous mourront à sa place, dans le bunker de faim. La prochaine fois il y aura vingt condamnés.

Il s’approche du premier rang, regarde chacun bien en face, semble réfléchir...

Enfin, il lève la main, montre du doigt :

– Celui-ci.

Aussitôt Palitsch, son adjoint, inscrit le numéro sur la liste des condamnés.

À Oswiecim l’homme n’est qu’un numéro !

Pâle comme un linceul, il est sorti du rang. Dans le silence les respirations sifflantes ressemblent à des gémissements.

Fritsch continue à choisir. Cela l’amuse.

– Celui-ci. Et celui-là. Celui-là encore.

Ils sont dix. Dix condamnés à mort. L’un d’eux, en sortant, s’écrie :

– Oh ! ma pauvre femme et mes enfants que je ne reverrai plus !

Les autres qui sont restés dans les rangs respirent. Il faut avoir été dans un camp de concentration pour savoir à quel point, sauvagement, on se cramponne à la vie ! Et cette fois-ci la vie sauve signifie : échapper à la plus atroce des morts.

Le Rapportführer Palitsch, âme damnée de Fritsch, glapit un nouvel ordre :

Schuhe weg ! Enlevez les chaussures !

Rituel bien connu ! Les condamnés à mort vont au lieu de l’exécution pieds nus.

Le claquement des sabots jetés par terre se mêle aux sanglots de l’un des malheureux – celui-là même qui, il y a un instant, plaignait sa femme et ses enfants.

Nouvel ordre :

Links rum ! Tournez à gauche.

Les innombrables spectateurs de cette scène inhumaine frémissent : à gauche se trouve le sinistre bloc 13, avec le mur noir des exécutions, les gibets – et les « bunkers » de faim.

Tout d’un coup il se passe quelque chose d’absolument inattendu. À travers ses camarades stupéfiés, un bagnard se fraie un chemin, sort du rang...

Il ose !

Sa tête est légèrement penchée sur le côté, ses grands yeux regardent bien en face Fritsch interdit.

Un murmure se répand, comme une vague qui déferle. De rang en rang, la nouvelle passe :

– C’est le Père Maximilien ! C’est le Père Kolbe !

Le Lagerführer saisit son revolver, recule d’un pas, hurle :

– Arrête ! Que me veut ce cochon de Polonais ?

Le Père Maximilien est debout devant lui. Très calme, presque souriant. Il parle si bas que, seuls, ses camarades les plus proches l’entendent :

– Je voudrais mourir à la place d’un de ces condamnés.

Fritsch le regarde, abasourdi. Ce qu’il vient d’entendre le dépasse à tel point qu’il croît rêver. Lui qui ne souffre aucune objection, qui ne revient jamais sur ses décisions, qui abat les récalcitrants d’un simple coup de revolver, reste maintenant comme interdit sous ce clair regard qui le dompte sans le savoir, qui s’impose en maître. En ce moment, c’est le Père Maximilien qui commande !

Le Lagerfürer demande, stupidement :

– Et pourquoi ?

Est-ce de la simple curiosité ? Veut-il se ressaisir et gagner du temps ? Lui, Fritsch-le-Sanglant, discuter avec un bagnard !

Père Maximilien est bon psychologue ! Il sait bien qu’à son bourreau il doit faciliter la défaite. Un geste héroïque pourrait tout gâcher. Mieux vaut invoquer un paragraphe non écrit de la loi nazie : « Les infirmes et les faibles doivent être liquidés. » Il répond :

– Je suis vieux et bon à rien. Ma vie ne servira plus à grand-chose...

– Pour qui veux-tu mourir ?

– Pour celui-ci : il a une femme, des enfants...

Le Père désigne du doigt l’homme qui vient de se lamenter, François Gajowniczek, sergent.

Sauf les plus proches, l’immense majorité des bagnards présents à l’appel n’entendent pas ce dialogue, ne comprennent rien. Leur étonnement n’a pas de bornes. C’est la première fois qu’ils voient Fritsch parler avec un prisonnier !

