Madeleine

 

 

Tu pleurais, Madeleine, et ton frère au tombeau

Ne souffrait point de trêve à ta douleur fidèle ;

Mais à peine on te dit : Viens, le Maître t’appelle,

Que ce mot de tes pleurs fait tarir le ruisseau.

 

Tu te lèves, tu pars, et ta douleur suivie

Des doux embrassements d’un amoureux transport,

Laissant régner la joie en ton âme ravie,

            Pour chercher l’auteur de la vie,

            Ne voit plus ce qu’a fait la mort.

 

Qu’heureux est ce moment où ce Dieu de nos cœurs

D’un profond déplaisir les élève à la joie !

Qu’heureux est ce moment où sa bonté déploie

Sur un gros d’amertume un peu de ces douceurs !

Sans lui ton âme aride à mille maux t’expose,

Tu n’es que dureté, qu’impuissance, qu’ennui ;

Et vraiment fol est l’homme alors qu’il se propose

            Le vain désir de quelque chose

            Qu’il faille chercher hors de lui.

 

 

 

Pierre CORNEILLE.

 

Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,

poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,

Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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