L’espérance

 

 

 

Ô mon âme, aie foi au Créateur ! – Sois inébranlable comme un roc dans la patience ! – N’est-ce pas lui qui, me réservant pour une fin meilleure, – m’a conduit à travers les feux des combats ? – N’est-ce pas sa main qui, sur le champ de mort, – m’a sauvé mystérieusement – en détournant de moi la grêle de plomb – et le glaive ennemi, avide de sang ? – Ne m’a-t-il pas donné la force de supporter – les fatigues, la faim et l’orage, – la force de conserver dans la détresse – l’indépendance et la noblesse de l’âme ? – Ne m’a-t-il pas, dès mes plus jeunes ans, conduit – vers le bien par un sentier secret, – et, dans la tempête des passions enflammées – n’a-t-il pas toujours été mon guide ? – C’est lui ! c’est lui ! tout n’est qu’un heureux don de sa bonté ! – Il est la source des sentiments élevés, – du véritable amour du beau – et des pensées pures et profondes ! – Tout vient de lui ! et le plus beau de tous – ses dons est l’espoir d’une vie meilleure ! – Quand verrai-je enfin la rive paisible, – le sol espéré de la patrie ? – Quand au courant des béatitudes célestes – étancherai-je ma soif d’amour, – quand jetterai-je à la poussière le vêtement terrestre – et renouvellerai-je tout mon être ?

 

 (1815)            

 

 

Constantin Nikolaievitch BATIOUCHKOV.

 

Recueilli dans Les poètes russes, anthologie et notices biographiques,

par Emmanuel de Saint-Albin, 1893.

 

 

 

 

 

 

 

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