Sonnet nuptial
Ô jour charmant, ô jour radieux ! Il pleuvait.
Février nous couvrait d’un rideau de bruine.
Mais dans mon cœur joyeux le soleil se levait
Éclairant le coin sombre, effaçant la ruine.
Rien du monde réel jusqu’à moi n’arrivait
Sauf l’Épouse parmi la blanche mousseline.
Et de mon être entier plus rien ne survivait
Qu’un amour triomphant pour sa pâleur divine.
Les orgues déchaînaient leurs accords bondissants.
Des voix pures chantaient : « Avec toi tout commence ».
Sur nos têtes planaient des gestes bénissants.
Tu priais, implorant le Dieu de tout amour,
Nous remettant tous deux aux bras de sa clémence.
Jour d’hymen, jour unique et lumineux, ô jour !
Charles DROULERS.
Recueilli dans Poètes de la famille au XIXe siècle, Casterman, s. d.