Pour la seule !

 

 

Quand il désire, à Dieu, faire un suprême hommage

Le prêtre convaincu prend l’encensoir doré,

Jette sur ses tisons, d’une main grave et sage,

Quelques grains d’un encens savamment épuré.

 

Et soudain des torrents d’odorante fumée,

Portant dans leurs cent tours mille élans amoureux,

Fusent et font monter sa prière embaumée

Jusqu’aux pieds du Très-Haut qui trône dans les cieux...

 

Mon cœur est l’encensoir au foyer plein de flamme :

Follement, sans compter, je t’y projette, amour,

Afin que ton parfum s’élève vers Son âme

Et fasse scintiller Ses chers yeux faits de jour.

 

Porte-lui, pur encens, tout ce qu’Elle m’inspire ;

Dis-lui qu’Elle est divine et qu’on l’aime à genoux ;

Dis-lui que l’on est fou de Son charmant sourire ;

Qu’on pense que souffrir par Elle est encor doux.

 

Va caresser Son corps, chef-d’œuvre d’harmonie ;

Enveloppe-La bien de ton fin frôlement

Et, pour lui démontrer mon ardeur infinie,

À Ses pieds, fol amour, brûle éternellement !

 

 

 

Jules BAUDOT.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

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