La mort

 

(D’APRÈS MEREJKOVSKY)

 

 

PAR un beau soir d’été, quand les roses pâmées

S’effeuillent, exhalant leurs âmes parfumées ;

 

Quand, au ciel que blanchit le rayon incertain

De l’aube, la clarté des étoiles s’éteint ;

 

Quand, aux obscurités de la nuit faisant place,

Le jour, qui par degrés s’est affaibli, s’efface ;

 

Quand le flot de la mer sur les sables du bord

Expire languissant et brisé, c’est la mort !

 

Mais la mort sans effroi, sans lutte, sans secousse ;

C’est la mort, mais la mort sereine, calme, douce,

 

La mort offrant, après le tabeur accompli,

Le bienfait du repos, le bonheur de l’oubli !

 

Mère attentive et tendre, ô nature, tu donnes

Aux humains des leçons salutaires et bonnes !

 

Apprenons, nous aussi, mortels, à bien finir.

Quand nous verrons la mort vers nous près de venir,

 

Ne laissons échapper ni murmure ni plamte ;

Que, libres de remords, nos âmes soient sans crainte,

 

Et, levant simplement nos regards vers les cieux,

Tombons la paix au cœur et le sourire aux yeux !

 

 

 

Paul COLLIN,

Trente poésies russes,

1844.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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