La mère et la fille

 

 

Je ne t’ai jamais dit, maman, tout ce que j’avais dans le cœur.

Car ce n’est que depuis que j’ai mes enfants à moi que je sais combien je t’aime.

Je me souviens de ces retours à la maison, de ton amour, de ton sourire, de ton visage,

Et je pourrais pleurer de ne t’avoir pas dit assez ce que je viens de découvrir.

Ô maman, les mamans ne devraient pas mourir avant que les filles aient été mères,

Ô maman, toi la meilleure et la plus douce, ô cher visage, ô cher cœur,

Ô petit corps que j’ai senti un jour raide et froid sous mes lèvres,

Toi que je voudrais maintenant envelopper, dorloter et tenir,

Sens-tu, ma petite maman, dans ces régions mystérieuses où tu voyages,

Comme je t’aime, après sept ans de ton départ, bien plus encore que sur la terre ?

Je ne crois pas ce qu’on nous dit, qu’une âme échappée de son corps est si fort toute à Dieu qu’elle n’a plus d’autre souci,

Je ne crois pas que Dieu, qui eut une mère ici-bas, veuille rompre nos liens ainsi,

Moi qui mesurai ton amour, je sais que dans la terre à mon approche ton petit corps dessous se reconstituerait plutôt en frémissant,

Si ta chère âme oubliait dans le ciel les doubles liens de la chair et du sang,

Et c’est pourquoi je te parle ce soir et je te dis que je t’aime,

Ma maman morte, car je sais bien, moi qui suis mère, que cela te fait plaisir encore tout de même.

 

 

 

Henriette CHARASSON,

Deux petits hommes et leur mère.

 

 

 

 

 

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