À mes enfants
Vous êtes mes enfants, vous êtes mes poèmes,
Nombreux, riants et beaux.
Et vous ne me coûtez, ô vous mes biens suprêmes,
Ni soucis, ni travaux.
Vous ne m’avez donné, depuis votre naissance,
Que bonheur et plaisirs.
Le mal et la douleur, respectant votre enfance,
M’épargnent les soupirs.
Votre innocence blonde autour de moi rayonne,
À défaut du laurier.
Vos bras et vos baisers me font une couronne
Que l’on peut m’envier.
Ô Paris, quand vers toi ma muse adolescente
Prenait son jeune essor,
Je réclamais de ta faveur toute puissante
La Gloire aux ailes d’or.
Tu me l’as refusée, ô ville de lumière,
Mon nom demeure obscur.
Car je n’ai pu saisir de mes mains la Chimère
Qui traversait l’azur.
Mais j’ai connu la joie ineffable et profonde
Que le Dieu créateur
Éprouve quand son souffle a fait éclore un monde
Ou fait naître une fleur.
Charles DROULERS.
Recueilli dans Poètes de la famille au XIXe siècle, Casterman, s. d.