Pour une fois la curiosité est plus forte que la cruauté. Fritsch voudrait comprendre.

– Qui es-tu ?

La réponse tombe, brève et solennelle :

– Prêtre catholique.

Il ne dit pas : religieux. Il ne dit pas : Franciscain. Il ne dit même pas : membre de la M. I. (son humilité lui interdirait de dire : fondateur). Il dit : prêtre. Il mourra, il veut mourir comme prêtre, parce que prêtre, détenteur des plus augustes privilèges dont l’homme puisse jouir sur cette terre, maître du Corps, du Sang et du Pardon du Seigneur : il faut que ceux qui vont à la mort ne soient pas privés, dans leur dernier combat, de l’assistance du prêtre !

Suit un moment de silence. Que se passe-t-il dans la tête, dans le cœur de Fritsch-le-Sanglant ? Sent-il obscurément que ce qui se passe, le dépasse infiniment ? Et que, là-haut, on a besoin de lui pour peupler le ciel d’un nouveau martyr. Il n’a pas la force de dire : « non ».

Le Père Maximilien attend. Son visage, sans barbe, semble extrêmement jeune et d’une transparence diaphane. Il ne regarde pas son bourreau. Il voit plus loin. Le soleil couchant l’enveloppe de pourpre et d’or et il semble officier dans cette paix solennelle.

Jamais encore, pendant l’appel, le silence n’avait tant duré !

Enfin Fritsch dit, d’une voix rauque :

– Soit. Geh mit. Va avec eux.

Ni jurons, ni invectives. À partir de ce moment Fritsch se tait.

Les lèvres du Père Maximilien remuent doucement. Il prie... Ne doutons pas : Fritsch-le-Sanglant est dans le nombre de ceux pour qui, très simplement, il vient d’offrir sa vie.

Palitsch, le sous-chef, attendait la décision, crayon à la main. Le voici qui, minutieusement, barre un numéro sur la liste, en inscrit un autre : 16.670. La formalité est si simple ! On remplace un numéro par un autre. Et pourtant jamais encore l’homme, ravalé au simple rang du quantitatif, n’a fêté un tel triomphe de la qualité !

Le soleil, balle ardente, est au ras de l’horizon et le ciel flambe comme un immense ostensoir. Jamais, au dire des témoins, il n’y eut plus beau couchant ! Le Père Maximilien est prêtre, il s’en va dire sa dernière messe : la couleur liturgique du commun des martyrs est rouge.

Nouvel ordre : « Marsch. »

Nu-pieds, en chemise, les condamnés se dirigent lentement vers le Bloc de la Mort. Tous les yeux les suivent. Le Père Maximilien va à la fin, tel un berger derrière son troupeau. Il a la tête légèrement penchée de côté et le ciel dans le cœur.

– Ma Reine et Maîtresse, ma Mère, oh, Maman, vous tenez parole ! C’est pour cette heure que je suis né !

Ils avancent, et peu à peu la nuit descend. Maintenant ils tournent le dos au soleil, s’en vont en pleine nuit. Pour dignement décrire cette scène, pour la peindre, il faudrait la plume d’un Dante, le pinceau d’un Rembrandt ou d’un Goya. Et pourtant ce qui est le plus beau demeure ineffable et il y a certains silences qui font pleurer les anges.

 

*

 

Aux touristes curieux le guide de Oswiecim montre invariablement le « Bloc de la Mort » où des milliers de victimes ont agonisé en d’indicibles tortures. Dans les souterrains se trouvent les horribles « bunkers de faim ». Ce sont des cellules humides et sombres dont la plupart sans lucarne. Au moment où arrivaient les condamnés du bloc 14, en ce mémorable soir de juillet de l’année 1941, plus de vingt malheureux étaient en train d’agoniser, dans les casemates voisines. Les murs épais n’étouffaient pas leurs cris, leurs plaintes, leurs vociférations. Aux nouveaux arrivés, ordre fut donné de se dévêtir. Hallucinés par la peur, ils obéirent comme des automates. Seul, le Père Maximilien pensa en ce moment que le Christ sur la croit est mort NU. Il obéit en pleine conscience et de tout son amour.

