Ciel de Paris

 

 

Le miracle nous vient de ce ciel sans pareil

immuable et changeant qui glisse sur la Ville

et promène sans fin, jour après jour,

ses mille couleurs lancées à travers l’ombre et le soleil.

 

Surgissant dès l’aurore, invitant au voyage,

il tisse des manteaux de caprice et de vent

et dans l’orbe éternel de ses aspects mouvants,

ce ciel est une mer où planent les mirages.

 

Vois ! De si loin les ponts ont l’air de se suspendre.

Il flotte autour de nous cet or immatériel

des flocons de lumière et des rayons de miel

et Paris bat dans l’air ainsi qu’un grand cœur tendre.

 

Notre-Dame s’endort au bout de la Cité ;

son visage penché sur le lit de la Seine

écoute la rumeur des prières humaines

et l’ample espoir jailli de son éternité.

 

Les marchandes aux fleurs ont fermé leurs boutiques ;

l’âme des vieux pavés s’exalte avec la nuit,

et cheminent les quais, et coule l’eau sans bruit

dominés par l’envol d’une flèche gothique.

 

Chute exquise d’un jour... L’embrasement s’éteint ;

le dernier chant se tait. Déjà la Ville change.

Sens-tu à nos côtés le frôlement de l’Ange

qui va, hissant très haut le flambeau des matins

 

et refermant le cercle immense de la ronde,

emporter la lumière à l’autre bout du monde !

 

 

 

Ginette BONVALET, dans : La ville des poètes,

200 poèmes inédits réunis par Jacques Charpentreau,

Hachette Jeunesse, 1997.

 

 

 

 

 

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