Ô doux rêveur de Galilée...

 

 

Ô doux rêveur de Galilée

Qui, dans vos mains, laissiez couler

L’eau bleue de la Samaritaine

Et posiez sur le sénevé

Un regard si plein de clarté

Que le monde en aila les graines ;

 

Ami des blés qui pâlissaient

Devant le lin de votre robe

Lorsque, dans l’aube de juillet,

Vous vous en alliez, si discret

Que vos pieds nus semblaient glisser

Sur le rose des épilobes ;

 

Berger de fable et de nuage,

Qui, dans la bruyère sauvage,

Alliez chercher l’agneau perdu ;

Pêcheur de si tendres images

Que les poissons au bord des plages

Accouraient vers votre chalut ;

 

Faites que je reste semblable

À l’agneau perdu de la fable,

Aux poissons mis sur vos genoux,

À l’enfant pauvre du chemin

Qu’au milieu des pharisiens,

Vous avez tenu contre vous.

 

 

 

Maurice CARÊME,

Heure de grâce, 1957.

 

 

 

 

 

 

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