Jamais un cœur ne fut plus sûr

 

 

                                             À mon père

 

Parmi ces agneaux par milliers,

Bouclé comme eux et les yeux tendres,

Au bord du ciel, pour mieux m’attendre,

Un clair toutou vient m’épier.

 

Je sens auprès de l’oreiller

Son souffle échappé de la cendre ;

Je rêve d’aller le surprendre

Et, dans l’aube, le recréer.

 

Jamais un cœur ne fut plus sûr.

Jamais non plus sous le poil dur

Tant d’amour ne battit, fragile.

 

Lorsqu’il m’a donné son adieu

Dans un regard indélébile,

J’ai compris la bonté de Dieu.

 

 

 

Lucy ABRASSART, Le cri neuf et le don,

Éditions du C.E.L.F., 1961.

 

 

 

 

 

 

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