Suprême humiliation ! Les bourreaux veulent les écraser avant de les faire mourir de la plus atroce des morts. Avec les pauvres haillons striés, dont beaucoup tachés de sang, ils veulent leur enlever tout ce qu’il leur reste encore de dignité humaine. Cette fois-ci leur calcul a porté à faux. Le troupeau lamentable qu’ils sont en train de pousser, à coups de crosse, dans un bunker sans lucarne, sans air, sans grabats, ce troupeau de moribonds n’est pas sans berger ! Le prêtre est là, non seulement pour mourir avec eux, mais pour les aider mourir.

Sous le gouffre noir plein de sanglots la lourde porte se referme. À partir de ce moment les condamnés ne recevront plus rien à manger, rien à boire. L’un des geôliers ricane : Ihr werdet eingehen wie die Tulpen (« Vous vous dessécherez comme des tulipes », dicton allemand).

Bien vite cependant ils se rendent compte que cette fois-ci il y a quelque chose de changé. Jusqu’à ce jour les bunkers de faim, enfer en miniature, retentissaient de hurlements de damnés. Seule la mort, peu à peu, arrivait à les calmer, mais les premières heures, après la fermeture de la porte fatale, les premiers jours ils étaient plongés dans la folie du désespoir.

Ô merveille ! Cette fois-ci les condamnés ne hurlent pas, ne maudissent pas – ils chantent. Des casemates voisines où, il y a un instant encore, il n’y avait que cris et vociférations, de faibles voix répondent ! Ce lieu de supplice se transforme en chapelle ardente et de cellule en cellule, les prières et les chants se répondent

Les sbires se regardent, interdits, et disent  :

« So was haben wir noch nie gesehen : jamais encore nous n’avons rien vu de pareil. »

Voici donc les casemates converties en église ! Chaque jour les voix deviennent plus faibles. Nous n’avons que très peu de détails sur ce qui se passait dedans. Le précieux témoignage d’un des détenus, nommé Borgowice et chargé des fonctions de croque-mort (les SS ne s’aventuraient pas dans l’air pestilentiel de ces antres jamais aérés et sans égouts !) nous en apporte quelques-uns. Il entrait tous les matins pour enlever les cadavres et trouvait toujours le Père Maximilien soit à genoux, soit debout et priant à haute voix, au milieu de la casemate, « même lorsque tous les autres gisaient comme des loques ». Les SS restés près de la porte le surveillaient, de sorte qu’il ne pouvait guère parler aux condamnés. Les premiers jours, lisons-nous dans ce témoignage, ils étaient parfois « tellement perdus dans la prière » qu’ils n’entendaient pas la porte s’ouvrir et seul les hurlements des SS les faisaient sursauter. Plus tard certains venaient en pleurant supplier pour un peu d’eau, mais le Père Maximilien était toujours calme, ne demandait rien et regardait ses bourreaux « avec beaucoup de sérénité ». Ils ne pouvaient pas supporter ce regard et criaient : « Détourne les yeux, ne nous regarde pas ainsi ! » Et en sortant ils disaient entre eux :

– Jamais encore nous n’avons vu un homme comme lui !

 

*

 

Les jours passent. Nous sommes à la veille de l’Assomption. Dans le bunker du Père Maximilien il n’y a plus que quatre survivants, dont lui, le seul pleinement conscient. Il n’est plus debout, ni à genoux, mais assis. Il a congédié son petit troupeau, un à un. Les trois derniers gisent sur le sol, sans connaissance, sont prêts à paraître devant Dieu. Le bon pasteur a fini son travail. Il a droit au repos. Maintenant, mais seulement maintenant il peut mourir !

Au moment où les sbires entrent pour l’achever, le Père est assis par terre, dans un coin et prie. Voyant la seringue, il tend lui-même son bras décharné à la piqûre mortelle. Borgowice, qui n’en peut plus, s’enfuit.

