Contrition

 

 

PARDONNEZ-MOI, Seigneur, cette tristesse amère,

Où je me suis complu.

Pardonnez-moi, Seigneur, d’avoir médit des autres,

Et douté de moi-même.

Pardonnez-moi, Seigneur, ce visage fermé,

Et ce rire mauvais qui déforme la bouche,

Et ce dégoût de vivre, et cette lassitude,

Et cet abattement.

Je chasserai de moi cette fumée pesante

Par quoi sont obscurcis, ô Seigneur, vos desseins.

Ce sont mes détritus et mes mauvaises herbes,

Seigneur, que je brûlais.

J’en éparpillerais la cendre aux quatre vents,

Dispersez-la, Seigneur.

Et que votre soleil entre dans ma cellule.

Que votre sainte joie illumine ma face,

Que chante en moi la gaieté franciscaine

Et le rire qui est aussi une vertu.

 

Pardonnez-moi, Seigneur,

Pardonnez-moi, Seigneur,

D’avoir médit, douté, gémi, pleuré, baillé,

D’avoir haï l’immense allégresse de vivre

Et d’avoir accueilli la fille de Satan,

Ô Joie, dans ta demeure.

 

 

 

Léon CHANCEREL, Le Poème d’Assise,

Éditions franciscaines, Paris.

 

Recueilli dans Devant Dieu,

anthologie de la prière chrétienne,

par Pierre Richard et Bernard Giraud,

Éditions Xavier Mappus, 1948.

 

 

 

 

 

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