L’écolier

 

 

Petit garçon, qui te rends à l’école,

Cueillant les fleurs et battant les buissons,

Le temps qu’on perd est du bien qu’on se vole ;

Petit garçon, songe à la parabole :

« Sans le bon grain, pas de bonnes moissons ! »

 

Cet alphabet sur lequel tu sommeilles,

Ce crayon noir qui te semble odieux,

C’est la clef d’or du pays des merveilles,

Petit garçon, l’erreur vient des oreilles,

La vérité suit le chemin des yeux.

 

Pour vivre, il faut produire, acheter, vendre ;

Nul aujourd’hui ne compte sur ses doigts :

Que sauras-tu, ne voulant rien apprendre ?

Petit garçon, l’homme doit se défendre,

Il est des loups, ailleurs que dans les bois.

 

Des gens viendront qui, te voyant t’instruire,

Se récrieront : « On en sait trop toujours » ;

Bien labourer vaut autant que bien lire,

Petit garçon, à ces gens tu peux dire :

« Un bon écrit vaut mieux qu’un sot discours. »

 

D’autres voudront dans leur orgueil facile,

Effacer Dieu de ton cœur obscurci,

Ils railleront ta prière docile,

Petit garçon, cite-leur l’Évangile ;

La vieille Église est une école aussi.

 

 

 

Paul DÉROULÈDE.

 

Paru dans L’Ange gardien en 1922.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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