Le flot

 

 

Le flot, battu du vent, se rompait avec bruit

Sur le pied du rocher qu’il minait sans relâche...

C’est ainsi, m’écriai-je, hélas ! que notre tâche,

Assaillant notre paix, chaque jour la détruit.

 

Dès que, pour un instant, le doux plaisir nous luit,

Soit qu’un appel d’amour au labeur nous arrache,

Soit que notre âme éprise à l’idéal s’attache,

Voici que le flot noir des soucis nous poursuit.

 

Et cependant je sais qu’en dépit de ma plainte,

De l’univers entier l’effort est la loi sainte,

Et moi-même, en mon cœur, je l’appelle devoir.

 

Va, roule donc toujours, belle vague sonore :

Tout en démolissant, tu fais le bien encore,

Travaillant comme moi pour Dieu, – sans le savoir,

 

 

 

Armand CAUMONT.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1893.

 

 

 

 

 

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