L’écriture du mort

 

 

                                                               À ma Mère.

 

Le cher enfant mourut et fut mis dans la bière.

Après l’avoir conduit dans le vieux cimetière,

Nous rentrâmes chez nous des larmes dans les yeux.

 

Son petit lit était vide : une odeur de cierge

Et d’encens s’exhalait de ses rideaux de serge

Que naguère au matin il entrouvrait joyeux.

 

Les livres, les joujoux de cet ange éphémère

Étaient encore épars dans sa chambre ; et sa mère

Les recueillait, trésor léger, mais précieux !

 

Tout à coup on la vit, prise d’un trouble extrême,

Lire dans un cahier à la marge d’un thème,

Ces mots qu’on aurait dit écrits par lui des cieux :

 

« Ma petite maman, de tout mon cœur je t’aime. »

 

 

 

D. CAILLÉ.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

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