Hymne à Jeanne d’Arc

 

VIVE JEANNE ET JÉSUS !

 

                                       ... quel pouvoir brise sous ton épée

                                 Les cimiers d’or et les casques d’airain ?

                                                      Casimir DELAVIGNE.

 

 

Le Christ aime les Francs... J’en atteste l’histoire ;

Lui seul pouvait changer leur défaite en victoire,

Dans les cœurs abattus ressusciter l’honneur

Et d’une humble bergère armer le bras vengeur.

 

Quand Orléans restait, débris de la patrie,

Comme un îlot battu par la mer en furie,

Quand les hauts bastions et les forts boulevards

Dans un cercle de fer enserraient ses remparts

Et que l’armée anglaise au loin couvrait la plaine...

Saint Michel apparut à Jeanne la Lorraine,

Simple fille des champs qui gardait ses moutons :

Dieu t’appelle, dit-il, chasse ces bataillons ;

Ne crains rien... à Fierbois se trouve ton épée.

Jeanne partit sur l’heure et ne fut point trompée...

 

Au milieu des Anglais elle entrait hardiment

Criant : Ils sont à nous ! Devant l’étendard blanc

Qu’au fort de la mêlée agitait la Pucelle,

Subitement frappé d’une terreur mortelle,

Le vainqueur insolent se changeait en fuyard ;

La brebis déchirait le puissant léopard !

Le pouvoir surhumain de cette humble bergère

Fut accepté de tous... À mort la sorcière !

S’écriaient les Anglais honteux d’être vaincus.

Les Français répondaient : Vive Jeanne et Jésus !

Et maintenant partout on l’admire, on l’acclame,

Et dans le monde entier il n’est pas une femme

Qui ne se sente fière en prononçant son nom.

Une pure auréole environne son front ;

Les siècles ont passé sans affaiblir sa gloire ;

Les siècles passeront, mais non pas sa mémoire

Vivante à tout jamais dans le cœur des Français,

Pour les unir un jour dans l’amour et la paix.

 

Servante de Jésus, noble fille de France,

À ton pays en deuil apporte l’espérance !

Rallume le flambeau de notre vieille foi ;

Que l’honneur soit toujours notre suprême loi !

Non moins sur ton bûcher qu’aux beaux jours de ta vie,

Ton âme reflétait l’âme de la patrie

À la fois douce et forte, imposant le devoir

De vaincre ou de mourir plutôt que de déchoir.

Mais qui mit dans ton cœur un si mâle courage,

Sinon les voix du ciel dont tu faisais l’ouvrage,

Toujours les consultant, pour parler, pour agir,

Ces infaillibles voix qui disaient l’avenir !

 

Oseriez-vous nier sa mission divine ?

De Vaucouleurs à Rouen, regardez l’héroïne,

Faiblit-elle jamais ? Orléans délivré...

Un peuple tout entier de bonheur enivré

Se pressant sur ses pas... l’antique cathédrale

De Reims resplendissant de la pompe royale...

Son programme accompli... Qui donc pouvait prévoir

Les succès annoncés, alors que, sans espoir,

Le roi laissait glisser de son front sa couronne... ?

Qui donc... ? Hormis Celui qui les ôte et les donne !

 

Jeanne fut un outil merveilleux dans sa main ;

Il pourrait se servir d’un autre outil demain

Si l’étranger encore envahissait la France.

Mais pour qu’il fasse alors éclater sa puissance,

Pour que les vainqueurs d’hier deviennent les vaincus,

Répétons tous ce cri : « Vive Jeanne et Jésus ! »

 

 

 

Dr DEVERS.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

 

 

 

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