Pauvre père !

 

                                        À M. Alexandre Michel.

 

                                               Ut flos succisus aratro…

                                                             VIRGILE.

 

 

COMBIEN d’entre nous ont, auprès de Dieu, des anges,

Qui se sont, tout petits, jusqu’au ciel envolés !

Sans doute le Seigneuries avait enrôlés

Dès leur premier matin dans ses saintes phalanges !

 

Quand ces bébés chéris quittent ainsi leurs langes,

Nous en restons saignant, meurtris, comme isolés,

.... Ah ! ces lits sans enfants, aujourd’hui désolés,

Hier pleins de doux chants, tels des nids de mésanges !...

 

Ces visites de mort qui glacent notre seuil

Et mettent sans pitié nos âmes au cercueil

Peuvent laisser encor vivace l’espérance !

 

Mais quand le noir tombeau prend l’enfant de vingt ans,

C’est le père orphelin, sans baume à sa souffrance,

C’est l’hiver dans son cœur... sans l’espoir du printemps !

 

 

 

Ernest BARDOLET, Monaco, 8 mai 1897.

 

Paru dans La Sylphide en 1897.

 

 

 

 

 

 

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