Sur l’abîme

 

 

Au bord de l’Océan immense, en la nuit morne,

L’œil indéfiniment scrute, plonge et se perd,

L’insondable néant semble s’être entr’ouvert

Tant s’étendent profonds les abîmes sans borne.

 

Le vertige saisit au long bruit de la mer

Quand la lune s’éteint sur la Rune qu’elle orne,

Mais le phare a brillé sur le cap, noire corne,

Il montre au matelot l’abri dans un éclair !

 

Et vous, flots de la vie où l’âme s’exténue

Dans le rêve et la lutte, où cachez-vous le port ?

Une lueur jaillit, phare à travers la nue.

 

Rayon tombé de Dieu vers qui tend notre effort,

Fais luire à nos regards la patrie inconnue,

Quand montent la tempête et la nuit de la mort.

 

 

 

Paul BLANCHEMAIN.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

 

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