Réponse des étoiles

 

 

Nous sommes millions brillant au firmament,

Qui regardons en bas s’écouler toute vie,

En spectateurs muets de tout évènement.

 

Nous fûmes placés là par une main chérie,

Qui commande à la terre, au ciel, dans les enfers :

Et partout, et toujours, sa puissance est bénie.

 

Ce rouage éternel qui meut tout l’univers,

Dont tu parles si bien, que l’on connaît à peine,

Veut qu’on fasse jouer ses ressorts si divers ;

 

Car le treuil a besoin d’une main qui le mène.

Ô poète, crois-tu que tes pieds affermis

Puissent franchir d’un bond le ciel qui nous entraîne ?

 

Crois-tu pouvoir percer de tes yeux obscurcis

Le voile épais, formé par nos saintes lumières,

Qui cache l’Éternel dans ses brillants replis ?

 

Ne nous adore pas : nous ne sommes point fières

Des écharpes d’azur qui couvrent notre front

Pur comme le cristal des plus pures rivières.

 

Des milliers de reflets viennent danser en rond,

Quand la nuit lentement revêt son manteau sombre ;

C’est alors que nos voix chantent à l’horizon :

 

« Du Maître Souverain nous ne sommes que l’ombre. »

 

 

 

C. COGNET.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

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