Le Beau

 

 

Il ne faut point chercher si loin le lac d’azur

Et le mont, et le fleuve, et les sombres vallées

Pour permettre à son cœur les vastes envolées

Et cet amour du Beau, si puissant et si pur.

 

Mais simplement lever les yeux ; et sur le toit

Regarder de la rue obscurément étroite

L’étroit morceau de ciel, qui scintille et miroite

De topaze et de pourpre su soleil qui décroît ;

 

Parfois un lourd nuage y glisse, triste, obscur ;

Et tous les soirs, su moins une étoile y vient luire

Et l’infini du Beau, qui ne peut se traduire,

Vibre entier dans cet astre et ce morceau d’azur !...

 

Ah ! le rêve est partout – et partout l’idéal,

– Et partout le bonheur – pour qui veut le comprendre.

La vie est si remplie ; et la main qu’on sait tendre

Peut saisir tant de mains ; et guérir tant de mal !

 

Et les yeux bien ouverts, les yeux qui veulent voir,

Peuvent tant admirer ! Mais, que de fleurs on passe

Qu’on ne regarde pas ! Et que de joies on chasse

Qui naissent tous les jours du plus humble devoir !

 

Cueillez toutes les fleurs, chacune a sa beauté.

Et regardez le ciel, fut-ce aux fenêtres closes ;

Et cherchez – comme en juin vous chercherez les roses –

Les tristes, pour leur voir un éclat de gaîté ;

 

Et prenez à la Vie avec tout votre cœur

Tout ce qu’elle vous offre. Et vivant aux coins sombres,

Levez les yeux, sachant qu’au-dessus de ces ombres

Le ciel brille – et l’amour – dans leur pure splendeur.

 

 

 

Marguerite COPPIN.

 

Extrait de Poèmes de femme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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