Noël !

 

 

C’est Noël ! C’est l’hiver, la nuit : la neige tombe

Et lentement étend son manteau pâle et doux.

La terre est blanche comme une blanche colombe,

Comme une fiancée en attendant l’époux.

 

Les roses de Noël ouvrent leur blanche étoile,

Symbole immaculé des célestes amours ;

Et du sol, en perçant la neige qui le voile,

Sort le blanc galanthus, prophète des beaux jours.

 

Le monde est en suspens, tout annonce un mystère.

Une étoile là-haut brillante luit aux yeux ;

Des chocs mystérieux font tressaillir la terre,

Et l’on entend chanter les anges dans les cieux.

 

C’est Noël ! Bethléem ! Un enfant vient de naître,

Humble, dans une étable aux murs béants et froids ;

Mais cet enfant si pauvre un jour sera le maître

                        Des peuples et des rois.

 

Ô Christ ! devant la crèche, à tes pieds que j’adore,

J’irai souvent courber mon front au sein des nuits,

Comme ont fait les bergers accourus dès l’aurore

Et les mages lointains qu’une étoile a conduits.

 

Je suivrai pas à pas ta dramatique histoire,

Si belle de grandeur et de simplicité

Qu’on dirait un roman, et pourtant simple à croire

                        Comme la vérité.

 

Je guiderai mes pas sur ta tunique blanche ;

Partout sur ton chemin j’irai cueillir le miel,

Le doux miel de ta bouche, alors que s’en épanche

La sainte parabole où tu parles du ciel.

 

J’irai de Bethléem au sommet du Calvaire ;

Je veux t’accompagner jusqu’au dernier soupir,

De l’heure où tu naquis jusqu’à l’heure dernière,

                        Cher et premier martyr !

 

Doux héros de la croix ! ô des enfants des hommes

Le plus beau qui jamais soit né sous le ciel bleu ;

Royal fils de David ; Jésus, toi qui te nommes

Emmanuel ; ô fils d’une vierge et d’un Dieu !

 

De ton drame sacré je conterai les choses ;

J’en serai l’amoureux et poétique écho ;

Je le ferai revivre, ainsi que font les roses

                        Au doux pays de Jéricho.

 

Je suis ton barde, ô Christ ! Oh ! donne-moi des ailes

Pour planer dans les cieux et voler jusqu’à toi ;

Et crois à mes serments : mes serments sont fidèles,

                        Ô mon roi !

 

 

 

P. L. E. BÉZIERS,

Fleurs des champs, des bois

et des grèves, 1875.

 

 

 

 

 

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