En berçant l’enfant

 

 

Dormez, petit amour, ou je vais vous gronder ;

Cachez vos bras mignons sous la plume douillette,

Fermez vos doux yeux bleus et posez votre tête

Blonde sur l’oreiller. Au lieu de m’écouter,

 

Vous aimez mieux sourire et puis me regarder :

Vous m’aimez donc beaucoup, ma gentille poulette ?

Friponne, va ! qui veut encor sur la fossette

De sa joue un baiser ! Vous allez bavarder

 

Maintenant, n’est-ce pas ? passer vos deux mains blanches

Dans mes cheveux ? Oh ! non, mon cher petit ramier,

Non, il vous faut dormir ! Et moi je vais prier

 

Le bon Dieu qu’il envoie en votre heureux sommeil

Un rêve aux ailes d’or, et, chantant sur des branches

Ombreuses, des oiseaux plus beaux que le soleil.

 

 

 

Frédéric BATAILLE,

Le pinson de la mansarde, 1875.

 

 

 

 

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