Prière au bord du nid
Oiselet dénudé, ma pauvre âme, Seigneur,
Est pitoyablement avide de tiédeur,
Peureuse du vent froid que va souffler l’épreuve,
Ne se plaisant qu’au nid tissé par le bonheur.
Mon âme est laide et nue et, vous voyez, Seigneur,
Ses ailes ne sont rien qu’une espérance neuve :
Préservez-la de la tourmente de douleur.
Vos saints, tels des aiglons, planent dans la tempête.
Moi, je suis l’oiselet mal venu, tout en tête,
Fait pour le rêve et le désir, non pour l’effort.
J’espère devenir plus tard moins imparfaite,
Mais sauvez-moi d’abord du vautour qui me guette
Et couvez-moi dans le nid tiède un peu... encor :
Gardez-moi sous votre aile, Amour qui m’avez faite.
À l’oiseau faible et nu vous mesurez le vent
Et vous épargnerez aussi mon cœur tremblant.
Pour le fragile bec affamé qui réclame,
Vous avez fait le grain, le ver, le fruit penchant,
Et le don du plus fort au faible confiant :
J’attends de vous, Seigneur, provende pour mon âme,
Et mon cœur affamé d’amour s’ouvre tout grand !
Andrée BOURÇOIS-MACÉ.
Paru dans Le Noël et la Maison en mars 1939.