Question sociale

 

 

                                   I

 

Ô Christ, les faux savants, parmi leurs vains éclats,

Aveugles, t’ont jeté, comme un défi, leurs haines.

La Sainte Vérité, que tu nous révélas,

L’Évangile épandu de tes lèvres sereines,

 

Tes exemples divins déroulés sous leurs yeux,

Ô Maître, tes leçons graves et fraternelles,

Ton cœur si secourable et doux aux malheureux,

Urne de paix tendue à nos soifs éternelles,

 

Le sanglant diadème où ton front se meurtrit.

Ton martyre, la croix, les clous, ton dernier cri,

Rien hélas, n’a touché leur stupide colère.

 

Ils ont prêché les champs, harangué les cités,

Et fous d’orgueil, chassant de partout tes clartés,

Amassé leur venin dans l’âme populaire.

 

 

                                   II

 

Mais voici que soudain l’arbre a donné son fruit ;

Ils ont dit à l’enfant, ils ont dit à la femme,

À l’ouvrier, au riche, au pauvre, à tous que l’âme

Est un vain mot, que Dieu n’est qu’un mythe qui fuit

 

Devant le regard calme et profond de l’Idée,

Une chimère, un songe éclos dans nos frayeurs.

Eh bien ! la foule a cru. La voilà fécondée

Par vos doctrines, fiers savants, nobles penseurs !

 

Et l’Europe aujourd’hui chancelle, épouvantée

De voir – hurlant, terrible ainsi qu’une montée

De lave – le courroux du peuple des Souffrants !

 

Ce peuple avait son Christ, Pain de Concorde, Eau Vive.

Il n’a plus rien ! Or, vous êtes vainqueurs, très grands,

Tout puissants ! Parlez. Il veut vivre, il faut qu’Il vive !

 

 

 

Louis BORNO.

 

Quinze ans de poésie française à travers le monde,

Anthologie internationale,

textes rassemblés par J. L. L. d’Arthey,

France Universelle, 1927.

 

 

 

 

 

 

 

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