C’est lui encore qui est chargé, un peu plus tard, du « nettoyage » de la casemate. En entrant il trouve le Père Maximilien « toujours assis, la tête légèrement penchée de côté et appuyé contre le mur, les yeux grands ouverts et fixés en un point, comme en extase, le visage clair et rayonnant ».

Tandis que les autres cadavres étaient sales et avaient des figures crispées et ravagées, « son corps était net et l’on aurait dit qu’il répandait de la lumière ».

– Jamais je n’oublierai l’impression que cela me fit – conclut M. Borgowice.

À la nouvelle de la mort du Père, ses camarades le pleurèrent comme un père. Ils essayèrent en vain de soustraire son corps à la loi implacable : il fut brûlé comme tant d’autres, comme tous les autres, dans un des fours crématoires qui fumaient jour et nuit.

« DIES NATALIS MAXIMILIANI KOLBE : IN VIGILIA ASSUMPTIONIS »... La Vierge Fidèle vint le chercher en un de ses plus beaux jours, lorsque l’Église tout entière s’apprêtait à fêter sa suprême glorification ; serait-ce téméraire de croire qu’elle tenait dans les mains les deux couronnes qu’un jour elle lui fit entrevoir : la blanche – et la rouge ?

 

*

 

De son vivant, il aimait à répéter : « Sur cette terre, nous ne pouvons travailler que d’une seule main, car de l’autre nous devons bien nous cramponner pour ne point tomber nous-mêmes. Mais au ciel ce sera différent ! Point de danger de glisser, de tomber ! Alors nous travaillerons bien plus encore, de nos deux mains ! »

Père Maximilien, tous ceux qui vous aiment et qui vous connaissent savent bien que vous tenez parole ! Personne ne vous invoque en vain et la Vierge Toute Bonne vous accorde d’immenses crédits. Que de grâces obtenues par votre entremise, combien de guérisons de corps, et combien d’âmes ressuscitées ! Certes, vous ne perdez pas votre temps et si Dieu vous destine – comme nous le croyons de tout notre cœur – à la gloire des autels, ce monde désaxé trouvera en vous un guide infaillible en de difficiles ascensions, vers de lumineux lendemains.

Car seul l’amour a raison de la haine et pour sauver la foi en Dieu il faut parfois sauver d’abord la foi en l’homme ! À un siècle qui explore tous les cercles du désespoir et se méfie de « l’autre » comme de « l’enfer » vous portez joyeusement votre message d’amour « sans limite », ratifié non point dans la paix d’un cloître franciscain – auquel tout de même vous aviez bien droit ! – mais dans l’horreur inhumaine d’un monde concentrationnaire qui cultive la haine par principe, avec une logique infernale.

Vous êtes de votre temps, prodigieusement actuel et nôtre. Vous ne fuyez rien qui soit, si ce n’est le péché. Vous faites confiance à l’homme et à son travail, à ses découvertes et aux progrès de la technique, ne demandant qu’une chose : de tout orienter, de tout assumer, de tout insérer dans un cantique de gloire. Splendidement moderne, vous faites confiance à la Providence qui sait écrire, aujourd’hui comme hier, de belles lettres calligraphiées sur les méandres de l’histoire. Vous croyez éperdument au triomphe de Celui qui n’a jamais perdu la bataille – et règne du haut de la Croix

Quel est votre secret ? Vous nous le dites : Celle par qui nous vient toute grâce. Bien plus encore que vos paroles brûlantes d’amour, toute votre vie, et votre mort, nous convainc, nous subjugue, nous entraîne. De votre doctrine vous êtes vous-même la plus belle illustration. Pour monter avec vous, comme vous, ne suffit-il pas tout simplement de nous confier « sans limites » à ses mains transparentes, de suivre pas à pas les marches abruptes de la « blanche échelle » à sens unique ? Il n’y a que le premier pas qui coûte !

Et voici qu’Elle s’apprête à des pêches merveilleuses avec vous comme hameçon.

 

 

Maria WINOWSKA.

 

Paru dans la revue Marie

en septembre-octobre 1950.

 

 

 

 

 

 

 

 

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