Or pour commencer

tout en foi...

 

 

                            I

 

Or pour commencer tout en foi,

à la façon des gens des bois

qui sont les pauvres de chez moi,

 

avant de dire, en joies ou peines,

mon pays tout d’eaux et de plaines,

voici fait mon signe de croix

 

en l’amour des sots et des sages,

car aujourd’hui c’est la chanson

des fenêtres de ma maison,

 

d’où les villes et les villages

et le plus beau des paysages,

bêtes, gens, arbres et nuages,

 

passent, rient, vivent et s’en vont

avec leur geste et leur langage

pour l’ornement des horizons.

 

Or, c’est lors mon cœur en voyage,

et, prête à la bonne espérance,

mon âme avec sa confiance,

 

qui s’en va sur terre aux agneaux

et sur mer suivant les vaisseaux

au hasard du vent et des eaux,

 

puis par les bois et par les routes

où chantent pour ceux qui l’écoutent

la simple Vie bonne entre toutes ;

 

et c’est ainsi qu’elle est chez moi

quand c’est matin sur tous les toits

avec la rosée goutte à goutte,

 

et voici ce qu’on dit chez moi,

à la façon des gens des bois,

quand c’est Marie-des-primes-routes.

 

 

                           II

 

ON DIT :

 

Marie, épandez vos cheveux :

voici rire les anges bleus

 

et dans vos bras Jésus qui bouge,

avec ses pieds et ses mains rouges,

 

et puis encor les anges blonds

jouant de tous leurs violons.

 

Or, c’est matin vert aux prairies

et, Marie, regardez la vie :

 

comme elle douce infiniment

depuis les arbres, les étangs

 

jusqu’aux toits loin qui font des îles ;

et, Marie, regardez vos villes

 

heureuses comme des enfants

avec leur cloche proclamant

 

les paix naïves d’évangile

du haut de tous les campaniles

 

dans l’aube en or aux horizons

que saluent, Marie-des-Maisons,

 

les miens des tâches coutumières

et dévoués tout à la terre.

 

Mais lors chantez, gais laboureurs

de mon pays où le meilleur

 

est Flandre douce aux alouettes

et dont les voix de Joie concertent,

 

et passez au loin, les vaisseaux

sur la mer qui rit aux drapeaux,

 

car Jésus tend ses mains ouvertes,

Marie, pour embrasser la fête

 

que fait le ciel au prime jour

ici de soie et de velours.

 

 

                          III

 

ET MARIE LIT UN ÉVANGILE...

 

Et Marie lit un évangile

avec ses deux mains sur son cœur,

et Marie lit un évangile

dans la prairie qui chante fleure,

 

et l’herbe, et toutes les couleurs

des fleurs, autour épanouies

lui disent la joie de leur vie

avec des mots tout en douceur.

 

Or, les anges dans les nuées

et les oiseaux chantent en chœur,

et les bêtes, têtes baissées,

paissent les plantes de senteur ;

 

mais Marie lit un évangile,

oubliant les heures sonnées

avec le temps et les années,

car Marie lit un évangile ;

 

et les maçons qui font les villes

s’en vont leur tâche terminée,

et les coqs d’or, sur les campaniles,

passent le vent et les nuées.

 

 

 

Max ELSKAMP.

 

 

 

 

 

 

 

 

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