Confession générale

 

 

Seigneur ! me voici peut-être à la veille de te rencontrer !

Il fera nuit ! Je serai là debout à la barrière du pré

Tu sais ! Comme dans ce tableau de Gauguin où apparaît le peintre

En gros sabots avec sa pèlerine de croquant que les pluies d’automne ont déteinte

Je t’attendrai Toi ou ton Ange ou quelqu’un de ton Cérémonial

Entre les quatre planches du ciel pareilles à un confessionnal

Ô Toi qui viens sur le chemin pour me parler et me confondre

Voici que le boîtier de ma vie s’ouvre sur les rouages de la honte

Et que tout mon passé dégringole soudain pauvre mur de bibliothèque

Livrant ses pages non coupées et nombre de dessins obscènes

Plus besoin de dissimuler ô mon Dieu ! plus besoin

De se donner des gants trop grands et le tintouin

De ressembler à travers soi à quelqu’un d’autre

Puisque ta main de sang me soupèse les côtes.

 

 

 

René-Guy CADOU,

Que la lumière soit, 1949-1951.

 

 

 

 

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