Sonnet

 

 

Je t’ai prié, Seigneur, dans l’ombre de la nuit

Et j’ai tendu mon corps, ma cervelle et mon âme

Au feu de la douleur, comme on tend à la flamme

Dans le secret des fours, le pain que l’on y cuit.

 

Et le mystère en moi soudain s’est reproduit.

La souffrance mordit au cœur mon être infâme

Et je sentis bondir une nouvelle femme,

Levain purifié d’un ferment qui s’enfuit.

 

Mais le pain ne doit pas moisir au fond des huches,

Ni le vin s’oublier contre le grès des cruches:

Le blé rendra sa force et la vigne son chant.

 

Et puisque tu permets que la douleur m’élève,

C’est parce qu’il faudra sous le ciseau tranchant,

Porter jusqu’au sommet le jet d’un nouveau rêve.

 

 

 

Cécile CHABOT.

 

 

 

 

 

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