La poésie du soir

 

 

                                       À Frédéric Bataille.

 

 

Que de charmes en vous, heures crépusculaires !

Le ciel se fait de pourpre, et l’âme, qui croit voir

Des roses s’effeuiller pour un doux reposoir,

Dans cette mort du jour sent mourir ses colères.

 

Puis l’ombre vient, roulant, dans ses mornes suaires,

Et le ciel et la terre, et les roses du soir ;

Mais, comme en pleine angoisse un radieux espoir,

Les étoiles là-haut luisent, tendres et claires.

 

Ces lointains paradis dont est semé le ciel

Parlent à l’âme en deuil de son sort immortel.

Elle se purifie à leur divine flamme.

 

Et toi, poète, enfin délivré du labeur,

C’est alors que tu sens palpiter dans ton cœur

L’esprit divin qui vit dans l’étoile et dans l’âme.

 

 

 

Paul BOURGET.

 

 

 

 

 

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