Visite au couvent

 

                                    Aux Révdes SS. de Jésus-Marie.

 

 

J’ai revu le couvent que l’on a restauré

Et dans ses corridors mon pas mal assuré

N’a pas su retrouver le chemin de l’étude,

Ce chemin dont, jadis, il eut tant l’habitude,

Pourquoi le vieux couvent fut-il donc restauré ?

 

L’austérité des murs nous gardait des sourires

Et nos bonheurs d’enfants, nos chansons et nos dires

Dans le cœur du couvent retrouvaient des échos.

Qui sait si maintenant pour mes vers les plus beaux,

L’austérité des murs trouverait des sourires ?

 

J’ai revu la chapelle : elle seule à mes yeux

A gardé ses décors tel qu’au jour des adieux.

La lampe est toujours là brûlant la même flamme

Et pendant que l’orage a soufflé sur mon âme,

Rêvant à ce lieu saint, des pleurs mouillaient mes yeux.

 

Faut-il que par les ans tant de bonheur s’efface ?

Faut-il que dans nos cœurs tant d’amour se remplace ?

Cet amour maternel, cet amour simple et doux,

Que chaque mère avait pour chacune de nous,

Ne peut donc résister au temps qui tout efface.

 

Seul a pu résister un vivant souvenir.

Quand nous nous en allons forger notre avenir

Par d’autres dévoûments et par de nouveaux zèles,

Nos cœurs sont retenus, mais l’idée a des ailes

Et retourne souvent au lieu du souvenir.

 

 

 

Éva O. DOYLE,

Le livre d’une mère,

1939.

 

 

 

 

 

 

 

 

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