Certitude

 

 

Va, si des insensés disent que l’amour passe,

Que tout n’est qu’éphémère et fragile ici-bas,

Que le cœur le plus fort avec le temps se lasse,

Ô mon unique amour, ne les écoute pas !

Au fond de leurs pensers si tu pouvais descendre,

Tu comprendrais pourquoi la fumée et la cendre

Ont remplacé la flamme en ces cœurs si tôt las.

 

Aimaient-ils donc, hier ? — Le désir, le caprice,

Moins encore..., aujourd’hui lassitude et rancœur,

Voilà ce qu’en levant la lampe accusatrice

Tu verrais s’écrouler dans l’ombre de leur cœur.

Oh ! bien fous si, rêvant l’asile impérissable,

De ces vains éléments, sur ces dunes de sable,

Ils avaient cru bâtir la maison du bonheur !

 

Mais nous !... Te souvient-il comment nous établîmes,

En un rapide instant, notre accord éternel ?

Devant quels nobles dieux, sur quels autels sublimes,

En quels flots de lumière, à quels accents de miel ?

Et comment la Pudeur, et gardienne et complice,

Purifiant l’attente et sacrant le délice,

Dans un terrestre amour fit entrer tout un ciel ?

 

Souviens-toi ! Souviens-toi ! Les jours et les années

N’altèrent point l’or pur ni les clairs diamants ;

Les radieuses fleurs ne seront point fanées,

Qu’un cœur gonfle de sève à tous ses battements ;

Et c’est pourquoi, devant les couples éphémères,

Dans la lutte, ou la joie, ou les heures amères,

Nous parlons d’avenir et d’immortels serments.

 

Viens, ma foi, mon orgueil, ma force, mon courage !

Penche-toi sur mon sein par ton souffle animé,

Regarde dans ces yeux où rit ta seule image,

Vois dans ce cœur tranquille et sur toi refermé.

Que nous importe, à nous, qu’on doute et qu’on blasphème !

Pour t’aimer à jamais il suffit que je t’aime,

Et qui croit n’aimer plus n’a pas encore aimé !

 

 

 

Auguste DORCHAIN, Vers la lumière.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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