À un jeune homme

 

 

Lorsque la chair gouverne, et que l’instinct rebelle

Donne à la volupté le sceptre de l’amour,

L’âme, vers les bas-fonds entraînée à son tour,

Y roule avec la chair et s’y flétrit comme elle.

 

Mais quand l’âme est maîtresse, et d’un coup de son aile

Loin des brouillards épais monte jusqu’au grand jour,

Elle ennoblit tout l’être, en son royal séjour,

Et prête au corps lui-même une beauté nouvelle.

 

Sois fort, sois fier, sois homme, et, sans la devancer,

Attends l’heure sacrée où tu pourras presser

Sur ton sein resté vierge une chaste compagne ;

 

Et l’étoile du soir, blanche au bord du ciel bleu,

Vous renverra l’écho de la sainte montagne :

« Heureux sont les cœurs purs, parce qu’ils verront Dieu. »

 

 

 

Marc AMANIEUX.

 

Paru L’Année des poètes en 1892.

 

 

 

 

 

 

 

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