J’ai regardé dormir...

 

 

J’ai regardé dormir mon tout-petit

et j’ai compris, Seigneur...

 

À travers ses longs cils un peu de ton Regard filtrait,

le front blanc rayonnant de l’ombre de ta Main posée,

Et sous la poitrine douce et bombée,

à côté du cœur minuscule,

on sentait battre, ô Dieu, ton Cœur immense.

 

Nos enfants sont des tabernacles...

Et nous nous étonnons, pauvres naïfs,

De leur voir demander plus de soins et d’efforts

– même avant que de naître –

Que les fleurs, lumière de l’herbe,

et les oiseaux, chants du soleil !

 

Et nous mesurons, soucieux, notre enceinte,

Nous regardons, inquiets, les branches courbes de nos palmiers,

Comme si le Seigneur ne devait pas donner

la terre et l’abri

Lui-même à son temple...

 

Maître de la vie, ne t’irrite point contre nous,

pauvres fous qui nous croyons sages,

 

Tout semblables au mendiant

refusant du riche un trésor,

De crainte qu’il ne soit trop lourd

à ses épaules...

 

J’ai regardé dormir mon tout-petit

et j’ai compris, Seigneur,

 

Et je ne craindrai plus d’édifier chez nous

un nouveau tabernacle...

 

 

 

Louise ANDRÉ-DELASTRE, Cantiques de femmes.

 

Recueilli dans Les poèmes du foyer.

 

 

 

 

 

 

 

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