Jeudi saint

 

 

C’était un Jeudi Saint ; le visage innocent et bien lavé,

Les enfants s’avançaient deux par deux, vêtus de rouge, de bleu, de vert ;

En tête marchaient des bedeaux chenus avec des bâtons blancs comme neige ;

Sous le haut dôme de Saint-Paul ils s’engouffrent, pareils aux flots de la Tamise.

 

Oh ! quelle multitude elles faisaient, ces fleurs de la ville de Londres !

Assis par groupes, ils répandent autour d’eux leur splendeur.

On entendait le bourdonnement des multitudes, multitudes d’agneaux,

Milliers de garçonnets et de fillettes levant leurs innocentes mains.

 

Comme une rafale de vent ils poussent jusqu’au ciel leurs voix qui chantent

Ou comme d’harmonieux tonnerres parmi les sièges du paradis.

Plus bas qu’eux sont assis les vieillards, sages gardiens des pauvres ;

Donc cultivez la pitié, ne chassez pas l’ange qui veille à votre porte.

 

 

 

William BLAKE.

 

Recueilli dans Les romantiques anglais,

traduction de Pierre Messiaen,

Desclée De Brouwer, 1955.

 

 

 

 

 

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