Oratorio intime

 

 

Il n’est plus d’Apollon sous les bosquets d’Armide,

Mais un Dieu peint de sang, aux deux bras écartés,

Dont les blessures d’or nourrissent de clartés

Un crépuscule noir sous son faste candide.

 

Le bassin s’enivrant d’eau lumineuse est vide,

Mais la pourpre fontaine aux rubis éclatés,

Dans le silence où naît sa tendresse fluide,

Module tous les cris que la vasque eût chantés.

 

Debout comme le mât au profil de la poupe,

Christ cloué, tu remplis l’aiguière et la coupe

Dont ma lèvre s’humecte au seuil de son baiser,

 

Et dans les hauts massifs où gisent, abattues,

Les impures blancheurs de perfides statues,

L’âme s’élève enfin sur Ton calme embrasé.

 

 

 

Christian DÉDÉYAN.

 

Extrait de Opéra espagnol, Casterman.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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