Le village

 

 

Le village, là-bas, sur le bord du coteau,

Sourit dans l’air du soir avec ses maisons blanches,

Et dresse vers les cieux, parmi les hautes branches,

Le clocher d’une église et la tour d’un château.

 

Transparence du ciel ! Sérénité de l’heure !

Seule un peu de fumée ondule à l’horizon,

Un mince filet gris sort de chaque maison

Comme pour révéler sa vie intérieure.

 

Et la cloche du soir s’ébranle dans la tour.

Et son tintement monte à travers la fumée.

Et l’ombre à pas de loup descend sous la ramée,

Comme si l’Angélus hâtait la fin du jour.

 

Que de cœurs ont battu dans cet humble village !

Que de bonheurs cachés que je ne connais pas !

Que de couples muets sont rentrés pas à pas

Par ce même chemin, sous ce même feuillage !

 

C’est l’heure où les maris, le travail achevé,

Reviennent, et la paix du soir emplit les âmes.

Ils inclinent le front vers le baiser des femmes,

Et chacun est heureux de s’être retrouvé.

 

Et l’on s’assemble autour de la table servie.

On se couche dans les grands lits silencieux.

On se lève au matin, du sommeil plein les yeux.

Et c’est là du bonheur, et c’est là de la vie.

 

Et tous, jeunes et vieux, ont leurs jours de douleurs,

Et le village est plein d’histoires arrivées.

Les peines dont je souffre, ils les ont éprouvées,

Et mes émotions sont pareilles aux leurs.

 

 

 

André DUMAS, Paysages.

 

 

 

 

 

 

 

 

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