Les deux extrêmes

 

 

Je rêvais. J’admirais le doux soleil des cieux.

Tout à coup, je me pris à penser : « À cette heure,

« Près ou loin, il se peut, hélas ! qu’un homme meure

« Et ferme pour toujours à la clarté ses yeux ! »

 

Mon cœur se remplissait de songes anxieux.

Tout à coup, évoquant une image meilleure,

Je me dis : « Il se peut qu’une heureuse demeure

« Voie, en ce moment, naître un bel enfant joyeux ! »

 

Et mon âme à la fois commença deux prières :

« Mon Dieu, ce même instant ouvre et clôt leurs paupières.

« Cet instant est ensemble avenir et passé :

 

« L’un s’en va. Le repos est son unique envie.

« L’autre arrive. Il faudra qu’il affronte la vie.

« Donnez force au naissant et paix au trépassé ! »

 

 

 

Paul COLLIN.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1890.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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