À Beethoven sourd

 

                   HYMNE À LA JOIE

 

 

                             « Joie, belle étincelle divine, fille de l’Élysée, ivres de joie,

                             ô Céleste, nous franchissons le seuil de ton sanctuaire. »

                                                                           SCHILLER.

 

 

Quand tu n’entendis plus, maître au grand cœur austère,

La flûte aux voix d’argent et le son clair des cors,

Quand sous tes doigts en vain conjurant les accords,

L’inutile clavier pour toi sembla se taire,

 

Acceptant pour toujours de vivre solitaire,

Peut-être as-tu conçu plus purement alors

L’Idée harmonieuse, âme aux formes sans corps,

N’en étant plus distrait par les bruits de la terre.

 

Du seul Art ton esprit à jamais soucieux

Médita fièrement le silence des cieux, –

Et, laissant à pleins flots déborder son génie,

 

Devant l’Éternité, comme Dante, à genoux,

Tu chantas en mourant – l’entendant mieux que nous –

Le Chœur universel d’Allégresse infinie.

 

 

 

Robert de BONNIÈRES.

 

 

 

 

 

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